L'e-réputation commence par l’éducation à l’image

Avec l’essor de Facebook, Twitter, et la multiplication des écrans, les nouveaux médias offrent de nombreuses opportunités de communication et d’apprentissage, à condition de bien comprendre et appliquer les règles qui régissent ces espaces numériques.

Contrôler son image en ligne

"qui sont vos followers ? qui suivez-vous ? voici une sélection de photos et de vidéos tirées de votre compte Twitter, et donc publiques... pensez-vous qu’elles donnent une bonne image de vous ?" Ces questions proviennent du test "mesdatasetmoi - réseaux sociaux", disponible sur mesdatasetmoi.fr. Ce site, développé en partenariat avec la MAIF et l’agence Reputation Squad, spécialisée dans l’e-réputation, permet aux utilisateurs d’évaluer leur image en ligne. En se connectant à leur compte Twitter, ils répondent à 11 questions pour faire un bilan de leur présence sur le réseau. Un autre questionnaire est aussi proposé pour Facebook.

Ces quiz, à la fois ludiques et instructifs, sont destinés à tous et constituent un excellent support pédagogique pour les parents et enseignants. Bien que les jeunes se montrent particulièrement à l’aise sur les réseaux sociaux, ils ne mesurent pas toujours les conséquences de leur utilisation. Cette plateforme offre une approche non moralisatrice pour aborder ces sujets et permet aux adultes de lancer la discussion de manière constructive.

Ouvrir le débat dans le cadre scolaire

Les enseignants sont souvent confrontés aux problématiques liées aux réseaux sociaux. "il arrive que des règlements de comptes sur Facebook provoquent un mal-être chez certains élèves, au point qu’ils s’absentent des cours", raconte Stéphanie, professeur d’anglais dans un lycée technique du nord-pas-de-calais. "je leur parle de l’importance de leur image en ligne et de la nécessité de la protéger." Des outils sur l’e-réputation, la confidentialité des données ou l’usage des réseaux sociaux sont mis à disposition des enseignants. Par exemple, le site éduscol répertorie des projets développés par des documentalistes et enseignants à travers plusieurs académies.

Le brevet informatique et internet (B2i) constitue également un bon point de départ pour aborder ces sujets. Virginie Roeckel, professeur de technologie au collège de bourtzwiller, explique : "je m’appuie sur le B2i et les fiches de la Cnil pour initier un débat. Les élèves ignorent souvent la visibilité de leurs propos en ligne et sont surpris lorsqu’on évoque les dangers d’internet, même si certains en ont déjà conscience." De son côté, la page facebook "éducation parents-profs", créée par la MAIF, a également abordé la question à travers une vidéo intitulée "3 questions sur l’e-réputation", dans laquelle Albéric Guigou, co-fondateur de Reputation Squad, donne des conseils pour protéger la confidentialité en ligne.

Protéger les enseignants des risques en ligne

Les enseignants, eux aussi, peuvent se retrouver exposés aux dangers des réseaux sociaux. La fédération des autonomes de solidarité laïque (ASL) a analysé pendant cinq ans les cas de protection juridique traités dans le cadre de "l’offre métiers de l’éducation", proposée en partenariat avec la MAIF. Son dernier baromètre "climat scolaire et relations dans les établissements", basé sur 5 816 dossiers de protection juridique entre 2012 et 2013, révèle que 3,35% des dossiers (soit 195 cas) concernaient un préjudice lié à internet. Pour éviter ces problèmes, de nombreux enseignants optent pour l’utilisation d’un pseudonyme ou choisissent tout simplement de ne pas s’inscrire sur les réseaux sociaux.

Une prise de conscience croissante chez les élèves

De leur côté, les élèves semblent devenir de plus en plus prudents. "il y a cinq ans, j’entendais encore des histoires de conflits sur Facebook", se souvient Virginie Roeckel. "mais aujourd’hui, les élèves viennent plutôt me demander de l’aide pour des problèmes techniques." Michelle Vadam, professeur-documentaliste dans un collège de Mulhouse, partage cet avis. "certains élèves expriment même leur volonté de se protéger des réseaux sociaux. Notre rôle est de les sensibiliser aux risques, mais c’est aux parents d’assurer une surveillance quotidienne." Elle accorde une importance particulière à l’éducation à l’image. "nous vivons une période charnière où les pédagogues doivent évoluer avec les écrans. Beaucoup de jeunes ne savent pas les utiliser correctement : insérer une image dans un document Word, respecter les droits d’auteur. pour eux, l’écran est un jeu alors qu’il devrait être un outil pédagogique." Michelle travaille avec les professeurs pour enseigner la recherche d’informations en ligne, tout en rappelant l’importance des livres dans l’éducation à l’image et aux écrans.

L'écran : un complément à la réalité

L’éducation via les écrans et les images est un sujet qui suscite des débats parmi les pédagogues et les parents. L’association francophone de psychologie et psychopathologie de l’enfant et l’adolescent (appea) a organisé un colloque en octobre dernier, intitulé "enfants mutants ? révolution numérique et variation de l’enfance". Pour Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, les écrans ne constituent pas une menace pour l’apprentissage, à condition de respecter certains prérequis : "on peut tirer un excellent parti des écrans si l’on a d’abord intégré des repères temporels, grâce à la lecture par exemple." Il souligne également que l’image de l’enfant seul face à l’écran a beaucoup évolué en dix ans. "on réfléchit désormais à la manière dont les interactions avec l’écran peuvent enrichir la découverte, au même titre que la vie réelle."

Ces questions sont approfondies dans deux conférences organisées par la MAIF et accessibles en ligne : l’une sur "la famille face à la révolution numérique", donnée par Serge Tisseron, et l’autre, "les mutations internet, impacts sur l’apprentissage", signée Serge Soudoplatoff.

Apprendre en alliant mots et images

Les interactions entre les mots et les images sont également au cœur du "camion des mots", un projet qui parcourt la France pour rencontrer les élèves du CE2 à la troisième. Cette initiative, soutenue par les magazines lire et l’express, France 3, la MAIF et Renault Trucks, invite les élèves à rédiger un texte en classe, puis à le filmer dans un studio d’enregistrement mobile. Cette expérience leur permet de découvrir l’univers de l’audiovisuel, tout en offrant aux enseignants des outils pour sensibiliser aux médias et à l’image. Autant d’initiatives qui encouragent à utiliser les écrans de manière éducative et constructive.

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