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ÉDUCATION
28
March 2025

Comment les CFA publics s’adaptent face à la hausse des ruptures de contrat d’apprentissage

Réunis à Strasbourg les 17 et 18 mars 2025 pour le séminaire national de l’apprentissage, les CFA publics ont réfléchi aux moyens de limiter les ruptures de contrat d’apprentissage. Dans un contexte de forte croissance des effectifs après la réforme, les Opco Akto et EP ont partagé leurs analyses sur les causes principales de ces ruptures : niveau de diplôme, secteur d’activité, expérience du tuteur, etc. Certains établissements révisent aujourd’hui leurs formations de maîtres d’apprentissage pour intégrer davantage de communication intergénérationnelle et les rendre plus attractives.

Mieux comprendre les causes de rupture

Au cœur de ce séminaire, une table-ronde intitulée “Prévention des ruptures des contrats d’apprentissage et formation des maîtres d’apprentissage” a permis d’échanger autour de plusieurs expérimentations. Des représentants d’Opco (EP et Akto), du CFA académique de Limoges et du Greta-CFA Lorraine Centre y ont partagé leurs données et initiatives.

Une diversité de situations

La hausse globale des ruptures pousse les CFA à mieux analyser les indicateurs, qui restent toutefois très variables selon les sources. Claire de Bengy, directrice adjointe du CFA académique de Limoges, distingue par exemple “ruptures brutes” et “ruptures nettes” : “10,91 % de ruptures brutes, mais seulement 5,37 % de ruptures définitives”. Elle souligne aussi qu’un jeune accompagné par l’UFA retrouve un contrat une fois sur deux.

Le Greta Lorraine Centre affine aussi ses analyses, en distinguant les ruptures “sèches” des ruptures “valorisées”, c’est-à-dire suivies d’un retour en formation ou d’un changement de statut. Une expérimentation permet actuellement d’extraire automatiquement ces données depuis le logiciel Ypareo.

Nicolas Pflumio, directeur opérationnel, souligne également des écarts selon le niveau de qualification : plus les niveaux sont bas, plus les ruptures sont fréquentes. Il remarque aussi que les groupes mixtes (d’abord en scolaire, puis en apprentissage) affichent de meilleurs résultats que les groupes composés uniquement d’apprentis.

Les quatre grands facteurs identifiés par Akto

Selon Stéphane Busseuil, responsable alternance chez Akto Grand Est, plusieurs éléments expliquent les ruptures. Une étude nationale menée sur les contrats de 2022 a permis d’identifier quatre grands facteurs :

  • La taille de l’entreprise : les plus petites structures manquent parfois de cadres ou de tuteurs expérimentés.
  • L’expérience : de nombreuses entreprises et CFA se sont lancés récemment dans l’apprentissage sans avoir encore tous les repères.
  • Le niveau de diplôme : les apprentis les plus âgés, préparant un diplôme de niveau supérieur, rompent moins souvent.
  • Le secteur d’activité : certains, comme l’hôtellerie-restauration, enregistrent des taux de rupture supérieurs à la moyenne.

Ces facteurs combinés dressent un “portrait type du rupturant” : souvent un jeune homme de moins de 18 ans, en CAP, dans une TPE du secteur HCR.

Une enquête qualitative menée par l’Opco EP

L’Opco EP a mené de son côté une enquête régionale sur les ruptures, après une forte hausse des contrats (+300 % en trois ans) mais aussi du taux de rupture (passé de 12 à 28 %). Sur 3 000 contrats rompus analysés, 441 acteurs ont été interrogés : 300 entreprises, 64 apprentis, 85 CFA et plusieurs institutions.

L’objectif : comprendre les causes de rupture selon chaque acteur. Céline Huré, déléguée régionale adjointe, note que certaines entreprises adoptent une logique de recrutement “industrielle”, prenant plusieurs apprentis pour n’en conserver qu’un ou deux. Parfois, elles renouvellent un recrutement chaque année sans tirer de leçon des ruptures précédentes.

Les regards croisés entreprise/apprenti sont aussi révélateurs. Quand l’une évoque un manque d’initiative, l’autre parle d’un manque d’encadrement. L’impatience d’un côté, l’ennui de l’autre. Deux tiers des ruptures sont aujourd’hui à l’initiative de l’apprenti, souvent sur son tout premier contrat.

Un point notable : en Alsace-Moselle, où la formation des maîtres d’apprentissage est obligatoire, les taux de rupture ne sont pas plus bas qu’ailleurs.

Repenser la formation des maîtres d’apprentissage

Pour faire face à ces constats, les CFA adaptent leurs offres de formation. Le CFA académique de Limoges a choisi un format court, d’une journée, pour s’adapter aux contraintes des TPE et PME. La journée comprend des saynètes théâtrales, des jeux, et des échanges directs avec les équipes pédagogiques. Elle est organisée après les 45 jours de période d’essai, pour impliquer au mieux les entreprises. Résultat : 116 maîtres formés issus de 107 entreprises, avec d’excellents retours.

Du côté de l’Opco EP, les attentes sont claires : des formations concrètes, en présentiel, courtes et adaptées aux réalités des entreprises. La dimension juridique est à limiter pour ne pas décourager les participants. L’accent est mis sur la compréhension des jeunes générations et la gestion intergénérationnelle.

Le Greta Lorraine Centre a revu lui aussi son dispositif, en collaboration avec l’Opco EP :

  • Jour 1 : après signature du contrat, les maîtres d’apprentissage échangent autour de la fidélisation, de la marque employeur et de la communication.
  • Jour 2 : deux à trois mois plus tard, pour faire un retour d’expérience.

Résultat : 25 sessions menées, 120 maîtres formés, et un taux de satisfaction de 96 %. Seul bémol : la difficulté de mobilisation sur deux jours.

Des leviers multiples pour prévenir les ruptures

Akto insiste sur l’importance d’une formation adaptée des maîtres d’apprentissage, intégrant des aspects managériaux. Mais la prévention passe aussi par une meilleure orientation, des visites en CFA avant la signature du contrat, et un accompagnement de qualité en cas de rupture pour éviter l’abandon.

SOURCE : AEF INFO

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