École : les pistes pour améliorer la formation des enseignants

Un constat partagé par tous
Les enseignants français possèdent généralement une solide maîtrise des matières qu’ils enseignent. Cependant, leurs compétences en pédagogie et en psychologie de l’apprentissage mériteraient d’être renforcées. Chacun d’entre nous a été élève, et nous avons tous pu observer la diversité des qualités pédagogiques des enseignants que nous avons côtoyés. Si vous repensez aux professeurs qui vous ont le plus marqué, qu’est-ce qui les distinguait des autres ?
Il est probable que vous songiez à leur capacité à rendre une matière vivante, à transmettre l’envie d’apprendre, à expliquer clairement des notions complexes, à comprendre les difficultés des élèves et à adapter leur enseignement en conséquence. Un bon enseignant sait encourager chaque élève et lui donner confiance en sa capacité à progresser, tout en faisant respecter un cadre structurant dans la classe. À l’inverse, des méthodes autoritaires, reposant sur les cris ou l’humiliation, nuisent souvent à l’apprentissage et au climat scolaire.
Curieusement, on ne remet que rarement en question la maîtrise disciplinaire des enseignants. En France, il est rare de rencontrer des professeurs dont les lacunes dans leur matière constituent un frein à leur enseignement. Cela s’explique en partie par le mode de recrutement et de formation des enseignants.
Une formation encore trop axée sur les disciplines
La formation des enseignants en France met principalement l’accent sur la maîtrise des disciplines et leur didactique. Les concours de recrutement, tels que l’agrégation et le CAPES, valorisent avant tout les connaissances disciplinaires, en accord avec l’idée qu’un bon enseignant est avant tout un expert de sa matière. La formation initiale suit cette même logique, reléguant souvent au second plan les dimensions pédagogiques et psychologiques pourtant essentielles à l’efficacité de l’enseignement.
Ce déséquilibre se ressent directement dans le vécu des enseignants. De nombreuses enquêtes, notamment celles menées par l’OCDE dans le cadre du programme TALIS, montrent que les enseignants eux-mêmes expriment un besoin de formation plus approfondie en gestion de classe, en adaptation aux besoins des élèves et en stratégies pédagogiques efficaces.
Un cadre de formation encore trop hétérogène
Un autre problème majeur réside dans l’absence d’un cadre national précis définissant les compétences et connaissances que tout enseignant devrait acquérir. À ce jour, la formation des enseignants varie grandement selon les académies, en fonction des ressources disponibles et des choix des formateurs. Cette variabilité pose problème, car elle ne garantit pas un socle commun de compétences pédagogiques.
À titre de comparaison, la formation médicale en France est encadrée par un programme national détaillé, structuré en 11 chapitres et 362 items, assurant ainsi une homogénéité de l’apprentissage sur l’ensemble du territoire. Pourquoi la formation des enseignants, qui jouent un rôle clé dans la réussite des élèves, ne bénéficierait-elle pas d’un encadrement similaire ?
Vers un référentiel de compétences plus adapté
Conscient de ces enjeux, le groupe de travail Formation et ressources du Conseil scientifique de l’éducation nationale a récemment proposé un nouveau référentiel des compétences des enseignants. Ce document met en lumière l’importance d’un équilibre entre la maîtrise disciplinaire et les compétences pédagogiques et psychologiques. Il s’appuie sur plusieurs décennies de recherche en éducation et en sciences cognitives pour identifier les pratiques les plus efficaces en matière d’apprentissage.
Ce référentiel pourrait constituer une base solide pour améliorer la formation des enseignants. Reste à savoir si les décideurs politiques s’en empareront pour structurer plus rigoureusement la formation initiale et continue, ou s’il restera une simple ressource à la disposition des formateurs.
Profiter de la baisse démographique pour investir dans la formation
Toute réforme ambitieuse de la formation des enseignants implique nécessairement des moyens supplémentaires. Il ne suffit pas d’améliorer les contenus de formation, encore faut-il permettre aux enseignants de s’y consacrer pleinement. Former efficacement les enseignants nécessite du temps, que ce soit pendant leur formation initiale ou tout au long de leur carrière.
Deux options s’offrent alors : proposer des formations sur le temps scolaire, ce qui impose d’avoir suffisamment d’enseignants remplaçants, ou organiser ces formations en dehors du temps scolaire, ce qui suppose une indemnisation adaptée pour reconnaître ce travail supplémentaire.
Heureusement, le contexte démographique actuel offre une opportunité unique. Chaque année, le nombre d’élèves diminue : 97 000 élèves de moins sont attendus à la rentrée 2025 par rapport à 2024. Cette baisse pourrait permettre de réallouer une partie des ressources à la formation des enseignants au lieu de réduire simplement le nombre de postes. Investir dans la formation des enseignants, c’est garantir un enseignement de qualité et offrir aux élèves les meilleures conditions pour apprendre et réussir.
Un enjeu majeur pour l’avenir
Améliorer la formation des enseignants est un levier essentiel pour rehausser le niveau de l’éducation en France. Il est impératif de mieux équilibrer la formation entre savoirs disciplinaires et compétences pédagogiques, d’instaurer un cadre national plus cohérent et d’allouer des moyens suffisants pour assurer une formation continue efficace. La baisse démographique offre une chance unique de mettre en place ces réformes. Encore faut-il que cette opportunité soit saisie par les pouvoirs publics, dans l’intérêt des enseignants et des élèves.

SOURCE : L'EXPRESS

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