Éducation : agir ou subir ?

Une fois de plus, un Premier ministre, dans son discours de politique générale, déclare que l'école est une priorité du gouvernement. Par Marie-Christine Levet, cofondatrice d’Educapital. Et à juste titre, car la situation est critique : professeurs en souffrance, effondrement du niveau général des élèves, décrochage scolaire, chute dramatique en sciences et en mathématiques, perte de confiance des parents dans l'institution, et près de 100 000 jeunes en décrochage scolaire, avec une aggravation pour les moins de 16 ans. La baisse brutale du niveau et du nombre d'entrants dans les écoles d'ingénieurs alarme les entreprises, inquiètes de la qualité des compétences de leurs futurs salariés dans une économie du savoir. Abandonner l'école à une dégradation prolongée, c'est mettre en péril l'avenir de notre économie, aggraver les fractures sociales et, par conséquent, affaiblir la Nation.
Cet automne, on peut choisir de se retrancher derrière les contraintes budgétaires, attendre de nouveaux audits ou recourir à des enseignants retraités pour retarder toute action. Mais il revient à nos élus, ceux qui croient encore à un avenir pour l'Éducation nationale, d'agir avec fermeté et détermination, sur le long terme et dans l'intérêt de la France. Il est temps de répondre aux véritables besoins des familles, des enfants et des enseignants, plutôt que de subir les conséquences de changements ministériels et politiques trop fréquents.
Intégrer le numérique à l'école
Pour répondre aux besoins immédiats et transformer rapidement l'école, il est essentiel d'intégrer le numérique, comme cela a été fait dans tous les autres secteurs depuis 25 ans. Le faux débat sur le temps d'écran des jeunes est un prétexte pour ne pas avancer, alors que tous les parents savent que le véritable danger est l'addiction aux réseaux sociaux. Un usage modéré des outils numériques, développés en France par des entreprises responsables, peut contribuer efficacement, et à moindre coût, à la formation continue des enseignants, à la réduction de leur charge de travail répétitive et à l'individualisation de l'apprentissage. En offrant des parcours sur mesure adaptés aux rythmes personnels de chaque élève, en objectivant le suivi des progrès individuels et en favorisant l'engagement des apprenants, les services d'éducation innovante permettent aux enseignants de se concentrer sur l'essence de leur métier : accompagner les élèves, éveiller leur curiosité et développer leur esprit critique, y compris face à l'utilisation non maîtrisée du numérique. Les recherches en neurosciences et les avancées rapides de l'intelligence artificielle apportent des solutions aux problèmes d'hétérogénéité des niveaux, ainsi qu'aux difficultés rencontrées par les enfants dyslexiques, dyspraxiques ou en décrochage scolaire.
Le manque d'innovation pédagogique
Depuis 2017, plusieurs rapports, qu'ils soient parlementaires, sénatoriaux ou de la Cour des comptes, ont souligné l'insuffisance des actions en matière de numérique pour l'école, ces dernières se limitant essentiellement à des achats d'équipements sans véritable effort d'investissement dans l'innovation pédagogique.
Pourtant, près de 500 jeunes entreprises françaises, employant 15 000 salariés, développent des produits éducatifs innovants. Plusieurs d'entre elles ont bénéficié du soutien du Programme d'investissement d'avenir de France 2030 et de l'appui de la Banque des Territoires et de la BPI. Mais cet effort est entravé par l'absence d'un marché stable et récurrent. Pour structurer une filière edtech française solide et durable, il est impératif de donner aux enseignants la liberté pédagogique de choisir les services dont ils ont besoin pour enseigner, sans opposer le livre au numérique.
C'est donc au Parlement de faire évoluer les choses rapidement et durablement, afin que l'éducation intègre le numérique comme un levier de performance, un assistant pour les professeurs et une ressource précieuse. Le véritable danger serait de ne rien faire et d'abandonner nos enfants aux réseaux sociaux. Notre école a besoin de continuité dans l'action publique. C'est une question de responsabilité.

SOURCE : LA TRIBUNE

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