Un décrocheur scolaire coûte 340 000 € à la société

Un rapport pour alerter et mobiliser
Dans un rapport publié le 14 mai 2025, la Fondation Apprentis d’Auteuil alerte sur le coût humain et financier du décrochage scolaire. Elle y estime qu’un jeune décrocheur génère un surcoût de 340 000 € tout au long de sa vie active. Ce travail a pour objectif de mobiliser les acteurs publics et privés autour de la prévention du décrochage scolaire, tout en détaillant les conséquences et les leviers d’action.
Un phénomène encore massif malgré une baisse
Malgré une amélioration globale, le phénomène reste préoccupant : 7,6 % des 18-24 ans étaient hors du système scolaire en 2023, contre 11,2 % en 2006. En 2021, environ 76 000 jeunes sont sortis de formation initiale sans diplôme ou avec seulement le brevet, soit 10 % de l’ensemble des sortants. Le rapport insiste sur l’ampleur du phénomène et ses effets à long terme, tant pour les individus que pour la société.
Troubles de l’attention et écrans : des facteurs précoces
La fondation identifie plusieurs causes précoces de décrochage :
- la difficulté à intégrer les codes scolaires dès le plus jeune âge, surtout pour les enfants dont la culture familiale est éloignée de celle de l’école,
- des troubles de l’attention ou du comportement,
- l’usage massif des écrans, à l’origine de retards de langage, de compréhension et de concentration rarement observés auparavant à cette échelle.
Le climat scolaire, facteur de rupture
Le décrochage ne s’explique pas uniquement par un faible niveau scolaire. Selon une étude de la Fondation Alpha Oméga, 70 % des jeunes en rupture scolaire avaient de bons ou moyens résultats. Parmi les facteurs évoqués :
- le harcèlement scolaire : 51 % des victimes ont connu des difficultés scolaires,
- le refus scolaire anxieux, qui concerne 4,8 % des élèves du secondaire public et jusqu’à 10 % des décrocheurs,
- la précarité : 40 % des jeunes vivant sous le seuil de pauvreté n’obtiennent pas le bac,
- la dégradation de la santé mentale des jeunes,
- la crise du COVID-19, qui a aggravé l’absentéisme et distendu les liens entre l’école et les familles,
- les jeunes issus de la protection de l’enfance et les élèves ultramarins, plus exposés au décrochage.
Un coût évalué à 340 000 € par décrocheur
Selon une étude du Boston Consulting Group, le coût social du décrochage atteint en moyenne 340 000 € par jeune, répartis comme suit :
- 259 000 € de manque à gagner fiscal et social,
- 49 000 € liés à la justice,
- 48 000 € en aides sociales,
- 29 000 € de surcoût lié au chômage,
- 11 000 € pour la santé.
Ce calcul, bien que non exhaustif, montre l’impact économique direct du décrochage scolaire.
Mieux vaut prévenir que subir les coûts de l’inaction
Le rapport plaide pour des mesures de prévention, jugées bien moins coûteuses que l’inaction. Il préconise :
- des actions dans la classe : pédagogies innovantes, adaptation aux besoins spécifiques, exemples comme le programme ÉCHO (École coopérative heureuse et ouverte),
- des leviers hors de la classe : amélioration du climat scolaire, lutte contre les mauvaises orientations, alliances éducatives entre les familles, les établissements et les territoires, collaboration entre les secteurs public et privé.
Les dispositifs de remédiation montrent leur efficacité
Lorsqu’un élève est déjà décrocheur, des dispositifs alternatifs peuvent porter leurs fruits. Le rapport cite l’exemple du dispositif 4R (Raccrochage, Remobilisation, Réorientation, Réussite), mis en place au collège Saint-Jacques (Nord). Sur 10 jeunes suivis en 2022-2023, 8 sont encore en formation ou en emploi. Ces parcours alternatifs offrent des solutions concrètes et efficaces pour raccrocher des jeunes éloignés du système scolaire classique.

SOURCE : AEF INFO

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