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ÉDUCATION
12
February 2025

Albert, Aristote, Cassandre… à quoi servent ces IA qui se multiplient dans nos administrations ?

L’État accélère l’intégration de l’intelligence artificielle

Depuis plus d’un an, l’État encourage ses fonctionnaires à utiliser des applications d’intelligence artificielle. Mais quels sont les bénéfices concrets ?

Lancé par le laboratoire Datalab de la Direction interministérielle du numérique (Dinum), Albert est l’un des premiers exemples de cette évolution. Conçu pour simplifier le quotidien des fonctionnaires, cet outil a d’abord été expérimenté par 80 conseillers des maisons France Services. Son rôle : aider ces agents à répondre aux sollicitations des citoyens en recherchant des informations sur la réglementation et en formulant automatiquement des réponses adaptées.

Désormais, Albert s’est décliné en une gamme d’applications grâce à Albert API, une boîte à outils mise à disposition des informaticiens de la fonction publique. Cette plateforme propose notamment des modèles d’intelligence artificielle open-source, comme ceux développés par Mistral AI ou Meta. Les développeurs des ministères peuvent ainsi personnaliser ces algorithmes pour créer leurs propres solutions adaptées aux besoins de leurs services.

Une administration plus réactive grâce à l’IA

L’intelligence artificielle s’intègre progressivement dans La suite numérique, une alternative souveraine aux solutions Microsoft 365 et Google Workspace. Déployée par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, cette suite propose désormais des fonctionnalités basées sur l’IA pour résumer et traduire des documents, générer des formules dans un tableur ou encore rédiger des comptes rendus de visioconférences.

« Notre objectif est de faciliter et d’accélérer les procédures afin de rendre les politiques publiques plus efficaces et souveraines », explique Ulrich Tan, chef du Datalab.

Un autre usage notable d’Albert concerne le programme Services Publics +, où l’IA suggère des réponses aux avis – parfois critiques – des usagers. Résultat : le temps de réponse moyen est passé de six à trois jours. En parallèle, une quarantaine d’autres applications d’intelligence artificielle sont actuellement en phase d’expérimentation.

Des IA spécialisées pour chaque besoin

L’incubateur ALLiaNCE, qui regroupe administrations, laboratoires de recherche, grandes écoles et entreprises, accompagne le développement de nouvelles IA comme Aristote. Portée par CentraleSupélec, cette application génère des questionnaires sous forme de quiz pour les étudiants, directement à partir d’un support de cours en PDF ou en vidéo.

Autre exemple : LIRIAe, développée par le ministère de la Transition écologique, qui aide les agents à analyser les dossiers d’évaluation environnementale. Ces documents peuvent compter plusieurs milliers de pages, et l’IA simplifie leur traitement en proposant également des aides à la rédaction des avis.

Par ailleurs, certaines administrations préfèrent collaborer avec des start-up. France Travail (ex-Pôle emploi) s’est ainsi associé à Mistral AI pour concevoir de futurs assistants intelligents, dont MatchFT, destiné à assister les agents dans leurs échanges avec les demandeurs d’emploi.

L’IA au service des ministères et des parlementaires

Depuis plus d’un an, plusieurs centaines d’agents des ministères de la Justice, des Affaires sociales, de l’Écologie et de l’Intérieur utilisent Theia, un assistant automatisé conçu pour faciliter la rédaction des textes de lois, décrets et ordonnances.

La Direction générale des finances publiques exploite quant à elle l’IA Signale, qui résume les amendements et rédige des fiches de synthèse destinées aux parlementaires. Ces outils permettent d’accélérer le travail législatif et d’apporter une assistance précieuse lors des débats parlementaires.

Une lutte renforcée contre la fraude et les infractions

Les services fiscaux utilisent l’intelligence artificielle depuis plusieurs années pour détecter des fraudes grâce aux images satellitaires. Après avoir traqué les piscines non déclarées, ces outils sont désormais capables de repérer les vérandas et les abris de jardin omis dans les déclarations.

Les collectivités locales s’appuient également sur l’IA. Dans l’Hérault, la Direction départementale des territoires et de la mer utilise le logiciel Aigle pour identifier les constructions illégales en analysant les cartes aériennes de l’Institut géographique national (IGN).

En Auvergne-Rhône-Alpes, la communauté d’agglomération Portes de l’Isère (Capi) s’est quant à elle tournée vers l’IA pour détecter les fuites d’eau. Grâce à l’analyse de multiples paramètres – nature du sol, densité du trafic routier, matériau des canalisations – l’IA établit une cartographie précise des zones les plus à risque, permettant une intervention plus ciblée.

Vers une transformation de l’éducation nationale ?

L’Éducation nationale expérimente elle aussi l’IA pour alléger la charge administrative de ses gestionnaires RH. Depuis septembre 2023, le rectorat de Lyon utilise Cassandre, une IA qui aide les gestionnaires à répondre aux demandes des enseignants sur la mobilité, les affectations ou les reclassements. L’outil puise dans les textes réglementaires pour proposer des réponses adaptées. Son succès a poussé l’exécutif à annoncer son déploiement à l’ensemble des académies.

L’IA pourrait également transformer les pratiques pédagogiques. Un appel à projets sera lancé d’ici l’été pour développer des outils d’aide à la préparation des cours et à la correction des devoirs. Plusieurs applications sont déjà en test, comme Adaptiv’Math, expérimentée dans les classes primaires depuis 2022 pour identifier les difficultés des élèves en mathématiques, ou encore Mia Seconde, qui personnalise l’apprentissage du français et des mathématiques pour les lycéens.

« L’intelligence artificielle peut accompagner chaque élève à son rythme et en fonction de ses besoins », explique Thierry de Vulpillères, fondateur de la start-up EvidenceB, à l’origine de ces applications. Leur approche consiste à évaluer le niveau de chaque élève à travers un test initial, avant de lui proposer des exercices adaptés à ses lacunes, conçus par des enseignants et des chercheurs en sciences cognitives de l’Inria.

Une adoption encore en question

Reste à voir comment les enseignants accueilleront ces innovations, qui pourraient bouleverser leurs méthodes de travail. L’histoire récente a montré que l’introduction du numérique dans l’Éducation nationale ne s’est pas toujours faite sans heurts. Un exemple marquant : l’achat de 4 000 robots de téléprésence pour permettre aux élèves malades de suivre les cours à distance. Acquis pour 10 millions d’euros, ces dispositifs sont aujourd’hui largement inutilisés.

L’essor de l’intelligence artificielle dans l’administration publique est indéniable. Mais son adoption à grande échelle dépendra de sa capacité à démontrer son efficacité et à convaincre les utilisateurs de son apport réel. Le pari est lancé.

SOURCE : CAPITAL

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