ESCP, Emlyon, Skema… comment les business schools grignotent le terrain des universités

L’ESCP va couvrir un spectre plus large de disciplines, comme la géopolitique et la technologie, pour devenir la première université européenne de management en 2030. D’autres écoles de commerce font aussi ce pari.
L’ESCP vise une transformation en université européenne
L’ESCP n’a pas fini de grandir. La plus ancienne business school au monde, née en 1819, a présenté jeudi 19 juin son plan stratégique Bold & United pour les cinq prochaines années. Son directeur Léon Laulusa affiche clairement ses ambitions de croissance. « Nous devons passer de l’une des meilleures écoles de commerce européennes à l’une des meilleures universités européennes », a-t-il expliqué.
D’ores et déjà, l’ESCP a le statut d’université en Allemagne et en Italie où l’école possède des campus. En élargissant le spectre des disciplines enseignées, la grande école parisienne entend accéder à un vivier de talents plus large.
Une diversification des enseignements technologiques et géopolitiques
Deux nouvelles facultés vont donc ouvrir, outre l’enseignement du management. Dès 2027, l’ESCP School of Technology accueillera 1 000 étudiants et 55 professeurs avec une offre de MSc (Master of Science), puis de bachelors si le succès est au rendez-vous. « Nous faisons le chemin inverse du MIT américain, qui de l’ingénierie a créé sa business school, la Sloan School of management. »
Parmi les matières enseignées : l’IA, bien sûr, le big data, et aussi la cybersécurité qui concerne toutes les entreprises aujourd’hui. Puis, en 2029, l’ESCP School of Governance proposera des enseignements autour de la géopolitique à l’image de la Kennedy School de Harvard, avec un objectif de 200 étudiants et 20 professeurs pour commencer.
Une stratégie de croissance mondiale ambitieuse
Forte de tous ces projets, l’école présidée par Philippe Houzé (Groupe Galeries Lafayette) entend porter son budget annuel à 300 millions d’euros, soit une progression de 50 % en cinq ans, et atteindre 12 000 étudiants dont les deux tiers seront étrangers.
Pour accroître sa notoriété dans le monde, l’ESCP va aussi développer un programme avec l’université chinoise CEIBS. Et le catalogue de programmes courts enseignés à distance de son Extension School, lancé cette année, sera déployé en Afrique et en Asie du Sud-Est.
La frontière entre écoles de commerce et écoles d’ingénieurs s’estompe
« Je suis persuadé que la différence entre les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs disparaîtra bientôt », estime Francesco Rattalino, le directeur général adjoint de l’établissement. De fait, ces dernières années, les business schools ont connu une augmentation de leurs effectifs étudiants deux fois plus rapide malgré des frais de scolarité bien plus élevés que ceux de CentraleSupélec ou l’Ecole des Mines.
Dès l’année prochaine, l’ESCP lancera d’ailleurs de nouveaux MSc dont l’un consacré à l’industrie spatiale et la défense.
Les autres business schools suivent le mouvement
Cet élargissement du champ des écoles de commerce n’est pas tout à fait nouveau. Après son rachat par Galileo Global Education en 2022, l’Emlyon avait affirmé vouloir devenir l’une des premières Global Business University. Cela, grâce à l’hybridation des programmes avec des écoles d’art appliqué du groupe comme l’Istituto Marangoni de Turin et des doubles formations avec l’école des Mines de Saint-Etienne par exemple.
Skema et les écoles concurrentes accélèrent leur transformation
À Skema, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et ex-présidente de l’Université Nice Sophia Antipolis, Frédérique Vidal, vient d’être nommée directrice de la stratégie et de l’impact scientifique. L’an dernier, la business school avait inauguré une quatrième école thématique interne dans le domaine du design, après celles sur l’IA, le droit des affaires et la géopolitique.
Les initiatives des autres écoles françaises
De son côté, Burgundy School of Business a ouvert en septembre 2025 la School of Media, Culture & Communication à Lyon. Quant à HEC, elle développe depuis 2023 son bachelor Data, Society & Organizations avec l’université Bocconi de Milan. Une première approche pour apprendre à connaître le marché des bacheliers.

SOURCE : CHALLENGES

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