Emploi et formation : le Cereq alerte sur un recul des parcours individualisés

Dans une note publiée récemment sur l’accompagnement des adultes les moins qualifiés, le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) observe que les politiques publiques françaises menées dans ce domaine s’éloignent progressivement de la vision portée par une recommandation du Conseil européen datant de 2016. Pour le centre d’études, "les objectifs d’employabilité et de réduction des pénuries de main-d’œuvre […] tendent à prendre le pas sur la logique des parcours individualisés préconisée au niveau européen". Le Céreq prend l'exemple de trois régions françaises pour illustrer que la situation varie d’un territoire à l’autre.
En 2016, le Conseil européen a recommandé une stratégie pour mieux accompagner les adultes les moins qualifiés vers la formation et l’emploi. Le Céreq, dans sa note publiée le 26 juin 2025, s’interroge : dans quelle mesure cette stratégie européenne a-t-elle été reprise dans les politiques françaises ?
Une évolution dans les orientations nationales
Le Céreq répond que, si au départ certaines convergences d’objectifs étaient visibles — remise en confiance des personnes éloignées de l’emploi, accompagnement renforcé, parcours longs et progressifs —, les orientations nationales ont par la suite évolué. Le centre d’études souligne que la notion de “plein emploi” est devenue centrale, notamment avec les prémices de la réforme du RSA et la création de France Travail. Cette évolution marque un éloignement de la stratégie initiale du Conseil européen.
Selon cette dernière, l’accompagnement des adultes devait s’articuler autour du principe de la formation tout au long de la vie, avec des outils pour lever les barrières sociales et développer les compétences. Or, les politiques françaises récentes ont davantage recentré la formation sur un objectif de retour rapide à l’emploi, note le Céreq.
Des inégalités dans les approches
Ainsi, la vision large et inclusive défendue par l’Union européenne ne se reflète que partiellement dans les politiques françaises. Les objectifs d’employabilité et de réponse aux pénuries de main-d’œuvre, notamment via un accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA, prennent souvent le dessus sur la logique de parcours individualisés et progressifs.
Pour étayer ses analyses, le Céreq s’est appuyé sur une étude menée entre 2021 et 2023 dans trois régions : Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et Nouvelle-Aquitaine. L’étude s’est intéressée à trois dimensions : la convergence entre les orientations européennes et nationales, les stratégies régionales pour répondre aux objectifs nationaux, et les ajustements locaux des opérateurs chargés de mettre en œuvre les dispositifs régionaux.
Ces dispositifs ont notamment été financés via les pactes régionaux d’investissement dans les compétences (Pric), qui visaient à favoriser la montée en qualification des demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés.
Une coordination régionale forte en Bourgogne-Franche-Comté
En Bourgogne-Franche-Comté, le Céreq salue “une coordination régionale forte”, où la formation des publics les moins qualifiés a été désignée comme une priorité absolue. L’action régionale s’est montrée cohérente et ambitieuse, selon les chercheurs.
La situation est plus nuancée en Nouvelle-Aquitaine. Lors de l’enquête, tous les départements ne soutenaient pas les expérimentations liées à la réforme du RSA ou à France Travail. Les initiatives régionales en matière de coordination restaient méconnues par certains acteurs locaux, malgré la présence d’instances de concertation. Le “maillage des sorties” du dispositif est aussi présenté comme un point faible.
Enfin, en région Paca, le déploiement du Plan d’investissement dans les compétences a été assuré uniquement par France Travail, faute d’accord avec le conseil régional. Ainsi, les orientations nationales du PIC ont bien été appliquées, mais la gestion centralisée a limité la capacité de coordination territoriale. Le Céreq souligne que si certains départements souhaitent s’investir davantage dans les politiques d’insertion, cela pourrait brouiller la cohérence globale de l’action publique dans la région.

SOURCE : AEFINFO

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
