Comment le rectorat de Dijon tente d’atteindre la cible de 6 % de travailleurs handicapés

À l’occasion des 20 ans de la loi de 2005, qui a marqué une avancée majeure pour les droits des personnes en situation de handicap, Annette François, correspondante handicap, et Valérie Abid, chargée d’appui au handicap, expliquent à AEF info les actions mises en place par le rectorat de Dijon pour respecter ses obligations d’employeur. En réponse aux directives du ministère, un schéma directeur du handicap est en cours d’élaboration et sera finalisé d’ici mars-avril.
« Il est essentiel de mettre les agents en confiance pour qu’ils se déclarent et puissent bénéficier des dispositifs existants, tels que les aménagements de poste ou la période préparatoire au reclassement », souligne Annette François. Par ailleurs, le rectorat participe à un groupe de travail sur la mobilité inter-fonction publique avec dix autres employeurs publics afin d’élargir les opportunités de maintien dans l’emploi.
Un taux de travailleurs handicapés encore insuffisant
AEF info : l’académie de Dijon respecte-t-elle son obligation d’atteindre 6 % de travailleurs handicapés ?
Annette François : Actuellement, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est de 3,18 %, en progression par rapport aux 2,89 % de 2023. Toutefois, il reste inférieur à la moyenne nationale de l’Éducation nationale, qui dépasse les 4 %.
L’académie a adopté une approche progressive pour structurer sa politique handicap. Nous avons d’abord clarifié nos processus d’accompagnement des travailleurs handicapés, avant d’engager, depuis l’année dernière, un travail plus spécifique sur l’amélioration du taux d’emploi. Ce travail commence à porter ses fruits, comme en témoigne l’augmentation du taux.
Valérie Abid : Le ministère nous demande d’organiser notre politique handicap de manière plus structurée. Nous nous inscrivons pleinement dans cette démarche avec un schéma directeur prévu pour mars-avril. Il précisera notamment les procédures de recensement et le rôle des référents handicap.
Une organisation dédiée à l’accompagnement
AEF info : quels moyens humains sont mobilisés pour accompagner les agents en situation de handicap ?
Annette François : Contrairement à d’autres académies, nous avons choisi d’intégrer le handicap et le maintien dans l’emploi au sein du pôle d’accompagnement des ressources humaines, qui dépend directement du DRH. Ce pôle pilote diverses actions : sensibilisation, déploiement de la politique académique, reconversions et évolutions professionnelles.
L’équipe dédiée au handicap est composée de trois personnes : je suis chargée du déploiement de la politique académique, Valérie Abid gère la sensibilisation et le suivi du taux d’emploi, et une assistante s’occupe des aménagements de poste et du recrutement des bénéficiaires de l’obligation d’emploi. Nous collaborons également avec la division des affaires financières, qui gère les factures liées aux aménagements de poste, ainsi qu’avec un réseau de référents handicap présents dans chaque DSDEN.
Sensibiliser pour encourager la déclaration
AEF info : quelles sont les actions prioritaires pour atteindre 6 % de travailleurs handicapés ?
Annette François : La sensibilisation est un axe clé. Beaucoup d’agents ne se déclarent pas par méconnaissance ou par crainte. Nous devons leur donner confiance et les informer sur les différentes formes de handicap.
Cette année, nous avons participé pour la première fois à la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Nous avons organisé un séminaire à destination des cadres, des ateliers en partenariat avec Cap Emploi, et diffusé chaque jour des messages aux 500 agents du rectorat sur des thématiques liées au handicap sous forme de quiz ludiques.
Valérie Abid : L’un des temps forts a été notre participation au duo Day, où nous avons formé 14 duos, un chiffre au-delà de nos attentes. Cela nous a permis d’établir des partenariats avec divers organismes tels que Cap Emploi, Challenge Emploi et des Esat. Cette dynamique se poursuit avec un groupe de travail interne dédié à la sensibilisation.
Des résultats encourageants
AEF info : ces actions ont-elles permis une augmentation du nombre d’agents déclarés ?
Annette François : Oui, nous avons constaté que plusieurs agents se sont déclarés et ont pris contact avec le médecin du travail. Nous attendons des données précises d’ici avril, mais nous recevons de plus en plus de demandes d’information, signe que la dynamique est enclenchée.
Valérie Abid : Concernant le recrutement, certaines personnes ayant participé au duo Day envisagent désormais d’intégrer l’académie via les dispositifs spécifiques aux travailleurs handicapés.
Recrutement et mobilité pour renforcer l’inclusion
AEF info : combien de postes sont proposés aux travailleurs handicapés ?
Annette François : Chaque année, nous organisons des jurys pour intégrer des candidats ayant les diplômes requis. Ils commencent en tant que stagiaires et peuvent être titularisés après un an.
Par exemple, il y a deux ans, nous avons recruté quatre professeurs des écoles en Saône-et-Loire. L’an dernier, cinq personnels administratifs ont été embauchés. Une fois recrutés, ils bénéficient d’un accompagnement spécifique, notamment pour leur affectation, afin d’éviter des contraintes géographiques trop importantes.
AEF info : quelles actions sont menées pour favoriser la mobilité des travailleurs handicapés ?
Valérie Abid : Nous participons à un groupe de travail sur la mobilité inter-fonction publique avec dix autres employeurs. L’objectif est d’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles aux agents concernés.
Annette François : En tant qu’académie rurale, nous avons moins d’options de reclassement que les grandes métropoles. Ce groupe de travail nous permettra d’identifier des opportunités adaptées. Nous avons déjà noué des partenariats avec Dijon Métropole et l’Université Bourgogne Europe.
Des aménagements pour garantir l’accessibilité
AEF info : quels types d’aménagements sont proposés aux agents en situation de handicap ?
Annette François : Les aménagements matériels sont les plus fréquents : sièges ergonomiques, appareils auditifs, ou encore salles de classe fixes pour éviter les déplacements. Des prises en charge de transport domicile-travail sont également mises en place.
Les aménagements horaires existent mais sont plus limités, principalement sous forme d’allégements de service pour les enseignants, sur préconisation médicale. L’organisation de ces aménagements se fait en concertation avec les chefs d’établissement.
Améliorer le suivi des aménagements
AEF info : comment assurez-vous le respect des aménagements préconisés ?
Annette François : Les agents nous signalent lorsque leurs aménagements ne sont pas respectés. Nous intervenons alors auprès des chefs de service ou des chefs d’établissement pour trouver une solution. Dans certains cas, le médecin du travail se déplace.
Globalement, 99 % des agents accompagnés sont satisfaits des solutions mises en place.
AEF info : peut-on alléger les démarches pour le renouvellement des allégements horaires ?
Annette François : L’allègement horaire est réévalué annuellement. Il est destiné aux enseignants et vise à répondre à une problématique médicale temporaire, sans se substituer à un temps partiel de droit.
Nous poursuivons nos efforts pour structurer notre politique handicap et atteindre l’objectif des 6 %. Le travail engagé porte ses fruits, mais des défis restent à relever pour renforcer l’inclusion au sein de l’académie.

SOURCE : AEF INFO

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