Une école d’ingénieurs réserve 100 places aux filles sur Parcoursup

Un secteur encore marqué par un déséquilibre de genre

Avec seulement 29 % de filles en études d’ingénieur, le secteur peine à féminiser ses promotions. Pour répondre à ce défi, l’école EPF a décidé de réserver 100 places aux filles dès 2026 sur Parcoursup. Depuis de nombreuses années, les écoles d’ingénieurs soulignent le faible pourcentage de femmes dans leurs effectifs. Face aux stéréotypes de genre qui freinent l’accès des jeunes femmes, certains établissements redoublent d’initiatives pour attirer davantage de candidates.

C’est le cas de l’EPF, école d’ingénieur généraliste basée à Cachan, qui élargira son programme Parity Labs. Lancé en 2024-2025 avec 50 places, il en comptera 100 dès 2026. « La France manque d’ingénieurs, rappelle Emmanuel Duflos, directeur de l’école et président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI). Nous stagnons à 29 % de filles dans nos écoles depuis 10 ou 15 ans malgré les efforts. Or, la société a besoin d’ingénieurs. Il fallait agir vite. »

Le programme parity labs : un concours spécifique pour les filles

Pour répondre à ce besoin, l’école a lancé le Parity Labs, un programme exclusivement réservé aux filles. « On connaît les raisons qui expliquent leur moindre présence dans les études d’ingénieur. La société, dès le CP, entretient des stéréotypes qui les font se sentir moins capables alors qu’elles le sont », explique Emmanuel Duflos.

Le programme propose un concours basé sur le dossier scolaire mais aussi sur les compétences. « Un ingénieur sait analyser, raisonner, travailler en équipe. Nous les plaçons en groupe sur une étude de cas et terminons par un échange sur leurs motivations et parcours. Nous avons conçu une sélection non compétitive », précise-t-il.

Des parcours enrichis et une sélection inclusive

Les candidates retenues intègrent ensuite le diplôme d’ingénieur généraliste de l’EPF. « Le même que les autres », souligne Emmanuel Duflos, avec toutefois des cours spécifiques pour comprendre les stéréotypes de genre et identifier les freins éventuels.

À ceux qui évoquent une discrimination envers les garçons, il répond : « Ce sont des places en plus. Nous avons même augmenté le nombre total de places ! »

Une initiative soutenue par un statut particulier

L’EPF bénéficie du statut de fondation reconnue d’utilité publique, dont la mission inclut la formation des femmes en sciences et en technologie. Les équipes juridiques du ministère de l’Enseignement supérieur ont validé l’expérimentation. « Nous pouvons être le porte-parole des autres écoles. Si toutes trouvaient leur propre voie, nous en serions ravis », affirme Emmanuel Duflos.

Une dynamique qui gagne du terrain

Alors que les premières étudiantes issues du programme débutent leur scolarité cette année, l’EPF doublera le nombre de places à la rentrée 2026-2027. Cette politique a déjà eu un effet positif sur le recrutement global : l’école a enregistré une hausse de 5 % des candidats au concours.

SOURCE : LE PARISIEN