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ÉDUCATION
9
October 2024

« Ça a été le meilleur choix de ma vie » : quand la réorientation permet de trouver sa voie

Les réorientations dans l’enseignement supérieur sont fréquentes, mais changer de filière n’est pas toujours une décision facile. La peur de décevoir ses proches ou les contraintes financières peuvent freiner cette démarche. Pourtant, pour certains, c’est aussi une véritable révélation.

Pendant cinq ans, Ael s’est convaincue que « c’était normal de faire des études qui ne nous plaisent pas ». Elle avait une fibre artistique, mais a choisi un DUT (devenu BUT) en techniques de commercialisation, influencée par ses parents qui travaillaient dans ce domaine. Après son diplôme, elle a poursuivi en licence d’économie et gestion, pensant trouver un master qui correspondrait à ses centres d’intérêt, « comme les jeux vidéo ou les arts ». Elle a tenté un master en marketing digital en alternance, espérant « trouver du concret », mais la déception a été grande. Ni son travail de community manager à la Société Générale ni ses études ne lui plaisaient. Face à cette situation, Ael a décidé de se réorienter. En septembre 2021, elle a rejoint une L1 de psychologie à l’université Paris Cité. « Je me suis rendu compte qu’on pouvait aimer ses cours dès le début ! »

En 2023, sur les 917 000 candidats inscrits sur Parcoursup, 163 000 étaient en quête de réorientation, selon le ministère de l’Enseignement supérieur. « Parfois, il y a un décalage entre les enseignements, souvent très théoriques, et le métier envisagé », explique Amadou Boye, conseiller au CIDJ. D’autres étudiants n’ont pas bien saisi les attentes de la formation choisie, se retrouvant en difficulté, ce qui les pousse à revoir leur projet. Certains intègrent des filières par défaut, simplement parce qu’il y reste des places.

Se sentir « comme un enfant capricieux »

Enola, diplômée d’un bac ES en 2019, rêvait de devenir avocate depuis le collège. En terminale, elle découvre cependant un intérêt pour l’économie. Admise dans les deux filières via Parcoursup, elle opte pour l’économie-gestion et intègre Panthéon-Assas. Rapidement, elle déchante en raison de la quantité de mathématiques. Elle repasse donc par Parcoursup et, avec un excellent dossier, est acceptée en droit à Assas. Bien que les cours l’intéressent davantage, la charge de travail la submerge.

Malgré cela, Enola hésite à se réorienter une nouvelle fois, surtout qu’elle rêvait de droit depuis son enfance et venait déjà de changer de filière. « Je pleurais tous les jours, c’était mentalement très difficile », se souvient-elle. Finalement, elle fait le choix de changer de voie, bien que cette deuxième réorientation soit marquée par un sentiment d’échec. Pour Amadou Boye, il est important de considérer la réorientation comme une expérience enrichissante permettant de mieux définir son projet de formation. Enola a finalement intégré une licence information-communication en janvier. Aujourd’hui, en master 2 communication digitale et événementielle à l’IAE d’Orléans, elle ne regrette pas son parcours : « Si j’étais restée en droit ou en éco, je ne serais pas épanouie. »

« On ne peut pas savoir si une filière nous plaît tant qu’on n’est pas dedans »

Afrah, étudiante en 5e année de chirurgie dentaire à l’université Paris Cité, est également passée par une réorientation. Après une L1 de droit, elle a intégré une PASS avec l’objectif de devenir chirurgienne-dentiste. « L’échec n’était pas une option », dit-elle. Arrivée en 2e année d’odontologie, elle a réalisé que la réorientation avait été « le meilleur choix de sa vie ».

Kézia, aujourd’hui content manager indépendante dans le marketing, a également dévié de son parcours initial. Elle avait pourtant obtenu un master en droit des affaires, mais a découvert, lors de son alternance, qu’elle n’était « pas du tout à l’aise dans le monde de la grande entreprise ». Inscrite en DU innovation juridique à Assas, elle a commencé à travailler dans une legaltech où elle s’est initiée à la rédaction web et au marketing. En 2020, bien qu’elle ait été admise en école d’avocats, elle décide de ne pas poursuivre. Cette réorientation, bien que réussie, n’a pas été facile : « On se sent comme un enfant capricieux. J’ai toujours été bonne élève, mais changer de voie, surtout quand elle est toute tracée, n’est pas rassurant. »

Faire abstraction du jugement des autres

Certaines réorientations sont perturbées par la pression sociale ou familiale. Pei-Pei, par exemple, a dû affronter la désapprobation de sa mère lors de sa deuxième réorientation, de sciences de la vie vers un autre master. Malgré le conflit familial, elle a suivi son instinct et a finalement été acceptée dans le master qu’elle visait.

Les obstacles à la réorientation sont nombreux : peur de perdre une année, décevoir ses proches ou encore des considérations financières. Lina, qui a changé de voie pour se réorienter en psychologie, a dû contracter un prêt étudiant après que ses parents ont refusé de continuer à financer ses études. Amadou Boye conseille aux étudiants qui hésitent à se réorienter d’envisager un service civique ou une VIE, qui peuvent enrichir leur parcours et être valorisés par la suite.

Ael, désormais en master de psychologie, regrette de ne pas avoir pris cette décision plus tôt. Cependant, elle reconnaît que ses premières années d’études lui ont permis d’acquérir des compétences utiles, notamment en entrepreneuriat. Comme le résume Nadine Théophile, responsable de l’observatoire OFIPE : « La réussite est relative. Chaque étudiant retire quelque chose de son parcours, même si cela n’est pas toujours tangible immédiatement. »

SOURCE : LE PARISIEN

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