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ÉDUCATION
2
June 2025

Écoles d’ingénieurs : l’environnement des prépas aggrave les inégalités de genre

Alors que les femmes sont encore minoritaires dans les écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses, une note de l’Institut des politiques publiques (IPP) parue le 28 mai 2025 analyse les mécanismes de cette sous-représentation. Si les filles affichent de meilleures performances scolaires en amont, ces écarts se renversent en prépa, notamment dans les environnements les plus compétitifs comme les classes étoile, accentuant les inégalités de genre à l’entrée des grandes écoles.

Les femmes sous-représentées dans les écoles les plus sélectives

Malgré une présence majoritaire dans l’enseignement supérieur, les femmes restent minoritaires dans les grandes écoles d’ingénieurs, comme le montre cette note de l’IPP. Les chercheuses Cécile Bonneau et Léa Dousset soulignent que si les jeunes femmes entrent en CPGE scientifiques avec de meilleurs résultats que leurs homologues masculins, elles sont pourtant moins nombreuses à intégrer les écoles les plus sélectives.

Écarts de performance ou choix différenciés ?

L’étude s’appuie sur les CPGE scientifiques post-bac général (hors BCPST), regroupant environ 25 000 étudiants par an, et les données de concours de 2015 à 2023. Bien que les femmes représentent 54 % des étudiants en Bac+1 et Bac+2, elles ne constituent que 25 % des effectifs en CPGE scientifiques.

Plusieurs hypothèses sont envisagées pour expliquer cette situation : des différences de performance à différents moments du parcours (avant, pendant la prépa, ou lors du concours) ou des choix différents dans les concours passés ou les classements de vœux d’écoles.

Les résultats scolaires initiaux ne suffisent pas à expliquer l’écart

L’analyse montre que 25,3 % des hommes sont admis dans les 10 % d’écoles les plus sélectives, contre 20,2 % des femmes. Or, les performances scolaires antérieures plaideraient pour un meilleur accès des femmes : elles sont plus nombreuses à obtenir une mention "très bien" au bac (59 % contre 47 % des hommes), même en pondérant les matières selon les coefficients des concours.

Autre constat : à niveau équivalent, les femmes s’orientent vers des classes préparatoires qui envoient en moyenne moins d’élèves vers les écoles les plus sélectives, expliquant 36 % de la sous-représentation.

Des performances moindres le jour du concours

Un autre facteur majeur est la baisse relative des performances des femmes pendant la prépa. 70 % de l’écart global d’admission est dû aux notes de CPGE : 38 % viennent du premier trimestre de première année, 32 % de la fin de la deuxième année. À niveau scolaire équivalent, les femmes ont de moins bons résultats que les hommes le jour des concours, ce qui explique 24 % de l’écart.

Des choix de concours et redoublements moins fréquents

Deux effets secondaires complètent l’analyse : les femmes passent légèrement moins souvent les concours les plus sélectifs (10 % de l’écart), et redoublent moins la seconde année de prépa, ce qui explique 8 % supplémentaires.

En revanche, le classement des écoles dans les vœux d’admission ne joue pas dans cette sous-représentation.

L’écart se creuse en classe étoile

Les chercheuses étudient aussi l’impact des classes étoile, réservées aux meilleurs élèves. Résultat : en classe non étoile, l’écart d’admission entre hommes et femmes est de 2,7 points ; en classe étoile, il grimpe à 6,9 points. Ainsi, les hommes bénéficient d’un avantage relatif de 20 % dans ces classes très compétitives.

Un environnement d’étude décisif

Pour valider cet effet, les chercheuses comparent les étudiants juste au-dessus et au-dessous du seuil d’entrée en classe étoile. Il en ressort que l’accès à une classe étoile augmente de 25 points la probabilité d’admission pour les hommes, mais n’a aucun effet significatif pour les femmes.

Ainsi, les environnements d’étude très compétitifs favorisent davantage les hommes. La réaction différenciée à la pression académique joue un rôle central dans les écarts de genre à l’entrée des écoles d’ingénieurs les plus exigeantes.

SOURCE : AEF INFO

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