Université de Tours : développer des formations interdisciplinaires et des projets originaux

Philippe Roingeard, expert en virologie, a été élu président de l’université de Tours le 29 novembre 2024. Professeur et praticien hospitalier depuis 2001 à la faculté de médecine, il porte une stratégie ambitieuse pour l’établissement, alliant interdisciplinarité, innovation pédagogique et développement de la recherche.

Un nouveau défi pour le président

Après 18 ans à la tête d’une unité de recherche, Philippe Roingeard a choisi de relever un nouveau défi. Il explique avoir voulu céder sa place en laboratoire tout en restant lié à la recherche. Aujourd’hui, il dirige une équipe présidentielle composée de quatorze vice-présidentes et vice-présidents. Pour lui, être président d’université exige disponibilité, écoute, compromis, adaptation et une vision globale des différentes disciplines enseignées.

Une stratégie construite autour du projet loire val-health

Le projet Loire Val-Health, sélectionné dans le cadre de l’appel à projets ExcellencES financé par France 2030, illustre cette vision. Il associe les universités et CHU de Tours et d’Orléans, ainsi que le CNRS, l’Inrae et l’Inserm, autour de trois axes : maladies infectieuses, santé mentale et biomédicaments. L’objectif est de combiner recherche et enseignement supérieur, de développer des formations interdisciplinaires et de proposer des projets originaux.

Des moyens encore insuffisants

Loire Val-Health bénéficie d’un financement de 11,8 millions d’euros sur huit ans. Mais le président rappelle que l’université de Tours, comme beaucoup d’autres, reste sous-dotée. Avec son équipe, il plaide pour une meilleure répartition des moyens et défend des projets concrets : développement de doubles cursus, renforcement de l’interdisciplinarité et recrutement d’enseignants, notamment en médecine où les effectifs étudiants ont explosé.

L’interdisciplinarité au cœur du projet

Philippe Roingeard insiste sur l’importance de croiser les disciplines pour favoriser l’innovation. L’objectif est de former des diplômés capables de cumuler des doubles voire des triples compétences, grâce à des approches pédagogiques originales et collaboratives. Cette vision doit permettre de créer des parcours inédits qui distinguent l’université de Tours sur le plan national.

Développer l’apprentissage et l’insertion professionnelle

L’apprentissage représente déjà 10 % des effectifs et doit se renforcer. Pour le président, il est essentiel de rapprocher l’université du monde économique et de créer des liens solides avec les entreprises locales. Cette stratégie répond à deux priorités : améliorer l’insertion professionnelle des diplômés et lutter contre la précarité étudiante.

Améliorer le service de santé étudiant

Le service de santé étudiants (SSE) a considérablement évolué avec l’arrivée de nouveaux médecins, psychologues et infirmiers. Passé de la prévention aux soins, il est désormais reconnu pour la qualité de ses prestations.

Une faculté d’odontologie et des centres uniques en France

La nouvelle faculté d’odontologie ouverte en 2022 illustre cette dynamique. Son doyen, Frédéric Denis, propose une approche moderne de l’enseignement, incluant la fabrication de prothèses dentaires en impression 3D avec une école d’ingénieurs. L’université se distingue aussi par le centre d’excellence autisme et troubles du neurodéveloppement (EXAC-T), labellisé en 2019, et par Bio3, le centre de formation pour les bioproductions, unique en France, équipé d’une ligne de production simulée de médicaments.

Une université en pleine croissance

Avec 31 697 étudiants accueillis en 2024, l’université de Tours est la première de la région Centre-Val de Loire. Elle poursuit son développement en mettant l’accent sur l’apprentissage et l’innovation pédagogique, afin de mieux préparer ses étudiants à l’insertion professionnelle.

Sciences humaines et santé : une alliance gagnante

Créé en 2018, Usetech’lab est le premier laboratoire d’intelligence artificielle en sciences humaines et sociales dédié à la santé. Situé à Mame, il est porté par Vyv Centre-Val de Loire, l’université et le CHRU de Tours. Sa démarche participative associe médecins, patients, innovateurs et responsables d’établissements.

Cette dynamique trouve son origine dans les premiers projets de télémédecine déployés en 2012-2013, qui avaient suscité des résistances faute d’accompagnement pédagogique. Les chercheurs en sociologie jouent depuis un rôle essentiel pour anticiper les impacts organisationnels et humains des innovations.

Des projets concrets associant disciplines et usages

Les chercheurs en sociologie ont contribué à plusieurs innovations : le fauteuil à étreindre Oto pour les personnes autistes, le robot émotionnel Paro pour l’accompagnement des personnes âgées, ou encore l’ergosquelette destiné aux soignants pour réduire les troubles musculosquelettiques. Ces projets montrent que l’alliance entre sciences humaines, médecine et innovation positionne Tours comme un territoire pionnier où la santé est pensée avec et pour les usagers.

SOURCE : LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE