L’amélioration de la performance éducative favoriserait une croissance durable en France, selon la direction du Trésor

Si la France atteignait la moyenne des dix pays de l’OCDE les plus performants au test Pisa, la productivité augmenterait à terme de 2,7 %, affirme la direction générale du Trésor dans une note publiée le 2 décembre 2025 consacrée aux liens entre performance éducative et économie. Les auteurs soulignent également que réduire les inégalités, notamment de genre, élargirait le vivier d’innovateurs et de travailleurs qualifiés. Ils insistent enfin sur la nécessité d’adapter les politiques éducatives et de promouvoir un usage raisonné du numérique à l’école.

Les résultats scolaires en France se dégradent alors que l’amélioration des performances éducatives constitue un levier majeur de croissance de long terme, rappelle la note intitulée "La performance du système éducatif en France : quels enjeux économiques ?". Selon le Trésor, la baisse du niveau scolaire mine progressivement la dynamique économique nationale.

Le niveau scolaire en France se dégrade en comparaison des autres pays

Les auteurs rappellent que la performance scolaire des élèves français diminue depuis plusieurs décennies, comme le montrent les évaluations nationales et internationales (Cedre, Pisa, Timss). En mathématiques, ils indiquent que le niveau médian mesuré en 1987 en fin de CM2 n’est plus atteint que par 7 % des élèves en 2017, tandis que 56 % se situent désormais sous le niveau atteint par les 10 % les moins performants de 1987. En français, la proportion d’élèves réalisant 25 erreurs ou plus à une dictée de 67 mots est passée de 7 % en 1987 à 28 % en 2021.

L’enquête Pisa révèle en outre que la baisse du niveau scolaire se fait plus rapide en France que dans les autres pays depuis 2003, même si la performance moyenne française reste proche de celle de l’OCDE. Les performances scolaires demeurent aussi fortement liées à l’origine sociale, et les écarts de genre restent importants. La France présente l’un des plus forts écarts de score Pisa en mathématiques et en compréhension de l’écrit entre élèves favorisés et défavorisés.

Une meilleure performance éducative pour renforcer les gains de productivité

Redresser le niveau scolaire serait un moteur puissant pour la croissance française, affirment les auteurs. Ils estiment que 59 % de la baisse des gains de productivité entre 2000 et 2020 s’expliquerait par une moindre accumulation de capital humain, en raison notamment du ralentissement de la progression du niveau de formation initiale. La performance éducative apparaît ainsi comme le principal vecteur potentiel de gains de productivité liés au capital humain.

Selon l’OCDE, si la France atteignait la moyenne des dix pays les plus performants en compréhension de l’écrit, culture scientifique et culture mathématique, la productivité grimperait de 2,7 % à long terme. Ces gains seraient d’autant plus déterminants que la productivité liée à l’innovation joue un rôle crucial dans les pays proches de la frontière technologique, et que les transitions écologique et numérique nécessitent des compétences renouvelées.

Les auteurs soulignent également qu’une réduction des inégalités renforcerait la capacité d’innovation. La faible proportion de femmes dans les filières STIM, sous les 30 % sur longue période, est un enjeu en soi. Encourager leur présence permettrait de réduire en partie l’écart salarial persistant et de répondre au besoin croissant en compétences scientifiques.

Adapter et évaluer les politiques éducatives

Pour relever le niveau scolaire, le Trésor préconise une adaptation des politiques éducatives assortie d’une évaluation systématique. Ils citent notamment l’importance du taux d’encadrement : le dédoublement de classes en REP depuis 2017 et l’encadrement renforcé dans les internats d’excellence sont présentés comme ayant un effet positif, même si certains travaux, comme ceux du député Bertrand Sorre, mettent en avant des résultats plus modestes.

Les mesures destinées aux enseignants sont également valorisées. L’augmentation de leur rémunération favoriserait l’attractivité du métier et améliorerait les résultats des élèves. La formation pédagogique initiale et continue constitue également un facteur déterminant de satisfaction professionnelle et de performance pédagogique.

Enfin, un usage raisonné du numérique peut renforcer les apprentissages, même si son impact dépend des conditions de mise en œuvre. L’évaluation du plan numérique lancé en 2015 montre des effets contrastés : les élèves favorisés ont davantage progressé en mathématiques, tandis que ceux issus de milieux modestes ont gagné en compétences numériques et en français, mais ont régressé en compétences collaboratives.

SOURCE : AEFINFO