« Avec ChatGPT, j’ai parfois l’impression de ne plus savoir apprendre… » : comment motiver les étudiants à l’heure de l’IA ?

Une dépendance croissante à l’IA qui interroge
Depuis qu’elle est entrée à l’université en 2023, Sophie (prénom modifié) reconnaît avoir « la mauvaise habitude » de recourir à ChatGPT pour de nombreux petits exercices, par facilité, confie-t-elle lors d’une rencontre fin juin sur le campus des Grands‑Moulins de l’université Paris Cité, où elle prépare un oral de rattrapage avec une fiche réalisée grâce à l’IA. ChatGPT intervient pour structurer ses exposés, peaufiner ses travaux, créer des quiz, ou encore résumer des textes ardus de Freud ou Lacan. Pourtant, Sophie souhaite en L3 « s’autolimiter » car, lance‑t‑elle avec un sourire, elle a « parfois l’impression de ne plus savoir apprendre, de ne plus savoir travailler ou lire un texte seule ».
Une étude du MIT met en lumière des risques cognitifs
Ce sentiment fait écho à une étude du MIT publiée en juin (encore non validée par la communauté scientifique), qui met en avant une baisse des capacités cognitives — neuronales, linguistiques et comportementales — chez des étudiants usant intensivement de l’IA pour leurs travaux.
Cette recherche, intitulée Your Brain on ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task, a suivi 54 participants répartis en trois groupes (IA, moteur de recherche, et groupe sans assistance). Grâce à un EEG, elle a mesuré l’engagement cérébral durant plusieurs sessions d’écriture. Les étudiants ayant utilisé ChatGPT ont démontré une activité cérébrale plus faible, une mémorisation réduite et moins de sentiment de propriété sur leurs écrits.
Des enseignants alertent sur la dégradation des compétences
Les informations médiatiques ont amplifié ces constats : une enquête indique une baisse de l’activité cérébrale, de la rétention de mémoire et de la créativité chez les utilisateurs de ChatGPT, tandis que le groupe sans assistance cognitive affichait de meilleurs résultats.
Des enseignants font également état d’une difficulté croissante chez leurs élèves à développer un esprit critique ou à produire des écrits personnels, constatant une perte d’attention et un recours excessif à l’IA comme raccourci intellectuel.
Favoriser une utilisation raisonnée de l’IA
Plutôt que de rejeter l’IA, certains spécialistes prônent une intégration équilibrée : il s’agirait d’encourager l’autonomie cognitive, la pensée critique, et de valoriser l’effort intellectuel. Des formations à la littératie numérique et à l’usage conscient de l’IA pourraient aider les étudiants à se servir de ces outils sans perdre leurs capacités d’apprentissage fondamentales.

SOURCE : LE MONDE

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
