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ÉDUCATION
10
December 2024

Education nationale : comment en finir avec les classes sans profs

Chaque année, ce sont 15 millions d’heures de cours qui sont perdues, faute d’enseignants. Le « remplacement de courte durée » proposé par le ministère de l'Éducation nationale est une première réponse à cette crise, mais elle semble encore bien insuffisante.

La situation actuelle : un constat alarmant

En janvier dernier, l’ex-ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, a provoqué un tollé en justifiant le transfert de ses enfants du public au privé. Son argument ? Les « paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées ». Cette déclaration a résonné comme un aveu difficile à accepter pour une majorité de Français, qui subissent la même réalité sans pouvoir y échapper. Même après sa démission, la situation n’a pas changé, mais les voix s’élèvent de plus en plus fort pour dénoncer cette problématique.

En Seine-Saint-Denis, une des régions les plus défavorisées de France, des manifestations ont eu lieu, rassemblant parents, enseignants et élus locaux, pour demander un plan d’urgence face à l’ampleur du problème. D’autres familles ont même porté l’affaire en justice et ont remporté des victoires. En septembre, l’État a été condamné pour plusieurs dizaines d’heures de cours non assurées dans un collège parisien. Si la facture, fixée à 10 euros de l’heure par le tribunal administratif, ne paraît pas trop élevée, elle est loin de refléter l’ampleur du problème. Le collectif #Onveutdesprofs revendique en effet 412 autres demandes de réparation. Et le ministère lui-même reconnaît qu’aucune solution durable n’est en place, avec la perte de 15 millions d’heures de cours chaque année.

Les solutions proposées jusqu’à présent

Pour tenter de répondre à cette crise, les dirigeants de l'ex-majorité macroniste ont cherché à faire preuve d’imagination. Ils ont, par exemple, multiplié les voies de concours en 2022, en réduisant leur sélectivité, et ont recruté davantage de contractuels, augmentant leur nombre de 14 % à 22 % en cinq ans. Cependant, ces remplaçants n’étant pas toujours assez nombreux, une nouvelle initiative a vu le jour : les « visioprofesseurs ». Cette innovation, lancée après la crise sanitaire, consiste à faire intervenir des enseignants en visioconférence dans plusieurs classes simultanément. Bien qu'expérimentée avec succès dans l’académie de Metz-Nancy en 2022, et étendue à Aix-Marseille et Lyon, cette solution reste une alternative temporaire et loin d’être optimale.

Le Pacte enseignant : une tentative de solution

L’un des projets majeurs de 2023 a été le lancement du Pacte enseignant, une initiative visant à encourager les professeurs en place à accepter des remplacements courts (RCD), en leur offrant une compensation financière attractive. Ces remplacements, qui concernent les absences de courte durée, sont souvent difficiles à résoudre. Le gouvernement a donc décidé de valoriser ces heures de remplacement, en les rémunérant à hauteur de 69 euros de l’heure, contre une moyenne de 26 à 55 euros pour les heures classiques, et cela contre un engagement annuel de 18 heures.

En 2023, 30 % des enseignants ont signé ce pacte. Si cet engagement peut être considéré comme un « succès » selon l'exécutif, avec un triplement du nombre de remplacements courts, le taux de remplacement reste insuffisant. Avant le Pacte, ce taux était de 5 % ; aujourd’hui, il a atteint 15 %. Bien qu’une progression ait eu lieu, elle reste trop faible face à l’ampleur de la crise.

Vers une nouvelle piste : les jours de carence

Face à ce constat, le gouvernement explore une nouvelle piste : l’introduction de jours de carence. Une étude de l’Insee, menée en 2018, a montré que la restauration d’un jour de carence dans la fonction publique avait entraîné une baisse de 23 % de la fréquence des congés maladie. Cependant, l’étude précise que cette réduction n’est pas nécessairement synonyme d’une meilleure gestion des absences, puisque certains employés malades pourraient être tentés de venir travailler malgré tout. Néanmoins, cette solution pourrait contribuer à alléger le nombre d’absences injustifiées et à améliorer le taux de remplacement.

Conclusion : des solutions encore insuffisantes

En dépit de plusieurs tentatives pour pallier la pénurie d’enseignants, le problème reste majeur. Si les mesures comme le Pacte enseignant ou les jours de carence peuvent offrir des réponses ponctuelles, elles n’éradiquent pas le cœur du problème : un manque structurel d’enseignants et des solutions de remplacement encore largement insuffisantes. La situation exige une réforme plus profonde et durable du système éducatif afin de garantir un enseignement de qualité à tous les élèves, sans exception.

SOURCE : CHALLENGES

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