Trop de bruit dans les écoles ? Penser l’acoustique au service des apprentissages

Le bruit, souvent perçu comme une nuisance dans les écoles, perturbe les apprentissages des élèves. Pourtant, les conditions acoustiques des salles de classe sont encore trop peu prises en compte. Plusieurs éléments, tels que le bruit de fond, la réverbération ou encore l’intelligibilité de la parole, ont un impact direct sur la qualité des enseignements et des apprentissages. Voici un tour d'horizon pour comprendre les enjeux acoustiques dans le milieu scolaire.

L’impact de l’acoustique sur les apprentissages scolaires

Les conditions dans lesquelles les élèves étudient sont déterminantes pour leurs performances. Le bruit dans les salles de classe, mais aussi les conditions générales de ces environnements, ont des effets notables sur la santé des occupants et la réussite scolaire. Il en va de même pour les bâtiments scolaires qui, dans certains cas, nécessitent des rénovations, comme cela a été observé à Marseille. La conception des écoles, et en particulier des salles de classe, affecte non seulement la santé des élèves et des enseignants, mais aussi leur capacité à se concentrer et à apprendre efficacement.

L’acoustique, en tant que paramètre physique essentiel, joue un rôle majeur dans la réussite des élèves et le bien-être des enseignants. Cependant, ce facteur reste souvent négligé. Il existe encore de nombreuses salles de classe mal adaptées aux besoins acoustiques spécifiques, et cette lacune n’est pas sans conséquences.

Qu’est-ce que le « confort acoustique » des élèves ?

Plusieurs facteurs acoustiques influencent directement le confort et l’efficacité des élèves en classe. Parmi eux, le bruit de fond, la réverbération et l’intelligibilité de la parole sont les plus déterminants. La réverbération, en particulier, est un phénomène acoustique essentiel pour évaluer la qualité sonore d’une salle de classe. Lorsque le niveau de réverbération est élevé, les bruits indésirables, comme le déplacement des chaises, le bruit des papiers ou les chuchotements, persistent plus longtemps et augmentent le niveau sonore global.

La réverbération est mesurée par le temps de réverbération (TR), qui indique le temps nécessaire pour que le niveau sonore d’une pièce diminue de 60 décibels après l’arrêt de la source sonore. Les études montrent que plus le temps de réverbération est élevé, plus la qualité de l’écoute des élèves est altérée. Selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un temps de réverbération inférieur à 0,6 seconde est considéré comme optimal pour les salles de classe. Toutefois, en France, la réglementation exige un temps de réverbération compris entre 0,4 et 0,8 seconde, ce qui est relativement large.

L’effet d’une acoustique dégradée sur les compétences langagières

Les effets d'une mauvaise acoustique se font sentir aussi bien chez les élèves que chez les enseignants. Pour ces derniers, une mauvaise acoustique peut nuire à leur confort de travail, leur bien-être et leur perception du climat scolaire. En effet, les enseignants travaillant dans des salles de classe avec une réverbération élevée trouvent souvent l’atmosphère plus compétitive et moins propice à un environnement détendu.

Pour les élèves, les impacts sont tout aussi préoccupants. Une acoustique dégradée altère leur capacité à écouter et à apprendre. Cela est particulièrement marqué pour les jeunes élèves, dont la capacité à traiter la parole dans des conditions acoustiques difficiles n’atteint un niveau optimal qu’à l’adolescence. Une étude a montré que les élèves travaillant dans une salle de classe avec une acoustique dégradée peuvent connaître une baisse de 5 à 7 % dans leurs résultats en lecture et en mathématiques.

La réverbération élevée dans les salles de classe perturbe également les compétences langagières des élèves. Une étude menée en Allemagne a révélé que les élèves ayant travaillé dans des salles de classe avec une réverbération élevée avaient obtenu de moins bons résultats dans les tâches de traitement phonologique, un facteur clé dans l’acquisition de la lecture et de l’écriture.

La mauvaise acoustique et ses effets sur la mémorisation

Les mauvaises conditions acoustiques influencent également l'attention, la concentration et la mémorisation des élèves. Le bruit exige une écoute plus soutenue, ce qui entraîne une surcharge cognitive. Les élèves ont alors plus de difficultés à se concentrer et à accomplir des tâches complexes, notamment celles nécessitant de la mémorisation et de la résolution de problèmes. En revanche, les tâches plus simples sont moins impactées par une mauvaise acoustique.

Les élèves à besoins éducatifs particuliers, comme ceux souffrant de troubles de l’audition, des troubles du langage ou de l’attention, sont encore plus sensibles à une acoustique dégradée. Les élèves autistes sont particulièrement affectés par les niveaux de bruit élevés, car une réverbération importante accentue les sons, entraînant des comportements inadaptés en classe.

Des solutions à mettre en place

En France, il est urgent de réaliser un état des lieux de la qualité acoustique des salles de classe, notamment au niveau de l’école primaire. Une étude récente a révélé que 60 % des élèves étudiés évoluaient dans des environnements acoustiques non conformes aux normes, avec une réverbération trop élevée. Cette acoustique dégradée a des effets négatifs sur les progrès des élèves, particulièrement ceux en difficulté scolaire.

Pour améliorer les conditions acoustiques, il est nécessaire d'agir sur l'infrastructure des salles de classe. Cela passe par l'intervention d'acousticiens pour optimiser les matériaux, les volumes, la configuration des espaces et les équipements techniques. En complément, pour les salles respectant déjà les critères réglementaires, des actions de gestion du bruit en classe peuvent être mises en place, comme encourager le silence à certains moments, faire du chuchotement une norme, ou utiliser des équipements comme des casques anti-bruit.

L’accompagnement des établissements scolaires et des mairies est essentiel pour créer un environnement d’apprentissage adapté aux besoins contemporains et favoriser une école inclusive pour tous les élèves.

SOURCE : THE CONVERSATION