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ÉDUCATION
14
February 2025

Dyslexie, TDAH... L'éducation nationale face aux défis des troubles des apprentissages

La prévalence de ces troubles n'augmente pas réellement, mais l'école peine toujours à s'adapter aux besoins des élèves, malgré l’existence de méthodes éprouvées pour les accompagner.

Une hausse des diagnostics, mais pas nécessairement des cas

On entend souvent que les diagnostics de troubles neurodéveloppementaux (dyslexie, dyspraxie, autisme, TDAH…) sont en forte augmentation, mettant sous pression les enseignants et le système scolaire. Certains y voient un effet de mode ou une tendance à "médicaliser l’échec scolaire", notamment dans les milieux favorisés, tandis que d’autres s’inquiètent d’une véritable explosion de ces troubles.

En réalité, le nombre de diagnostics a bel et bien progressé, mais cela ne signifie pas que davantage d’enfants soient touchés. Historiquement, les élèves ayant des difficultés majeures en lecture ou en calcul étaient souvent considérés comme "paresseux" ou "incapables" et mis de côté. La reconnaissance officielle des troubles spécifiques des apprentissages par les instances médicales (notamment depuis 1975 par l’OMS) a permis d’identifier ces cas de manière plus systématique.

La sensibilisation croissante des familles et des enseignants a également contribué à cette hausse des diagnostics. De plus, les politiques d’inclusion mises en place depuis 2005 en France ont ouvert de nouveaux droits, incitant davantage de parents à demander des reconnaissances de handicap et des aménagements scolaires. Dans certains cas, comme l’autisme, les critères diagnostiques ont même été élargis (en 2013), augmentant mécaniquement le nombre de cas identifiés.

Malgré diverses hypothèses évoquant des causes environnementales (pollution, nutrition, écrans...), aucune n’a été validée scientifiquement. Il ne s’agit donc ni d’une "épidémie", ni d’un simple phénomène de mode, mais d’une meilleure reconnaissance de troubles longtemps ignorés.

L'école face à un défi d’adaptation

L’éducation nationale peine à répondre aux besoins des élèves concernés. L’institution oscille entre deux approches : traiter ces difficultés en interne, via des méthodes pédagogiques adaptées, ou bien externaliser rapidement les cas vers des spécialistes médicaux.

Le problème du modèle médical est qu’il repose sur des diagnostics tardifs, généralement posés après un échec prolongé en lecture, écriture ou mathématiques, souvent en fin de CE1. Or, toutes les études montrent que plus l’intervention est précoce, plus elle est efficace pour éviter une spirale d’échec scolaire.

Une méthode efficace : la réponse à l’intervention

Pour relever ce défi, une approche a fait ses preuves en Amérique du Nord, en Europe et même en France : la "réponse à l’intervention". Ce modèle repose sur une évaluation régulière des progrès des élèves et une adaptation progressive des méthodes pédagogiques. Il s’articule en trois paliers :

  1. Un enseignement de qualité pour tous : dès la classe entière, les meilleures pratiques sont appliquées pour permettre à 80-85 % des élèves d’atteindre les objectifs scolaires. En lecture, cela inclut un travail sur la conscience phonologique, le vocabulaire et l’apprentissage explicite et structuré des correspondances graphèmes-phonèmes.
  2. Un soutien renforcé pour les élèves en difficulté : après quelques mois, les 15-20 % d’élèves qui rencontrent des difficultés bénéficient d’un accompagnement intensif et en petits groupes, avec des méthodes plus explicites et plus ciblées.
  3. Un accompagnement spécialisé si nécessaire : pour les élèves dont les progrès restent insuffisants malgré ces interventions, une prise en charge plus individualisée est envisagée, incluant des enseignants spécialisés et, si besoin, un diagnostic médical approfondi.

Des outils à disposition des enseignants

Cette approche, souple et pragmatique, privilégie une réponse pédagogique adaptée dès les premiers signes de difficulté, évitant ainsi d’attendre un échec avéré ou un diagnostic formel avant d’agir. Elle permet également de réduire le nombre de bilans médicaux inutiles et de limiter la surcharge des professionnels de santé comme les orthophonistes.

Pour aider les enseignants à identifier les élèves ayant besoin d’un accompagnement spécifique, les évaluations nationales – comme celles de mi-CP – constituent un outil précieux. Afin de les guider dans l’exploitation de ces données et la mise en place des interventions adaptées, le Conseil scientifique de l’éducation nationale a publié une note à leur attention le 11 février.

En adoptant ces pratiques, l’éducation nationale pourrait mieux accompagner les élèves présentant des troubles des apprentissages, en leur offrant une pédagogie adaptée sans les stigmatiser ni les exclure du système scolaire.

SOURCE : L'EXPRESS

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