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ÉDUCATION
27
August 2025

Écarts filles-garçons en maths : les doutes du CSEN sur l’efficacité d’une formation en ligne

"Toutes les formations n’ont pas nécessairement les effets désirés", mais les évaluer est nécessaire "surtout si elles ont vocation à être déployées à grande échelle", estime le CSEN dans une note parue en juillet 2025. Cette analyse s’appuie sur une formation en ligne suivie par 700 enseignants de CP, dont les résultats montrent des effets limités sur les acquis des élèves et aucun impact sur les écarts entre filles et garçons. L’étude met en évidence l’importance de l’entraînement, de la répétition et du feedback dans l’acquisition des gestes professionnels.

Une étude menée auprès de 700 enseignants de CP

En 2023-2024, 700 professeurs des écoles des académies de Bordeaux, Créteil et Versailles ont participé à une formation sur les inégalités de genre et l’enseignement des mathématiques. Selon le CSEN, "le passage de la connaissance théorique à la mise en œuvre pratique requiert plus qu'une simple transmission d'informations".

Le constat de départ est connu : dès le CP, un écart de niveau en mathématiques apparaît au détriment des filles. Ces différences, absentes à l’entrée en primaire, seraient liées à des stéréotypes de genre transmis par l’entourage des enfants.

Les enseignants, un levier d’action pour réduire les inégalités

Le CSEN souligne que les enseignants, souvent sans le vouloir, peuvent renforcer ces stéréotypes. En tant qu’acteurs centraux, ils disposent pourtant d’un "levier d’action" dans leur pratique pédagogique pour limiter ces inégalités.

Le plan filles et maths et ses limites

Présenté le 7 mai 2025 par Élisabeth Borne, le plan "Filles et maths" prévoit une sensibilisation obligatoire de deux heures aux biais de genre avant le 15 septembre. Elle sera assurée par le directeur d’école, le chef d’établissement ou le référent égalité filles-garçons, et s’appuiera sur des indicateurs propres à chaque établissement.

Le plan inclut également l’affichage d’une charte contre les stéréotypes en salle des maîtres. Mais pour le collectif Maths&sciences, ces mesures relèvent surtout de la communication. Sa présidente, Mélanie Guenais, estime que cibler uniquement les enseignants de mathématiques n’est pas la meilleure façon d’obtenir l’adhésion.

Trois types de formation expérimentés

Les enseignants ont été répartis en trois groupes :

  • un groupe centré sur les différences filles-garçons,
  • un autre sur la didactique des mathématiques,
  • et un dernier suivant une autre formation académique (groupe témoin).

Le niveau d’engagement a été jugé satisfaisant : 70 % des enseignants des deux premiers groupes ont suivi au moins 6 sessions sur 7 ou répondu à 4 quiz sur 5.

Des effets très limités sur les résultats en mathématiques

Malgré cet investissement, les effets sur le niveau des élèves restent limités. Les élèves dont les enseignants avaient suivi la formation en didactique n’ont pas obtenu de meilleurs résultats que les autres.

Le CSEN souligne que la durée et le format — six heures en ligne, sans accompagnement personnalisé ni mise en pratique directe — sont probablement insuffisants pour modifier durablement les pratiques.

Changer ses méthodes d’enseignement demande du temps, de la réflexion et une mise à jour des ressources pédagogiques, ce qui explique que les effets à long terme restent à observer.

Une formation centrée sur les différences qui n’atténue pas les écarts

Les résultats confirment que les écarts entre filles et garçons persistent. La formation centrée sur le genre n’a pas réduit les différences, qui demeurent au niveau habituel.

Le CSEN note que 90 % des enseignants déclaraient déjà ne pas distinguer filles et garçons dans leur pratique. Ce haut niveau initial pourrait expliquer l’absence d’évolution significative. Toutefois, des modifications plus fines et difficilement mesurables peuvent avoir eu lieu.

Former efficacement demande plus qu’une transmission d’informations

En conclusion, le CSEN rappelle que l’efficacité d’une formation ne repose pas uniquement sur la transmission de connaissances. Les gestes professionnels nécessitent entraînement, répétition et feedback d’un observateur bienveillant.

Il préconise des ateliers, des observations en classe et un suivi personnalisé pour renforcer l’impact des formations. Évaluer systématiquement ces dispositifs est indispensable, surtout lorsqu’ils sont déployés à grande échelle.

SOURCE : AEF INFO

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