Après la censure du gouvernement, l’éducation de nouveau dans l’expectative

Les réformes étaient déjà suspendues à l’adoption du budget 2025, elles le sont désormais à la nomination d’un nouveau gouvernement. À la rapidité des réformes succèdent l’instabilité et le manque de visibilité pour les acteurs de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.
Les annonces et réformes se poursuivent à grande vitesse depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017. Un rythme contesté par les professionnels de l’éducation qui connaissent bien la difficulté à déployer des changements profonds dans les établissements. Ils déplorent également le manque de concertation sur des sujets pourtant cruciaux.
L’instabilité se poursuit à la tête de l’Éducation nationale
Dans le secteur du supérieur, le manque de moyens tend à exacerber les relations tendues avec le ministère depuis plusieurs années. À cette dynamique s’ajoutent désormais l’incertitude et l’inquiétude, particulièrement après la chute du gouvernement Barnier.
L’instabilité est un autre marqueur des difficultés rencontrées par l’Éducation nationale, qui a connu cinq ministres en deux ans. Aujourd’hui, c’est la censure du gouvernement Barnier et de son projet de budget pour 2025 qui remet à nouveau en cause les réformes annoncées ou engagées.
Alors que le Conseil d’État a retoqué la mise en place des groupes de besoins pour des raisons techniques, Matignon n’a pas eu le temps de publier le texte qui aurait pu valider leur application pour la rentrée 2025. Quelle décision prendra le prochain Premier ministre ? La mise en place des groupes a parfois été difficile lors de la rentrée 2024 en raison du manque de moyens, de ressources humaines et surtout de l’adhésion d’une partie du corps professoral, mais elle était en place.
Enseignants et personnels de direction tiennent la barre en pleine tempête
Que deviendront les réformes du lycée professionnel, du choc des savoirs, de la formation des enseignants et du brevet ? Et qu’en est-il de la grande consultation nationale sur l’orientation ? Personne ne peut le dire. Ce qui est certain, c’est que les enseignants et les personnels de direction tiennent fermement la barre et poursuivent, dans l’adversité, leur mission de former la jeunesse de notre pays. Et pour cela, n’oublions pas de les remercier et de les respecter.
Mais jusqu’à quand tiendront-ils, ces acteurs du premier service public de France ? Bousculés par les réformes, souvent peu reconnus dans leur rôle et leur rémunération, ils craignent pour l’avenir de leur métier, de leur vocation. Ils sont attaqués, parfois même assassinés, parce qu’ils défendent la République, la laïcité et le vivre-ensemble. Alors, combien de temps tiendront-ils encore, eux, les maillons essentiels de notre avenir ?
Universités en danger, un nouveau cap franchi
Du côté du supérieur, la censure du gouvernement aura des répercussions. Si le budget 2025 ne voit pas le jour, les présidents et présidentes d’universités ont voulu marquer le coup le 3 décembre.
Ils alertent depuis des années sur le manque de moyens, et aujourd’hui, ils parlent de la survie de leurs établissements, de leurs formations et de leurs missions fondamentales. La journée « Universités en danger » a cristallisé leurs préoccupations : aux restrictions budgétaires qui frappent l’enseignement supérieur et la recherche s’ajouteraient des transferts de charges sur des budgets déjà fragiles.
Sans investissement dans l’enseignement et la recherche, l’avenir du pays amputé
Les conséquences concrètes et immédiates évoquées incluent la réduction des capacités d’accueil, la diminution des budgets de rénovation et d’investissement, ou encore la fermeture de formations et de campus délocalisés. Mais plus grave encore, ces acteurs redoutent que l’université, pilier de nos démocraties, ne puisse plus jouer son rôle. Sans investissement dans l’enseignement et la recherche, c’est l’avenir même de notre pays qu’on compromet.
Que décidera le nouveau ministre demain ? Quid de la seconde partie de la réforme des bourses, tant attendue et nécessaire ? Quid du label pour réguler l’enseignement supérieur privé lucratif ? Que deviendra Parcoursup ? Face à la situation financière du pays, le tabou de l’augmentation des frais de scolarité à l’université sera-t-il levé ?
Et d’autres réformes tout aussi cruciales, comme celle des études de santé, qui, bien que nécessaire, doit encore être amendée selon les doyens des facultés de médecine et les futurs médecins.
Qui pour se saisir des dossiers brûlants ?
Il ne fait aucun doute que les sujets à traiter en urgence et les crises à éteindre seront au cœur des premières semaines pour les prochains ministres de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Qui aura le courage d’accepter ces postes et quelle sera leur marge de manœuvre ?

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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