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ÉDUCATION
2
October 2024

E. Ethis (recteur de Rennes) : "On va construire Bretagne 2030, un projet académique en cinq ans"

Nouveau gouvernement, politiques publiques, rentrée scolaire, spécificités académiques... Cette année, EducPros donne la parole à différents recteurs de France. Voici l'épisode 2 de cette nouvelle série avec Emmanuel Ethis, recteur de la région académique de Bretagne.

Emmanuel Ethis est recteur de l'académie de Rennes depuis avril 2019. Il avait auparavant exercé cette fonction à Nice (2015-2019), après avoir été président de l'université d'Avignon (2007-2015). Il revient pour EducPros sur les enjeux de la rentrée, la nomination du nouveau gouvernement et les défis spécifiques à l'académie de la région Bretagne.

Quelle devrait être la priorité de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet ?

Il est difficile de donner une réponse unique, car chaque académie a ses propres défis. Pour la région académique de Bretagne, l'une des priorités serait de se concentrer sur les 65 % de territoires ruraux, en particulier l'avenir des écoles rurales. Cette question est étroitement liée à la baisse démographique, comme dans d'autres régions de France.

Quels sont les défis liés au caractère rural de la Bretagne ?

Certains élèves parcourent jusqu'à 2h30 en transport chaque jour. Si l'on met en lien le temps de trajet avec la réussite scolaire, on observe souvent que les élèves vivant loin réussissent moins bien. Nous allons donc travailler avec les compagnies de transport pour améliorer cette situation : proposer des services numériques dans les bus, aménager les véhicules pour qu'ils soient plus confortables et permettre ainsi aux élèves de réviser pendant le trajet.

Pourquoi l'académie de Rennes a-t-elle un taux de réussite au bac aussi élevé ?

En tant que sociologue de l'éducation, cela m'a intrigué en arrivant en Bretagne. Pourquoi cette région est-elle si souvent citée comme un modèle d'excellence scolaire ? L'explication réside dans son histoire. Après la Seconde Guerre mondiale, la Bretagne manquait de ressources, et les politiques bretons ont mis l'accent sur l'éducation. Aujourd'hui, cette priorité est partagée par tous : élus, parents et bien sûr nous, les éducateurs. La culture bretonne, avec ses nombreuses médiathèques et ses bagadoù (orchestres traditionnels), joue également un rôle clé dans cette réussite.

Comment s'est passée la mise en place des groupes de besoins dans les classes de 6e et 5e ?

Nous devons encore attendre des retours plus complets pour en tirer des conclusions. Nous avons cependant formé les enseignants sur cette approche, en mettant l'accent sur l'objectif principal : aider ceux qui rencontrent des difficultés, et non pas simplement créer des groupes pour créer des groupes.

Quelle est votre vision sur la présence importante de l'enseignement privé en Bretagne ?

Je ne peux pas répondre à la place du président de la Région, mais mon objectif, en tant que recteur, est de faire réussir tous les jeunes, qu'ils soient dans le public ou le privé. Nous entretenons le même dialogue avec tous les établissements.

La Bretagne échappe-t-elle aux difficultés de recrutement d'enseignants ?

À cette rentrée, nous avons réussi à placer un enseignant devant chaque classe. Nous n'avons pas rencontré de difficultés de recrutement et nos concours sont complets.

Quels sont les enjeux pour les enseignants dans votre académie ?

Cette année, j'ai invité tous les syndicats à discuter des difficultés qu'ils rencontrent et à échanger sur le projet académique Bretagne 2030. Mon objectif est d'accompagner au mieux les collègues sur le terrain. Je suis conscient des difficultés, mais je tiens à ce que le dialogue social soit maintenu et productif.

Quel est le projet académique pour Bretagne 2030 ?

Nous allons aligner notre projet académique sur les axes de France 2030, en tenant compte des spécificités bretonnes : l'océan, les fonds marins, le bâtiment durable, l'agriculture, l'agroalimentaire, la cybersécurité et le numérique. L'objectif est de permettre aux jeunes bretons de se projeter dans un avenir serein, notamment en travaillant dès maintenant sur les problématiques d'orientation.

Comment encourager les jeunes à se tourner vers des parcours diversifiés ?

Il est important de travailler l'orientation et de mieux faire connaître les métiers dès le collège. Par exemple, Brest abrite Ifremer, un centre de recherche national de renom. Il faut que les jeunes bretons se disent : "Ça, c'est pour moi !" Nous devons également mobiliser les enseignants du supérieur pour accompagner cette démarche.

Comment la carte des formations en Bretagne est-elle adaptée aux besoins ?

Nous ajustons la carte des formations en fonction des évolutions des secteurs d'activité. La Bretagne se porte bien sur le plan socio-économique, donc nous accompagnons les territoires en tension. La carte des formations est revue chaque année pour s'assurer qu'elle réponde aux besoins du marché de l'emploi.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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