Angoisse et enthousiasme : les étudiants partagés face au monde du travail

Une large majorité des étudiants de niveau bac +3 se montrent partagés lorsqu'ils envisagent leur future carrière. Selon une étude de l’Apec, leurs sentiments envers le monde du travail oscillent entre inquiétude et enthousiasme, parfois décalés par rapport aux réalités professionnelles qui les attendent.
Un monde perçu comme exigeant et compétitif
Pour 88 % des étudiants interrogés, le monde du travail est perçu comme « exigeant ». Environ sept sur dix le trouvent également « autoritaire » et « procédural ». Beaucoup d'entre eux redoutent une culture de la performance intense, avec un univers professionnel jugé « compétitif » (85 %) et parfois même « impitoyable » pour 57 % des sondés. Ces perceptions sont partagées quel que soit le parcours académique des étudiants, qu’ils viennent d’universités ou d’écoles de commerce. Un autre sujet d'inquiétude pour 37 % d’entre eux concerne la rémunération, craignant d’être mal payés dès leur premier poste.
Lucille, étudiante en design, témoigne : « Entre les nouvelles économiques pessimistes et les conseils alarmistes de certains professeurs, il est difficile de ne pas ressentir une pression. Mes parents ajoutent à cette anxiété en me rappelant que, bientôt, ce sera ‘le sérieux’. Parfois, cela me décourage. »
Les critères des jeunes diplômés : rémunération, flexibilité, équilibre
Les étudiants expriment une appréhension face à leur insertion professionnelle, craignant de ne pas trouver d’emploi correspondant à leurs attentes. Près de 48 % pensent qu’il sera difficile de trouver un emploi après leurs études, et 55 % redoutent de ne pas décrocher un CDI. Pourtant, les statistiques montrent un tableau plus optimiste : près de 70 % des jeunes diplômés trouvent un CDI dans l’année suivant l’obtention de leur diplôme, avec un salaire médian de 32 000 euros.
Au-delà de l’emploi en lui-même, les jeunes diplômés recherchent des critères spécifiques : une rémunération satisfaisante, une organisation du travail flexible, et un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Une image déformée de leur place en entreprise
L’étude de l’Apec révèle que 51 % des étudiants estiment que les entreprises confient aux jeunes des tâches peu stimulantes, tandis que 66 % considèrent qu'ils sont mal rémunérés, et 45 % pensent que leurs efforts ne sont pas assez reconnus. Ce sentiment d’être sous-estimé pourrait être amplifié par une perception négative de la part des générations précédentes. Une autre enquête de Terra Nova et de l’Apec a révélé que les plus de 30 ans décrivent les jeunes générations comme « moins respectueuses de l’autorité » et « plus individualistes », tout en reconnaissant néanmoins leur contribution à l’innovation.
Des lacunes dans la connaissance du monde de l'entreprise
La vision pessimiste des jeunes face au travail semble être exacerbée par une méconnaissance de l’entreprise. Environ 42 % d’entre eux admettent mal comprendre le fonctionnement global des entreprises, malgré les stages et les périodes d’alternance. « Je n’ai jamais eu d’expérience professionnelle, et quand j’entends ma famille parler du travail, c’est comme un langage codé avec des abréviations que je ne comprends pas », confie une étudiante en master.
Ils souhaiteraient mieux connaître les sujets tels que la rémunération initiale (59 %), le droit du travail (52 %), et les processus RH (52 %), reflétant un manque d’information sur les droits et les devoirs en entreprise.
Une perception ambivalente, entre anxiété et espoir
Si les craintes sont présentes, l’étude souligne également des aspects positifs dans la vision des étudiants. Ils voient l’entreprise comme un milieu stimulant (70 %), innovant (64 %) et coopératif (63 %). Environ 52 % des garçons et 60 % des filles attendent avec impatience l’indépendance financière que leur premier emploi pourrait leur offrir. De plus, 43 % se réjouissent à l’idée d’apprendre et de progresser professionnellement, tandis que 40 % ont hâte de se sentir utiles.
Finalement, la vision des étudiants est teintée d'une ambivalence où l'angoisse côtoie l'enthousiasme. Pour l’Apec, il est essentiel d’encourager une meilleure compréhension de l’univers professionnel chez les jeunes, afin qu’ils puissent envisager leur futur de manière plus équilibrée.

SOURCE : LE POINT

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