Classe à horaires aménagés maths en REP : les collégiens conquis

En 3ème, les élèves bénéficient de trois heures d’enseignement innovant et d’ateliers pratiques pour découvrir les sciences différemment. Les enquêtes rappellent régulièrement que les jeunes filles sont sous-représentées dans les formations scientifiques et technologiques de l’enseignement supérieur, malgré leur réussite dans ces disciplines au lycée. De plus, de nombreux adolescents ignorent l’utilité des mathématiques. C’est en réponse à ces constats que le collège Jules Verne de Buxerolles, dans la Vienne, a décidé de créer une classe à horaires aménagés maths et numérique (CHAMaN).
Des enseignements concrets et innovants
Cette classe de 3ème bénéficie d'une heure d’enseignement supplémentaire par semaine avec Mme Naudin, professeure de mathématiques du collège. « Cet enseignement est décorrélé du programme. L’idée est de développer l’appétence des collégiens pour les maths et le numérique en leur proposant de faire de la programmation, des concours, de résoudre des énigmes, et d’expérimenter la robotique », explique Grégoire Journault, principal de l’établissement et initiateur du projet avec l’enseignante. L’année précédente, seule cette heure était proposée. Depuis septembre 2024, grâce à un partenariat, des séances avec l’Espace Mendès France, centre de culture scientifique, technique et industrielle de Poitiers, ont été ajoutées. Le mardi, pendant deux heures, un animateur scientifique intervient pour proposer des ateliers pratiques aux collégiens. Actuellement, ils conçoivent et construisent une fusée tout en découvrant l’outil mathématique nécessaire pour calculer sa hauteur. « Tous ces petits projets montrent aux élèves que les maths sont omniprésentes dans la vie quotidienne », estime le principal. Pour chaque thème, un chercheur ou un doctorant vient expliquer concrètement son travail sur le sujet. Une heure est également ouverte en 4ème, animée par Mme Naudin.
Une forte demande
Cette classe a immédiatement séduit les collégiens. « Nous sommes un collège REP et je trouvais le projet vraiment très bon pour attirer les élèves vers les sciences. Je pensais qu’une dizaine d’élèves s’inscrirait, et finalement, nous avons reçu 28 demandes. Nous avons été très surpris, moi le premier ! », reconnaît Grégoire Journault. Au final, 15 filles et 6 garçons ont été retenus pour cette classe de 3ème, ainsi que 8 garçons et 7 filles pour la classe de 4ème. Le niveau scolaire n’a pas été le principal critère de sélection, bien que les élèves aient dû avoir un certain niveau pour ne pas être en difficulté avec des heures d’enseignement supplémentaires. « Nous avons donné la priorité aux filles, aux profils curieux et malins. Le groupe est donc assez hétérogène », ajoute Grégoire Journault.
De nombreux projets à venir
Tout au long de l’année, les élèves de cette classe à horaires aménagés auront l’occasion de participer à divers projets : sessions au planétarium, création d’un jeu de type escape game avec des énigmes mathématiques, découverte de l’intelligence artificielle et de ses enjeux via la réalisation d’une planche de bande dessinée avec Chat GPT et Dall-E, élaboration d’un cadran solaire, exploration de l’infiniment petit et des bactéries, modélisation 3D, visites de laboratoire… La majorité des séances se déroulent au sein du collège, mais les élèves sont parfois amenés à quitter leur quartier de la ZUP pour se rendre à l’Espace Mendès France dans le centre historique de Poitiers. « Par le biais des maths et d’une activité intellectuelle, cela permet aussi aux élèves de sortir de leur quartier habituel pour explorer d'autres environnements », ajoute le principal.
Tout ce projet a un coût. Le financement de l’intervention de l’Espace Mendès France est pluri-budgétaire, soutenu par les cités éducatives à hauteur d’environ 10 000€, par le cadre des projets de connexion des quartiers politiques de la ville en Nouvelle-Aquitaine, par la Fondation Blaise Pascal, et une partie des ateliers est également éligible à l’enveloppe dédiée au parcours éducatif et artistique.
Un bilan à long terme
Le projet est encore récent, et un bilan à long terme sera effectué pour évaluer si des jeunes filles choisissent des spécialités scientifiques en 1ère et poursuivent des études supérieures dans ce domaine. En attendant, Grégoire Journault constate que les élèves de la classe à horaires aménagés sont assidus. « Ils sont présents et investis. Cet enseignement atypique, basé sur des travaux pratiques et de manipulation, correspond à leurs attentes », souligne-t-il. Une première victoire.

SOURCE : VOUSNOUSILS

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