Contributions, moyens… Les régions redoutent une recentralisation du champ de l’orientation

Le système français d’orientation est d’une efficacité limitée, estime François Bonneau, président de la commission Éducation de Régions de France, lors d’une rencontre inter-régions sur l’orientation le 16 octobre 2024. En dressant un bilan des actions menées par les régions en matière d’information sur l’orientation, une étude commandée par Régions de France relève des difficultés liées au partage des missions avec les services nationaux et souligne un transfert incomplet des moyens. Les régions craignent également une recentralisation des actions d’orientation. Lors de la troisième rencontre inter-régions sur l’orientation, organisée le 16 octobre 2024, le cabinet Olecio a présenté l’étude "bilan et perspectives du service public régional d’orientation (SPRO)" commandée par Régions de France, dix ans après la loi du 5 mars 2014, qui confie aux régions l’animation et la coordination de la mise en œuvre des politiques d’orientation tout au long de la vie, en se concentrant sur les besoins spécifiques des populations et des territoires.
Mais alors que depuis 2023 près d’un million de personnes sont directement informées sur les métiers par les actions des régions (tels que les collégiens, les lycéens et les étudiants), le système français d’orientation reste d’une efficacité limitée, avec des inégalités persistantes liées à la position sociale, au genre et à la géographie, déplore François Bonneau, président de la commission Éducation-Orientation-Formation-Emploi de Régions de France, lors de la rencontre. Et aujourd’hui, 41 % des jeunes de 17 à 23 ans estiment ne pas avoir suffisamment d’informations pour s’orienter, rapporte le bilan. Le temps alloué à la découverte des métiers dans le cadre scolaire reste dans les faits insuffisant, ce qui mène des jeunes à se retrouver en décrochage précoce ou en difficulté d’insertion, détaille le rapport.
La question de l’optimisation des contributions
Dans le cadre du rapport, la plupart des régions auditionnées ont souligné leurs difficultés sur la question de l’optimisation des contributions respectives. Par exemple, l’Onisep et les régions sont en charge d’une même compétence : alors que l’Onisep met à disposition la documentation nécessaire en vue de l’orientation scolaire et professionnelle pour les éducateurs, parents, étudiants et élèves, la région élabore de son côté la documentation de portée régionale sur les professions et les enseignements avec l’aide de l’Onisep. Et d’après le rapport, cette articulation entre production et diffusion, mais aussi entre outils de portée nationale ou régionale, peut être sujette à des interprétations.
Pour corriger ces difficultés, l’étude suggère tout d’abord un effort de clarification de l’État par le dialogue, mais cette proposition ne satisfait pas les régions qui constatent des limites en termes de compétences et de responsabilités moins distribuées et diluées. Le deuxième axe d’action proposé repose sur la co-tutelle de la compétence entre régions et autorités académiques pour la mise en place de structures régionales mixtes. Bien que ce scénario ne soit pas privilégié par les régions, les autorités académiques estiment néanmoins qu’il s’agit d’une avancée pour mieux travailler ensemble. Enfin, le rapport suggère la compétence pleine et entière sur les politiques d’orientation confiées aux régions. Dans ce scénario, les régions seraient responsables de la définition et de la mise en œuvre des politiques sur leur territoire.
Un transfert incomplet des moyens
Vingt ans après la réforme de 2004, l’étude rapporte que la question du transfert de moyens humains et financiers de l’Éducation nationale vers les régions en matière d’orientation est toujours au cœur des débats. Alors que les missions des régions ont été décuplées avec un transfert de compétences, ce dernier semble incomplet. Des moyens budgétaires et humains sont insuffisants, alors qu’ils sont pourtant nécessaires à la mise en œuvre des missions de la région. Le rapport souligne des actions qui reposent parfois sur un volontarisme budgétaire de la région insoutenable et anormal au regard des enjeux d’orientation de l’ensemble des publics cibles.
Pour y remédier, l’étude suggère le transfert effectif des moyens humains et financiers aux régions pour assurer leurs missions en matière d’orientation, notamment en réévaluant les transferts de moyens financiers et en transférant les directeurs de CIO, les équipes régionales de l’Onisep et l’ensemble des équipes de l’Éducation nationale en charge de l’orientation aux régions.
Recentralisation du champ de l’orientation ?
Nous avons besoin d’un choc de décentralisation, déclarait Valérie Pécresse l’année dernière, lors du salon inter-régions sur l’orientation de 2023. Mais si la mise en place du SPRO a constitué un acte de décentralisation nécessaire, les évolutions plus récentes ont pu interpeller les régions, souligne le rapport. Par exemple, la plateforme "Avenir(s)" de l’Onisep a participé au sentiment de recentralisation sans justification objective en termes d’optimisation de l’action publique, rapporte Olecio. En effet, les régions estiment avoir été trop peu sollicitées pour sa conception.
Par ailleurs, les régions ne comprennent pas le positionnement de l’Onisep au niveau national. Alors que depuis 2018 ces dernières ont la compétence sur la régionalisation de l’information métiers, l’enquête souligne qu’elles observent d’un côté la persistance d’une information par région sur le site national de l’Onisep, et de l’autre, la programmation d’une information renforcée avec la plateforme Avenir(s) et intégrée aux ENT qu’elles mettent à disposition des lycées.
Ainsi le rapport suggère un engagement constant et réaffirmé de l’État dans la logique de décentralisation de la compétence orientation. Il est par exemple recommandé d’installer le Crefop comme espace premier de concertation et de pilotage, de rappeler aux acteurs de l’État d’une part les principes de décentralisation et d’autre part que le SPRO est le service qui organise l’accueil, l’orientation et l’information pour tous les publics.

SOURCE : AEF INFO

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