Enseignement : à Nantes, un lycée fait marche arrière sur le tout numérique

Alors que près de 200 établissements en France expérimentent la pause numérique, qui inclut l'interdiction des téléphones portables, certains lycées révisent leur approche en matière de manuels numériques. C’est notamment le cas du lycée privé Blanche de Castille à Nantes (Pays de la Loire), qui après un an d'expérimentation a décidé d’abandonner cette initiative.
Un dispositif numérique étendu aux collégiens et lycéens
Depuis 2022, le Département de Loire-Atlantique propose un prêt d'ordinateurs portables aux collégiens en difficulté numérique ou boursiers. Ce dispositif s'est élargi à la rentrée 2024 pour inclure tous les élèves de 6e et 5e, qu’ils soient inscrits dans des établissements publics ou privés. Environ 13 000 collégiens sont concernés. De plus, depuis 2021, tous les élèves entrant en classe de seconde ou en CAP reçoivent un ordinateur portable pour soutenir leur apprentissage, dans le cadre de l’initiative régionale « Mon ordi au lycée ».
Cette mesure phare, lancée par Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, est soutenue par un budget annuel de 20 millions d’euros dans le cadre du plan « Lycée 4.0 ». À ce jour, près de 200 000 ordinateurs ont été distribués, couvrant ainsi l’ensemble des lycéens de la région. Hubert Jamault, directeur de cabinet de la présidente, souligne l’importance grandissante de l’outil numérique, notamment dans les disciplines scientifiques et l’apprentissage des langues. « Si au départ, certains enseignants se montraient réticents, ces réserves se sont estompées », note-t-il.
Une expérimentation au lycée Blanche de Castille qui n'a pas convaincu
Cependant, cette transition vers le numérique ne fait pas l'unanimité partout. Au lycée privé Blanche de Castille à Nantes, qui compte environ 600 élèves, l’utilisation de manuels numériques a été testée à partir de septembre 2023. L’ancien directeur de l’établissement avait lancé cette initiative en raison de divers avantages : praticité, coût réduit des manuels (20 % moins cher que les versions papier), allégement des cartables et adaptation à l’usage des outils numériques. « La région équipant les élèves de seconde d'ordinateurs, il semblait pertinent de tester cette approche », explique Fabien Marinoni, actuel directeur du lycée.
Mais dès les premiers mois, les retours se sont avérés mitigés. « En classe, les élèves étaient souvent rivés à leurs écrans, ce qui a réduit les interactions avec les enseignants. Le relationnel n’était plus le même », témoigne le directeur. Face à ce constat, une enquête a été menée en mars auprès des enseignants, des familles et des élèves.
Un retour au manuel papier bien accueilli
Les résultats de cette enquête ont révélé que la majorité des enseignants étaient opposés à la poursuite des manuels numériques. Les parents s’inquiétaient du temps passé devant les écrans à la maison et des effets négatifs tels que la fatigue, l’addiction ou l’isolement social. Un nombre significatif d’élèves a également exprimé une préférence pour une utilisation réduite des écrans.
La décision a donc été prise de revenir aux manuels papiers à la rentrée 2024, au grand soulagement de la communauté éducative. « Tout le monde était content de ce changement », affirme Fabien Marinoni. Les outils numériques ne sont pas pour autant bannis, mais leur usage est désormais davantage encadré, dans une optique de « maîtrise apaisée » du numérique.
Le directeur de l’établissement n’est pas opposé à l’utilisation des technologies, mais il estime qu'il est nécessaire d’encadrer leur usage et de former les enseignants à leur utilisation pédagogique. Hubert Jamault, tout en partageant cette vision d’un usage équilibré du numérique, rappelle que « la formation des enseignants ne relève pas de la compétence de la Région ».
Conclusion
Alors que l’utilisation du numérique continue de s’étendre dans les établissements scolaires, l’expérimentation au lycée Blanche de Castille démontre que l’équilibre entre technologie et pédagogie est encore à trouver. Une chose est sûre, un usage raisonné et encadré du numérique reste primordial pour favoriser un apprentissage efficace sans altérer les relations humaines en classe.

SOURCE : LA TRIBUNE

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