Bonus Parcoursup, objectifs chiffrés… Les pistes de France Stratégie pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons

Un rapport qui pointe la persistance des inégalités
Dans un rapport publié le 12 mai 2025, France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, propose 20 recommandations pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons d’ici à 2030. Dix ans après une première étude sur le sujet, les constats évoluent peu. L’école reste un vecteur de transmission d’inégalités : les filles y sont encore cantonnées à des rôles domestiques dans les manuels, davantage victimes de violences sexistes, et toujours sous-représentées dans les filières scientifiques.
L’organisation souligne les limites des initiatives existantes, telles que les référents égalité ou les modules de formation dans les écoles. Malgré le lancement du programme Evars à la rentrée 2025 et du plan "Filles et maths" par Élisabeth Borne, les stéréotypes de genre continuent d’influencer les choix d’orientation.
Deux priorités pour l’école et l’orientation
Parmi les cinq priorités identifiées par France Stratégie, deux concernent directement l’éducation : agir à l’école pour lutter contre les stéréotypes et favoriser une orientation plus égalitaire.
L’organisme insiste sur l’importance d’assurer un enseignement de sensibilisation aux stéréotypes dès le primaire et tout au long de la scolarité. Pour cela, deux mesures sont proposées :
- une mission de l’IGESR à la fin de l’année scolaire 2025-2026 pour vérifier la mise en œuvre effective de ces enseignements dans le cadre d’Evars et d’EMC,
- la création de postes d’ambassadeurs dans les établissements, sur le modèle des éco-délégués, pour sensibiliser les élèves aux stéréotypes de genre.
Une pédagogie à revoir pour les enseignants
France Stratégie propose aussi de former systématiquement les enseignants à la pédagogie égalitaire et à la prise de conscience des biais sexistes. Tous les personnels éducatifs devraient suivre un module de formation continue dans les cinq prochaines années.
Des équipes spécialisées en mathématiques pourraient aussi être mobilisées pour identifier les biais dans cette discipline et accompagner les enseignants vers des pratiques pédagogiques non genrées. L’objectif est de développer une école plus inclusive dans sa méthode, pas seulement dans ses discours.
Une gouvernance renforcée autour de l’égalité
Le rapport suggère d’inscrire des objectifs en matière d’égalité dans les lettres de mission des recteurs, Dasen et chefs d’établissement. Cette demande fait écho à un rapport de la Cour des comptes, qui dénonçait une absence de pilotage fort sur ces enjeux dans l’Éducation nationale.
La gouvernance de l’égalité fille-garçon devrait ainsi devenir une dimension stratégique au sein des académies, avec des cibles chiffrées et suivies.
Une orientation encore très genrée
France Stratégie s’inquiète de la faible mixité dans certaines filières. Les filles se dirigent encore majoritairement vers le social et la santé, tandis que les garçons s’orientent vers l’informatique, l’ingénierie ou la construction. Ces choix ont un impact sur les inégalités salariales à long terme.
L’organisme propose donc de fixer des objectifs de mixité dans les recrutements des filières éducatives et métiers fortement sexués. Il appelle aussi à l’élaboration d’un plan d’action national destiné aux employeurs pour promouvoir la mixité dans les secteurs stratégiques pour les transitions numérique, démographique ou écologique.
Des incitations pour transformer les filières
Afin de favoriser une mixité réelle, les établissements de formation pourraient se voir attribuer des objectifs de progression, et bénéficier de bonifications de subventions via un fonds dédié en cas de réussite.
La mixité devrait être suivie dans toutes les filières, du lycée à l’enseignement supérieur, en s’appuyant sur un diagnostic précis des formations sexuées. Un seuil de non-mixité à 35 % de femmes ou d’hommes pourrait servir de référence.
Un bonus sur Affelnet et Parcoursup
France Stratégie propose aussi un bonus sur Affelnet et Parcoursup pour les élèves qui choisissent une filière où leur sexe est sous-représenté. Objectif : encourager des choix d’orientation moins genrés.
Deux risques sont toutefois identifiés : des places non pourvues dans certaines formations ou une fuite vers les établissements privés hors procédure, ce qui limiterait l’effet escompté. Il faut également éviter que la mesure accentue la pression dans certaines filières déjà très demandées.
Une politique interministérielle pour plus d’égalité
Enfin, France Stratégie recommande que la lutte contre les stéréotypes de genre devienne une priorité politique nationale, soutenue par une gouvernance interministérielle. Un suivi rigoureux du plan pour l’égalité 2023-2027 est préconisé.
Le développement d’indicateurs sexués est aussi jugé crucial pour documenter les effets des politiques publiques sur les filles et les garçons, et garantir une évaluation transparente des progrès accomplis.

SOURCE : AEFINFO

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