Après le vote : réparer l’école, mais surtout la refonder

Après le vote : réparer l’école, mais surtout la refonder
Le 7 juillet a été un soir de soulagement pour beaucoup. La France a montré qu'elle refusait le racisme et les discriminations. Cependant, le travail à accomplir reste immense. De nombreux députés ont été élus grâce à des votes de compromis, et il faudra former des coalitions.
Défis à relever
Il ne faut pas oublier que plus de 10 millions de personnes ont voté pour le Rassemblement National (RN) au premier tour. Ce chiffre interpelle l'éducation et le monde enseignant. Le Nouveau Front Populaire (NFP) peut prétendre gouverner et propose des changements pour l’école, mais ces propositions ont des limites.
Un éventuel gouvernement devra apaiser et reconstruire, en abandonnant des mesures controversées comme les groupes de niveau, les réformes de la formation initiale et continue, le service national universel (SNU) et l’expérimentation de l’uniforme. La promesse d'une réelle gratuité de l’école est également un pas dans la bonne direction.
Des changements nécessaires
Ces changements ne doivent pas se limiter à une simple restauration de l'état antérieur. Il faut résoudre les problèmes structurels de l'école qui ont contribué au vote RN. Le lien entre niveau de diplôme et vote RN est souvent évoqué, mais des diplômés votent également pour l'extrême droite, y compris des enseignants. Cela montre que la socialisation par l'éducation ne fonctionne plus comme avant.
Le système éducatif a une responsabilité dans la fracture sociale. On peut émettre l'hypothèse que le vote RN et les émeutes urbaines sont deux manifestations d'un même sentiment d'exclusion. Les enseignants ne sont pas responsables de la défaillance du système, mais ils doivent admettre que restaurer l’école ne suffira pas. L’école doit changer.
Rôle de l’école et défis sociétaux
Des travaux sociologiques montrent que le vote RN est lié à une défiance envers l’école. L'école, jadis un vecteur d'ascension sociale, est perçue aujourd'hui comme un instrument de relégation. Les classes populaires voient dans la course aux diplômes une menace de déclassement.
L'école est souvent accusée de favoriser les élites, et les électeurs du RN voient le diplôme comme un repoussoir. Les enseignants, journalistes, et autres professions du savoir sont perçus comme des « beaux parleurs » et « donneurs de leçons », aggravant le ressentiment des classes populaires.
Recréer la confiance
Pour restaurer la confiance, il faut rendre les codes de l’école plus explicites et rétablir l'égalité des chances. Il faut aussi reconstruire un récit qui valorise la mixité sociale. La perte des garanties du service public pousse de nombreuses femmes, notamment des mères, à voter pour le RN.
Répondre à la désinformation
La montée du vote RN est aussi liée aux bulles informationnelles. L’école doit armer les élèves contre la désinformation et la démagogie sans passer pour moralisatrice. Cela implique de questionner tous les savoirs à tous les niveaux.
Réformer et repenser
L'école a été malmenée et instrumentalisée. Il faut non seulement la réparer, mais aussi la refonder, en redonnant du pouvoir aux personnels et en repensant la gouvernance. Une convention citoyenne pourrait aider à construire un nouveau contrat social pour une école plus juste.
Si nous ne nous attaquons pas à la fracture sociale, les crises sociales et politiques continueront. Les mêmes causes produiront les mêmes effets.

SOURCE : ALTERNATIVE ÉCONOMIQUE

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