En France, les chefs d’établissements consacrent 17 % de leur temps à des tâches liées à l’enseignement (rapport Unesco)

Un rapport publié par l'Unesco le 31 octobre 2024 révèle que les activités d’enseignement des chefs d’établissements ont légèrement diminué ces dernières années dans le monde. Le pourcentage de chefs d’établissements consacrant du temps à ces activités a baissé de 81 % en 2015 à 77 % en 2022. En France, ils déclarent n'allouer que 17 % de leur temps à des tâches directement liées à l’enseignement et encouragent peu la coopération entre les professeurs. Le rapport note que "les systèmes éducatifs les plus performants ont tendance à donner plus d’autonomie aux chefs d’établissement". L'Unesco précise également que "les chefs d’établissements ont quatre rôles clés : définir une vision, diriger l’instruction, favoriser la coopération et soutenir les enseignants pour améliorer les résultats scolaires".
L’institution souligne que ces quatre dimensions sont mises en œuvre à des degrés variés selon les pays, avec 49 % des pays ayant adopté des standards professionnels et des cadres de compétences définissant les compétences requises pour les chefs d’établissements.
Le rapport se propose ainsi de faire un état des lieux du rôle actuel et futur des chefs d’établissements à travers le monde.
Une diminution des activités d’enseignement depuis 2015
Les auteurs du rapport soulignent une baisse des activités d’enseignement chez les chefs d’établissements. Le pourcentage de chefs d’établissements effectuant des tâches liées à l’enseignement, comme l’observation des cours, est passé de 81 % en 2015 à 77 % en 2022. Cette tendance contraste avec les attentes des pays, 54 % d’entre eux demandant aux chefs d’établissements de fournir des retours aux professeurs basés sur leurs observations. Cependant, une étude de l’OCDE citée par l'Unesco révèle que seulement la moitié des chefs d’établissements effectuent souvent ce type de retour.
En France, les chefs d’établissements déclarent consacrer seulement 17 % de leur temps à ces tâches, et moins de 10 % d’entre eux produisent du contenu de cours, un chiffre bien plus élevé dans des pays comme le Danemark, Israël ou la Nouvelle-Zélande, où il dépasse les 50 %. En revanche, en France, un quart de leur temps est consacré à des tâches administratives.
L'une des raisons évoquées pour cette baisse des activités d’enseignement est le nombre croissant de responsabilités pesant sur les chefs d’établissements, qui n’ont souvent pas le temps de se concentrer sur l’apprentissage. Une étude menée dans 14 pays révèle que 68 % du temps des chefs d’établissements est consacré à des tâches de management.
Par ailleurs, un nombre croissant de pays délèguent l’élaboration des programmes aux autorités locales et aux écoles. Dans les pays de l’OCDE, 22 % des collégiens étudient dans des établissements où les chefs d’établissements prennent ces décisions.
Un leadership essentiel à la réussite des élèves
L’étude souligne l'importance du leadership des chefs d’établissements pour la réussite des élèves. Il est attendu d’eux qu’ils aident les équipes éducatives à atteindre leur plein potentiel. Une analyse de 211 systèmes éducatifs montre que 70 % des pays attendent des chefs d’établissements qu’ils évaluent les professeurs selon des objectifs de promotion, d’avancement de carrière, de qualité d’enseignement, et de responsabilisation. Ce chiffre est en accord avec les pratiques observées : 64 % des enseignants de l’OCDE et 71 % des enseignants dans le monde déclarent être évalués par leur chef d’établissement.
L’Unesco précise que ce leadership peut améliorer les résultats académiques, réduire le décrochage scolaire et améliorer le climat scolaire. Bien que l'impact des chefs d’établissements sur la réussite des élèves soit moindre que celui des professeurs, leurs pratiques peuvent influencer jusqu’à 27 % des résultats des élèves. De plus, l’étude montre que la formation initiale et continue des chefs d’établissements permet d’améliorer les performances des élèves dans des domaines comme la lecture, les sciences et les mathématiques.
La coopération entre professeurs moins développée en France
L’Unesco met en avant l'importance de la coopération entre professeurs, une autre mission des chefs d’établissements. Sur les 211 pays étudiés, la moitié attendent des chefs d’établissements qu’ils favorisent la collaboration entre les enseignants. En France, cependant, cette coopération est moins encouragée, avec seulement 41 % des chefs d’établissements favorisant la collaboration, contre 75 % en Espagne, 81 % en Turquie ou 85 % au Vietnam.
Les données de Pisa 2022 révèlent que 22 % des collégiens de l’OCDE étudient dans un établissement où le chef d’établissement encourage la collaboration entre professeurs au moins une fois par mois, tandis que 33 % indiquent que cette coopération est encouragée rarement, une ou deux fois par an.
L’autonomie, source de performance mais aussi de pression
Les auteurs du rapport notent que bien que le manque de ressources limite souvent les capacités des chefs d’établissements, les systèmes éducatifs les plus performants tendent à leur donner plus d’autonomie sur les décisions liées aux ressources humaines et financières. D’après l’enquête Talis 2018, la majorité des chefs d’établissements sont décisionnaires pour l’admission des élèves (73 %), les sanctions disciplinaires (70 %) et le recrutement des équipes (69 %), mais n’ont pas d’influence sur des aspects comme le choix des supports d’apprentissage (44 %) ou l’élaboration des contenus de cours (37 %).
L’étude révèle également que plus les chefs d’établissements ont de responsabilités dans la gestion des ressources humaines et financières, meilleures sont les performances en mathématiques des élèves dans leur pays. Cependant, cette autonomie peut aussi être source de pression, les chefs d’établissements se sentant souvent submergés par les demandes politiques et leur volonté d’innover. Les auteurs encouragent les décideurs politiques à soutenir les chefs d’établissements en leur fournissant les compétences nécessaires tout en garantissant leur autonomie.
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SOURCE : AEF INFO

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