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ÉDUCATION
4
October 2024

Éducation à la vie sexuelle à l'école : pourquoi n'est-elle toujours pas effective dans les établissements ?

La question du consentement a récemment refait surface avec le procès des viols de Mazan, relançant le débat sur l'éducation à la vie sexuelle en milieu scolaire. Bien que la loi impose cet enseignement, son application reste insuffisante. Le gouvernement exprime son souhait de voir les choses évoluer.

Une nécessité d’action

Il est "temps" que l'éducation à la vie sexuelle devienne "effective". Le 26 septembre, la nouvelle secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Salima Saa, a souligné la nécessité de "passer de la déploration à l'action" concernant l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, instaurée depuis 2001 dans les établissements scolaires. Elle a déclaré que, bien que la loi de 2001 pose des bases intéressantes, son application demeure lacunaire.

Cadre légal insuffisant

Depuis 2001, l'éducation sexuelle est intégrée dans la loi. L'article 312-16 du Code de l'éducation stipule qu'une "information et une éducation à la sexualité" doivent être dispensées dans les écoles, collèges et lycées, avec un minimum de trois séances annuelles par groupes d'âge homogène. Ce texte précise que ces séances doivent offrir une vision égalitaire des relations entre femmes et hommes, sensibilisant aux violences sexistes et sexuelles ainsi qu'aux mutilations sexuelles féminines.

Cependant, ce texte "ne précise pas les conditions d’organisation de ces séances", selon un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation remis au ministre en juillet 2021. Bien que plusieurs circulaires aient été émises pour compléter cette loi, la dernière en date datant de 2018, elles sont jugées "complexes" et soulignent un "manque de clarté" dans le cadre réglementaire et opérationnel de l’éducation à la sexualité.

Un enseignement encore insuffisant

Malgré la législation, les statistiques montrent que l'éducation sexuelle est peu enseignée dans les établissements. "De nombreux élèves traversent leur scolarité sans avoir bénéficié d’une seule séance d’EAS", indique le rapport de l'Inspection générale de l'Éducation. "Moins de 15 % des élèves ont accès à trois séances d’EAS pendant l'année scolaire au collège et au lycée", soulignent les auteurs du rapport.

Défis liés aux programmes et à la formation

Pourquoi ce retard persiste-t-il ? Bruno Bobkiewicz, proviseur et secrétaire général du SNPDEN-Unsa, explique que "l'une des difficultés réside dans le caractère transversal du sujet, qui n'est pas intégré dans les programmes d'enseignement. Cela permet de passer à côté de cette thématique." Guislaine David, cosecrétaire générale de la FSU-Snuipp, ajoute que des programmes ont été récemment révisés sur l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, mais leur mise en œuvre est encore en attente.

Les enseignants réclament des programmes clairs et soulignent la nécessité de former le personnel éducatif. Bien que des formations existent, elles restent souvent volontaires et ne sont pas systématiques.

Un besoin urgent de formations

L’Inspection générale de l'Éducation a émis 35 recommandations pour faire progresser cet enseignement, telles que l'intégration des notions d’éducation à la sexualité dans les programmes de certaines disciplines et le renforcement des formations pour le personnel éducatif.

Les craintes des enseignants

Peut-on parler d'une réticence des enseignants à aborder ce sujet ? "Je ne pense pas qu'il y ait de frilosité", répond Bobkiewicz. Toutefois, il souligne que les enseignants doivent être préparés à gérer des questions et des réactions potentiellement difficiles. Guislaine David confirme la nécessité de former les enseignants, partageant son expérience personnelle sur le sujet.

Une controverse grandissante

Dans un avis rendu le 10 septembre, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a noté un "manque de portage politique" lié à une certaine frilosité des pouvoirs publics pour éviter les controverses. Une pétition de l'association SOS Éducation, demandant l'interdiction de l'éducation à la sexualité pour les enfants de moins de 12 ans, circule actuellement et a déjà recueilli plus de 70 000 signatures.

Une vision partagée

Guislaine David déplore une approche réactionnaire des parents envers l'éducation à la sexualité, soulignant la propagation de fausses informations. Bruno Bobkiewicz affirme que l'école a sa part de responsabilité dans ces sujets sociétaux. Néanmoins, le rapport de l'Inspection générale de l'Éducation se veut optimiste concernant l'adhésion des parents lorsque les projets d’EAS sont bien expliqués, évoquant des parents généralement confiants envers cette prise en charge à l'école.

SOURCE : FRANCE INFO

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