Collège : Nicole Belloubet et Christophe Kerrero appellent à repenser le pilotage et les enseignements

Un demi-siècle après sa création, quel avenir pour le collège unique ?
Où en est le collège unique, cinquante ans après la loi Haby ? Pourquoi ses ambitions initiales semblent-elles inabouties ? À l’occasion du Conseil national du SNPDEN-Unsa à Dijon les 21 et 22 mai 2025, Nicole Belloubet, ancienne ministre de l’Éducation nationale, et Christophe Kerrero, ancien recteur, ont livré leurs réflexions sur ce sujet. Selon eux, un consensus politique est désormais essentiel pour redéfinir les attentes du socle commun. Ils proposent aussi des pistes d’évolution en matière d’organisation et d’autonomie.
Une culture commune encore à construire
Pour Nicole Belloubet, l’objectif du collège unique reste de "constituer un acquis culturel commun", mais force est de constater que cet objectif n’a pas encore été atteint. Lors de la table ronde organisée à Dijon, elle reconnaît que "nous n’avons pas réussi de ce point de vue-là". Christophe Kerrero avance une explication : le modèle retenu fut celui du "petit lycée bourgeois" et non celui de l’école primaire supérieure, plus concret et accessible. Il regrette que le collège unique ait été conçu pour un public disposant déjà d’un fort capital culturel.
Vers un socle commun élargi et adapté aux enjeux actuels
Les deux intervenants s’accordent sur la nécessité d’un nouveau socle commun, plus inclusif et tourné vers l’avenir. À l’ère de l’intelligence artificielle, développer l’esprit critique devient une priorité. Nicole Belloubet plaide pour un socle élargi aux compétences pratiques, tandis que Christophe Kerrero valorise les modèles scandinaves, où les élèves apprennent aussi à cuisiner ou à travailler le bois. Pour eux, il ne faut pas laisser cette redéfinition aux seuls experts, mais ouvrir un large débat public sur les finalités de ce socle.
Les limites des groupes de besoin dans l’adaptation locale
Parmi les propositions récentes, les groupes de besoin introduits à la rentrée 2024 ont suscité le débat. Nicole Belloubet salue cette tentative de différenciation pédagogique, mais en souligne les limites. Selon elle, ces groupes ne permettent pas de répondre pleinement à la diversité des contextes scolaires. Elle aurait préféré que leur mise en œuvre soit confiée aux équipes pédagogiques, avec plus de souplesse pour cibler des lacunes précises. Ce modèle souple, dit-elle, aurait mieux respecté les principes d’équité du collège unique.
Une autonomie pédagogique encore trop encadrée
Nicole Belloubet considère que le système éducatif reste trop centralisé. Elle appelle à une "autonomie contractualisée", fondée sur les projets des établissements et les profils des élèves accueillis. Pour elle, l’État devrait "fixer les objectifs", mais laisser aux établissements la liberté de dessiner leurs propres curricula. Cela impliquerait une réallocation des ressources, une évaluation renforcée, et une formation adaptée des chefs d’établissement, comme c’est le cas en Finlande.
Donner aux établissements les moyens d’agir localement
Christophe Kerrero insiste sur l’urgence d’une autonomie budgétaire réelle. Il propose d’expérimenter une gestion intégrée des ressources à l’échelle des cités éducatives, incluant les budgets scolaires, périscolaires et extrascolaires. Il rappelle que si les investissements dans les écoles ont progressé, les collèges n’en ont pas bénéficié de manière équitable. Nicole Belloubet confirme qu’elle avait initié un rééquilibrage financier avant de quitter le ministère.
Éviter une mise en concurrence des établissements
Face aux craintes d’une mise en concurrence accrue, Nicole Belloubet nuance. Pour elle, cette concurrence existe déjà, comme en témoigne la progression continue du privé. Elle estime que l’autonomie n’accentuera pas ce phénomène, tant que l’État continue de définir les grandes orientations et d’assurer le contrôle. À l’inverse, l’inaction actuelle pourrait renforcer les disparités. Le risque, dit-elle, c’est de ne rien faire.

SOURCE : AEF INFO

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