"C'est une forme de politique d'aménagement du territoire" : face au déficit, l'avenir des campus délocalisés en question

L'université d'Angers, comme beaucoup d'autres établissements d'enseignement supérieur en France, se trouve confrontée à un déficit budgétaire. Face à cette situation, des inquiétudes émergent concernant l'avenir des trois sites délocalisés de l'université, situés à Cholet, Les Sables d'Olonne et Saumur. Ensemble, les enseignants, les étudiants et les syndicats dénoncent la "situation désastreuse" de l'enseignement supérieur et de la recherche. En réponse à cette crise, une journée de mobilisation a été organisée dans plusieurs universités françaises. Selon France Université, quatre universités sur cinq risquent de finir l'année en déficit, ce qui oblige à explorer des pistes d'économies drastiques. Alors que le ministre de l'Enseignement supérieur dévoilera sa "feuille de route" le 19 novembre, certains présidents d'universités mettent en avant le risque de suppression des antennes universitaires implantées dans les petites villes.
Des campus délocalisés en danger ?
L'université d'Angers est l'une des moins bien dotées dans sa catégorie, malgré ses 27 000 étudiants inscrits. Sur ces sites, environ 400 étudiants suivent des formations qui leur sont accessibles à proximité de leurs familles. L'un des principaux avantages de ces campus est la possibilité d'étudier tout en réduisant les coûts de logement et de vie. "Je vis chez mes parents, ça fait des économies, c'est très pratique", confie une étudiante, soulignant l'importance de ces petites structures pour les jeunes qui souhaitent poursuivre des études supérieures sans quitter leur région. Ces campus délocalisés sont souvent en lien étroit avec les besoins des territoires locaux, contribuant ainsi à l'insertion professionnelle des étudiants dans ces zones géographiques.
Un risque de suppression en cas de mise sous tutelle ?
Cependant, l'avenir de ces sites est incertain. Pour la troisième année consécutive, l'université d'Angers devrait terminer l'année en déficit. Une situation qui pourrait mener à une mise sous tutelle, avec la gestion du budget transférée au rectorat et au ministère de l'Enseignement supérieur. Benjamin Brillant-Boucher, élu du syndicat étudiant Unef, exprime ses craintes : "Tant que l'université d'Angers est gestionnaire de son budget, il n'y a pas de risque immédiat. Mais dès que l'université passera sous tutelle, il existe un vrai danger pour la survie de ces pôles délocalisés." Il redoute en particulier la suppression de ces sites, qui sont souvent considérés comme moins rentables, mais essentiels pour les étudiants des zones rurales.
Un service public essentiel pour les territoires
Cependant, tous ne partagent pas cet avis. Jean-René Morice, directeur de la formation en tourisme à l'université d'Angers, défend les campus délocalisés, notamment celui de Saumur. Bien qu'il reconnaisse les coûts associés, tels que le chauffage, le matériel spécifique ou la mobilité des enseignants, il considère ces sites comme essentiels pour les territoires qui les accueillent. "Ce n'est pas un problème qui est en tête des priorités actuelles", affirme-t-il, soulignant l'importance de ces campus pour les petites villes, tant sur le plan économique que social. Selon lui, ces établissements contribuent à l'aménagement du territoire en offrant des formations accessibles, et permettent aux étudiants de rester proches de leur famille tout en poursuivant leurs études. Il souligne également l'impact économique local, en termes de logement, de consommation et de déplacements pour les familles.
Des efforts pour sauver les campus
De son côté, la présidente de l'université, Françoise Grolleau, insiste sur la mission de service public que l'université remplit en accueillant des étudiants dans ces sites délocalisés. Malgré un déficit prévu de 8,6 millions d'euros en 2024, l'université d'Angers ne souhaite pas fermer ces campus, conscients de leur rôle dans l’accessibilité à l’enseignement supérieur pour les étudiants éloignés des grandes villes. Elle a d'ailleurs sollicité le soutien des élus locaux pour défendre l'université publique auprès du gouvernement. "Nous avons la chance d'avoir des élus qui se sont mobilisés collectivement pour soutenir notre cause et rappeler l'engagement à soutenir l'université publique, essentiel pour le territoire", souligne-t-elle.
En conclusion, bien que les campus délocalisés de l'université d'Angers et d'autres universités françaises soient confrontés à des défis financiers, leur maintien est vu par certains comme crucial pour l'aménagement du territoire et l'accès à l'enseignement supérieur pour les étudiants des zones rurales. Toutefois, la question de leur financement et de leur survie à long terme reste ouverte, alors que la situation budgétaire des universités se dégrade.

SOURCE : FRANCEINFO

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