Comment financer l’enseignement supérieur pour un avenir équitable ?

L’enseignement supérieur et la recherche (ESR) en France font face à des défis majeurs, accentués par des années de restrictions budgétaires. Alors que les universités peinent à maintenir leurs activités, il est essentiel de repenser leur financement pour garantir un accès équitable à l’éducation et préserver leur mission publique.
Un sous-financement, un choix politique
Le manque de ressources allouées à l’enseignement supérieur n’est pas une fatalité, mais le résultat d’une politique orientée. Alors que les aides publiques aux entreprises atteignent 150 milliards d’euros par an, le budget total de l’ESR est loin de bénéficier de cette ampleur. Une part importante des fonds alloués est également captée par des dispositifs comme le Crédit Impôt Recherche, souvent critiqués pour leur manque d’impact réel sur l’innovation. Cette situation reflète un choix délibéré de sous-financer un secteur pourtant essentiel pour l’avenir de la société.
Vers un refinancement démocratique
Pour revitaliser l’enseignement supérieur, un refinancement massif est nécessaire, mais il doit s’accompagner d’un contrôle démocratique. Cela passe par :
- Un financement public pérenne : Réserver un pourcentage fixe du PIB (au moins 2 % pour l’enseignement supérieur et 3 % pour la recherche) garantirait une stabilité financière et une indépendance vis-à-vis des pressions économiques privées.
- Une gestion nationale et collégiale : Les personnels des universités et de la recherche doivent participer activement à la définition des priorités budgétaires. Cela implique de réduire la fragmentation actuelle causée par la pseudo-autonomie des établissements.
- La fin des appels à projets : Ces dispositifs, souvent perçus comme inefficaces et coûteux, éloignent les universités de leur mission principale et renforcent une logique de concurrence au détriment de la collaboration.
Repenser l’utilisation des ressources
Des réformes ciblées pourraient libérer des fonds significatifs :
- Réduction des niches fiscales : Supprimer des dispositifs comme le Crédit Impôt Recherche ou les avantages pour les établissements privés rapporterait plus de 8 milliards d’euros par an.
- Valorisation des brevets : Les brevets issus de recherches publiques devraient rapporter des revenus justes, estimés à environ 2 milliards d’euros.
- Suppression des cabinets de conseil privés : L’arrêt du recours à des cabinets externes pourrait économiser près de 800 millions d’euros chaque année.
Investir dans un enseignement supérieur inclusif
Avec des ressources mieux allouées, il serait possible de :
- Réduire la précarité étudiante : En augmentant les aides, en améliorant les logements et en réduisant les frais liés à la vie universitaire.
- Recruter et revaloriser les personnels : Prioriser les recrutements en postes statutaires et revaloriser les salaires des enseignants-chercheurs et du personnel administratif.
- Moderniser les infrastructures : Investir dans des outils pédagogiques et des infrastructures numériques accessibles à tous.
Une réforme pour un avenir juste
Au-delà de la question des moyens, il est crucial de redéfinir la place et le rôle de l’enseignement supérieur dans la société. Cela implique de résister à la privatisation progressive des savoirs et de réaffirmer l’éducation comme un bien commun. Un financement massif et démocratique est la clé pour garantir une école supérieure accessible, inclusive et tournée vers l’avenir.
En plaçant l’intérêt général au cœur des priorités, nous pouvons transformer l’enseignement supérieur en un véritable moteur de progrès pour tous.

SOURCE : HUMANITÉ

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