Le décrochage scolaire en milieu rural : Un phénomène silencieux qui nécessite notre attention

Quand on parle de décrochage scolaire, l'attention des médias et des politiques se concentre rarement sur les établissements ruraux, observe Audrey Jougla, professeure de philosophie dans un lycée à Nantes. Pourtant, des initiatives locales existent pour combler ces inégalités et lutter contre l'autocensure des élèves qui limitent leurs ambitions.

L’école de la République a souvent été perçue comme une imposition de l’État centralisé, négligeant les particularismes locaux et rejetant les cultures et langues régionales. Aujourd'hui, une nouvelle opposition se dessine entre les milieux urbains et ruraux, ce dernier représentant 20 % des élèves mais étant souvent oublié dans les luttes contre l’échec scolaire.

Une attention médiatique et politique insuffisante

Lorsqu'il s'agit de mesures contre le décrochage scolaire, on pense généralement aux établissements de banlieue des grandes villes. Rarement l'attention se porte sur les écoles rurales, où le décrochage scolaire est plus discret et nécessite d'autant plus notre attention.

Les élèves des communes rurales ont des journées plus longues, en raison des trajets en car à travers la campagne. Pour certains, se rendre au collège ou au lycée est un véritable voyage.

L’Éloignement culturel

L'éloignement n’est pas seulement géographique mais aussi culturel. Selon l'Insee, 29 % des collégiens en milieu rural ont un parent ouvrier, une catégorie professionnelle surreprésentée. Le capital culturel des élèves ruraux est souvent insuffisant, ce que l’école doit pallier à travers des références culturelles, des livres, des sorties et des spectacles. L'accès aux expositions, voyages culturels et à l'art est une mission essentielle de l'école et des enseignants.

L’Autocensure : Un frein à l’ambition

Les élèves ruraux ont de bonnes performances scolaires jusqu’à la fin du collège, mais leurs ambitions sont souvent moindres que celles des élèves urbains. Cette situation est due à une autocensure des élèves et de leurs familles, limitant les aspirations et empêchant même les bons élèves de se projeter dans des études longues ou des filières sélectives.

Initiatives pour contre l’inhibition

Pour remédier à cette autocensure, l’association « De la Vendée aux grandes écoles » organise des présentations et du mentorat dans les lycées pour encourager les élèves à postuler en classes préparatoires et à envisager des cursus souvent perçus comme réservés aux élites urbaines.

Conscient de cette inégalité, le gouvernement a instauré en 2021 un dispositif expérimental intitulé Territoires éducatifs ruraux pour développer l’ambition scolaire, avec 3 000 places dans des internats d’excellence où l’accompagnement pédagogique est renforcé. De même, le Cours Clovis propose depuis 2017 dans l’Aisne une école-pilote encourageant l’excellence en milieu rural.

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