Ensa de La Réunion : un nouveau statut pour plus d’impact

La première école d’architecture ultramarine est née
Depuis le 1er mars 2025, l’antenne réunionnaise de l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier est devenue une Ensa à part entière, après la publication du décret de création le 30 janvier. Elle devient ainsi la 21e Ensa de France, mais surtout la première située en outre-mer.
« Ce nouveau statut nous permet d’avoir une meilleure visibilité et une meilleure identification de l’école », affirme Pierre Rosier, directeur de l’établissement depuis 2009. Pour Thierry Verdier, directeur de l’Ensa de Montpellier, il s’agit d’une « évolution logique et méritée ».
Un ancrage local depuis 1988
Le 4 février 2025, la ministre de la Culture Rachida Dati annonçait la création de cette 21e école dans le cadre de la stratégie nationale pour l’architecture 2025-2029. L’Ensa de La Réunion, créée initialement en 1988 comme antenne, devient officiellement indépendante.
Pierre Rosier souligne : « Elle est désormais reconnue comme les 20 autres Ensa. Pour un territoire ultramarin, c’est très important. » Dans les faits, peu de choses changeront pour les étudiants, l’école ayant déjà acquis une forte identité locale.
Former à l’architecture tropicale
« À l’époque, il n’y avait pas de formation à La Réunion, alors que les besoins en construction étaient énormes », se souvient Thierry Verdier, directeur de Montpellier et ancien enseignant sur l’île. Depuis sa création, l’école attire des étudiants venus de Maurice, des Comores ou de métropole. Aujourd’hui, elle compte 200 étudiants, 9 administratifs et une cinquantaine d’enseignants-chercheurs.
« C’est la seule école à cerner les réalités de la construction en milieu tropical », insiste Thierry Verdier.
Un changement attendu depuis 10 ans
La transformation de l’antenne en école indépendante remonte à une réflexion engagée dès 2014. « Sans perspective claire, notre établissement risquait de s’atrophier », explique Pierre Rosier. Après plusieurs séminaires et un rapport d’inspection favorable en 2015, la voie s’ouvre : les masters 1 et 2 sont créés en 2016 et 2017, suivis du cycle HMONP.
L’Ensa s’intègre aussi dans le tissu universitaire local. « C’est devenu une institution scientifique à part entière », souligne Thierry Verdier.
Un nouveau campus prévu pour 2027
L’école s’installera dans de nouveaux locaux au Port d’ici fin 2027, grâce à un partenariat entre l’État, la région Réunion, la commune du Port et l’intercommunalité Territoire de la Côte Ouest. Ce sera la seule Ensa dont le budget est financé à plus de 40 % par les collectivités locales. L’architecte Olivier Brabant réalisera un bâtiment éco-responsable.
Objectif 2028 : accueillir 300 étudiants. En parallèle, le transfert progressif des compétences de gestion entre Montpellier et La Réunion sera finalisé au 1er janvier 2026.
Une coopération maintenue avec Montpellier
« Créer une école, ce n’est pas facile », plaisante Thierry Verdier. Montpellier reste encore impliquée dans la gestion des budgets et du personnel, mais une coopération entre les deux établissements et plusieurs ministères est en place. Une convention d’échange entre enseignants et étudiants est également prévue.
Vers d'autres écoles d'architecture en outre-mer ?
Thierry Verdier espère que cette création inspire d’autres projets. « Il manque d’architectes dans les Outre-mer. Or, ceux qui construisent aujourd’hui y ont été formés selon des logiques européennes. Ce n’est pas toujours adapté. »
Pierre Rosier, lui, voit plus loin : « Ce statut n’est pas qu’un enjeu local. » 30 % des étudiants viennent de l’extérieur : Antilles, Polynésie, Belgique, Allemagne. L’école a même des partenariats avec deux écoles africaines, au Mozambique et en Afrique du Sud, et dispense déjà 20 % de ses cours en anglais.
De nouveaux diplômes en projet
L’Ensa de La Réunion prévoit de développer plusieurs formations : un double diplôme architecte-ingénieur avec l’Esiroi, un diplôme universitaire sur les paysages tropicaux, et une formation sur les patrimoines classés. « Il y a un vrai besoin. Et notre école a la légitimité pour y répondre », conclut Pierre Rosier.

SOURCE : AEFINFO

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