La césure, la plus belle année de la vie d’étudiant

Que ce soit pour partir en stage, s’aventurer ou réaliser un projet personnel, la césure séduit de nombreux étudiants en école de commerce. Pour Lilas, étudiante à la Kedge Business School, cette période a été « la meilleure expérience de sa vie ».
Une expérience inoubliable
Commencée dans un vignoble du sud de l’Australie, Lilas souhaitait se spécialiser dans le commerce du vin à l’international. Plongée dans l’univers de la viticulture, elle a pu mieux connaître le produit qu’elle ambitionnait de commercialiser par la suite. Après une première immersion physiquement et mentalement éprouvante, la jeune fille de 23 ans a mené, pendant deux mois, une campagne de sensibilisation aux effets néfastes du plastique dans un petit coin de paradis en Indonésie. Pour le plaisir, elle s’est ensuite offert un tour du monde de six mois, explorant les meilleurs spots de surf en Californie, au Mexique, au Nicaragua, au Costa Rica et au Honduras.
Un projet personnel enrichissant
Chaque année, de nombreux étudiants en école de commerce – généralement entre le M1 et le M2 – choisissent de prendre une césure, une pause pouvant durer de six à douze mois, voire dix-huit mois. Libérés des contraintes des cours pour la première fois depuis la prépa, ils peuvent enchaîner stages, créer leur entreprise, s’investir dans des actions humanitaires, suivre un cursus universitaire ou partir à l’aventure. Pour l’année 2025-2026, Marie-Laure Lombard, directrice de la scolarité à l’EM Lyon, estime que 800 à 900 étudiants sur environ 1200 opteront pour cette expérience.
Des frais et des financements
La plupart des étudiants optent pour une pause 100 % professionnelle, en effectuant souvent deux stages de six mois afin d’accumuler un maximum d’expérience, notamment dans des secteurs très concurrentiels comme la banque d’investissement. Toutefois, une nouvelle tendance se dessine : de plus en plus d’étudiants souhaitent mener des projets personnels en parallèle de leur parcours professionnel. Par exemple, en mars 2023, deux étudiantes de l’Edhec, Pia Joseph et Charlotte Chaplain, ont parcouru huit pays d’Europe en van pendant quatre mois pour recenser des solutions d’alimentation durable adaptées aux consommateurs. Leur projet, ayant mobilisé une cinquantaine d’interviews avec des agriculteurs, des ONG, des start-ups, des activistes et des responsables politiques, a donné naissance à des articles et des podcasts. Naturellement, ces initiatives ont un coût : le projet de Pia et Charlotte s’est élevé à 18 000 euros, alors que certains projets peuvent dépasser les 50 000 euros. Pour financer ces aventures, les étudiants sollicitent des entreprises en échange d’une visibilité sur les réseaux sociaux ou s’appuient sur le mécénat. Par ailleurs, même si l’année de césure est souvent exempte de frais de scolarité, des frais de dossier sont parfois demandés – à HEC, par exemple, ils s’élèvent à 2 900 euros. Sans oublier le défi d’une entrée tardive sur le marché du travail, ce qui peut compliquer le remboursement d’un prêt étudiant.
Valoriser ses expériences
Bien qu’un parcours sans projet personnel ne soit pas nécessairement préjudiciable, une année de césure apporte un véritable plus sur le CV. L’idéal reste de combiner expérience professionnelle et projet personnel. Les cabinets de conseil, par exemple, apprécient les parcours atypiques qui témoignent d’une ouverture sur le monde. Raphaëlle de Soto, DRH chez Bain & Company, confirme que, lors des entretiens, ces expériences sont souvent valorisées. Par ailleurs, certaines écoles accompagnent leurs étudiants en leur proposant un bilan de compétences pour analyser leur parcours : quelles missions ont-ils menées, avec quels moyens, et comment évaluent-ils leurs réussites et leurs difficultés ? Qu’il s’agisse d’un stage en banque d’investissement à Londres ou d’une année d’humanitaire au Cameroun, chaque expérience, même un échec bien expliqué, peut devenir un atout.
Une année qui change tout
La césure représente bien plus qu’une simple pause dans le cursus : c’est l’occasion de vivre des expériences hors du commun et de créer des souvenirs impérissables. Beaucoup de jeunes professionnels, confrontés à la « crise du quart de vie » entre 25 et 33 ans, cherchent à redonner du sens à leur existence. Certains optent pour un congé sabbatique, d’autres quittent leur emploi pour se lancer dans l’aventure, quitte à repartir de zéro à leur retour. Dans ce contexte, la césure permet non seulement d’éviter certaines frustrations, mais également de gagner un temps précieux sur le marché du travail.
En somme, l’année de césure offre aux étudiants la liberté de se forger un parcours personnel et professionnel riche, ouvrant ainsi la voie à un avenir jalonné d’expériences uniques et mémorables.

SOURCE : lepoint.fr

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