Brexit : les universités britanniques plombées par la baisse des étudiants étrangers

Les universités britanniques, autrefois parmi les plus prestigieuses au monde, font face à une crise financière majeure en raison de la diminution du nombre d'étudiants étrangers. Ces étudiants, qui paient des frais de scolarité élevés, sont essentiels pour l'équilibre financier des institutions, mais plusieurs facteurs, dont le Brexit et la politique migratoire du gouvernement conservateur, ont modifié la donne.
Une baisse des étudiants étrangers qui pèse sur les finances des universités
En 2022/2023, le Royaume-Uni comptait près de 760.000 étudiants étrangers, ce qui en faisait la deuxième destination mondiale, juste après les États-Unis, dans un marché très concurrentiel. Parmi les étudiants internationaux, les Indiens, suivis des Chinois et des Nigérians, étaient les plus nombreux à choisir le Royaume-Uni pour leurs études. Cependant, en 2023, les demandes de visas étudiants ont chuté de 5 %, et entre juillet et septembre de la même année, elles ont diminué de 16 % par rapport à l'année précédente.
Des frais universitaires de plus en plus élevés
Leo Xui, un étudiant chinois de 20 ans, est arrivé à Londres en septembre pour poursuivre des études à l'université UCL en sciences de la population et de la santé. Avec des frais universitaires s'élevant à 31.000 livres sterling (environ 37.200 euros), Leo représente bien l'étudiant étranger qui contribue largement au financement des universités anglaises. En comparaison, les étudiants britanniques ne paient que 9.250 livres pour des études similaires. Bien que le gouvernement britannique ait annoncé une légère augmentation de ces frais pour les étudiants locaux, la hausse reste largement insuffisante pour compenser l'inflation et le manque à gagner.
Des finances universitaires en crise
Le financement par étudiant est à son plus bas niveau depuis 2004, ce qui alarme l'association Universities UK (UUK), représentant 141 universités britanniques. Depuis 2012, les frais de scolarité n'ont augmenté que de manière marginale, bien en deçà de l'inflation, ce qui a contribué à un déficit croissant dans l'enseignement et la recherche. Le manque à gagner est devenu si important que certaines universités sont désormais fortement dépendantes des étudiants étrangers. Par exemple, à l'University of Arts de Londres, 55 % des étudiants sont internationaux, et à la Cranfield University, ils représentent 52 % de la population étudiante.
L'impact des restrictions sur les visas
La situation s'est encore aggravée avec les récentes restrictions imposées par le gouvernement conservateur sur les visas étudiants. Depuis janvier, les étudiants étrangers ne peuvent plus venir avec leurs familles, sauf exceptions, et il leur est désormais interdit de travailler en Angleterre pendant leurs études. Ces mesures ont un impact direct sur l'attractivité du Royaume-Uni comme destination pour les étudiants étrangers, comme le souligne Nick Hillman, directeur du think tank Higher Education Policy Institute (Hepi). Selon lui, ces changements ont rendu le Royaume-Uni moins attractif pour les étudiants internationaux.
La crise exacerbée par le Brexit
Le Brexit a joué un rôle déterminant dans cette crise. Avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les étudiants européens bénéficiaient de frais de scolarité réduits par rapport aux étudiants venant de pays tiers. Mais depuis le Brexit, ces étudiants européens sont soumis aux mêmes frais que les autres étrangers, ce qui a eu un effet dissuasif. Ian Dunn, doyen de l’université de Coventry, constate une diminution spectaculaire du nombre d'étudiants européens, passant de 4.400 à environ 10 % de ce chiffre. Cette situation a également conduit à des suppressions de postes et de cours dans plusieurs universités.
La concurrence internationale pour attirer les étudiants étrangers
Face à la concurrence croissante d'autres pays, comme le Canada, l'Australie ou les Pays-Bas, certains étudiants ont choisi d'étudier ailleurs, dans des pays où les cours sont également dispensés en anglais et où les politiques migratoires sont plus accueillantes. L’université de Coventry, par exemple, a répondu à cette crise en ouvrant des campus dans plusieurs pays, dont l’Égypte, le Maroc, l’Inde et la Chine, tout en nouant des partenariats locaux. Les étudiants obtenant leur diplôme de Coventry n'ont même pas besoin de se rendre au Royaume-Uni pour valider leur cursus.
En conclusion, la combinaison du Brexit, des restrictions sur les visas et de la hausse des frais universitaires a mis les universités britanniques dans une situation précaire. Ces dernières doivent maintenant naviguer entre l'attractivité des étudiants étrangers et les politiques gouvernementales qui compliquent davantage leur recrutement.

SOURCE : SUD OUEST

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