Classe prépa-seconde : une passerelle pour les élèves en difficulté, entre opportunité et limites

Les classes prépa-seconde, encore en phase expérimentale, visent à accompagner les élèves qui n’ont pas obtenu leur brevet pour faciliter leur transition vers le lycée. Ce dispositif, prévu pour être généralisé à la rentrée 2026, soulève des débats parmi les enseignants et les syndicats. Focus sur une initiative qui tente de répondre aux enjeux du décrochage scolaire.

Un dispositif pour relancer les élèves en difficulté

Actuellement, une classe prépa-seconde est théoriquement mise en place dans chaque département, avec 1 200 élèves concernés. Ces classes accueillent des jeunes de 15 ou 16 ans, souvent marqués par un parcours scolaire difficile : absentéisme, décrochage, ou exclusion pour problèmes de comportement. Beaucoup n’ont pas obtenu l’affectation souhaitée en lycée professionnel, faute de places disponibles.

À Sens, dans l’Yonne, la classe prépa-seconde d’un grand lycée regroupe 21 élèves, majoritairement des garçons. L’objectif est clair : remobiliser ces jeunes en leur offrant un cadre d’apprentissage adapté.

"Ça nous remet en tête tous les cours qu'on a oubliés. Si je ne travaille pas cette année, c'est foutu pour moi."
– Rayan, élève de la classe prépa-seconde

Une pédagogie adaptée, mais sans programme officiel

L’une des particularités de ces classes est l’absence de programme officiel, offrant ainsi une liberté pédagogique aux enseignants.

"C’est une chance, car on ne pourrait pas assumer un programme avec ces élèves. Nous reprenons les bases dans toutes les disciplines et intégrons des séquences sur l’orientation."
– Lionel Jalaguier-Quaranta, professeur de maths

Cette approche permet une personnalisation accrue de l’enseignement, souvent nécessaire pour ces élèves en difficulté. Cependant, les progrès ne se limitent pas aux matières scolaires.

"On observe une diminution des retards et de l’absentéisme. Mais en termes de français, de mathématiques ou de langues, tous ne progressent pas."
– Jessica Seyteur, professeure en sciences médico-sociales

Des enseignants en quête de moyens supplémentaires

Malgré ses atouts, la classe prépa-seconde présente des défis majeurs. Les enseignants se retrouvent parfois confrontés à des situations complexes, avec des élèves cumulant des difficultés.

"On récupère le mauvais élève de chaque collège pour en faire une classe complète. C’est très difficile, et beaucoup de collègues sont en souffrance."
– Lionel Jalaguier-Quaranta

Si certains cours bénéficient de deux enseignants, la plupart des disciplines ne disposent que d’un adulte pour gérer ces petits groupes exigeants. Les enseignants soulignent que le dispositif pourrait fonctionner de manière optimale, mais seulement avec davantage de moyens humains pour accompagner les élèves.

Une expérimentation à améliorer avant généralisation

Alors que la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, souhaite généraliser ce dispositif en 2026, les syndicats s’interrogent sur les conditions de mise en œuvre. Ils pointent notamment le manque de moyens et le risque de surcharger les enseignants sans amélioration significative des apprentissages.

Pour réussir cette transition et maximiser l’impact des classes prépa-seconde, il est indispensable d’investir dans un accompagnement renforcé, tant pour les élèves que pour les enseignants.

Et vous, que pensez-vous de ce dispositif ?

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SOURCE : FRANCEINFO