Être chef d’établissement dans le second degré aujourd’hui : défis et perspectives

Le rôle de chef d’établissement dans le second degré est devenu plus complexe que jamais. Avec près de 7 500 chefs d’établissement à la tête des collèges et lycées en France, ces cadres sont au cœur du système éducatif, en première ligne face aux élèves, aux parents et aux personnels. Pourtant, malgré l’importance cruciale de cette fonction, plusieurs fragilités et défis ont été mis en lumière par une récente mission de l'Inspection Générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR).
Ce rapport souligne la nécessité de repenser le rôle des chefs d'établissement, à la fois pour rendre la profession plus attractive et pour répondre aux attentes d’une société en pleine mutation. Cet article se penche sur les principaux défis auxquels sont confrontés ces responsables, les solutions envisagées, ainsi que les perspectives d’évolution pour cette fonction essentielle.
Les défis de la profession
1. Attractivité du métier en baisse
L'un des principaux points d'alerte concerne l’attractivité du métier de chef d’établissement. Depuis une dizaine d’années, le nombre d'inscriptions au concours de recrutement est en baisse régulière. Bien que cela n'ait pas encore nui à la qualité des candidats, cette tendance pourrait à terme devenir préoccupante. De plus, bien que la profession soit majoritairement féminine (54 %), les hommes occupent plus fréquemment les postes à haute responsabilité, notamment dans les lycées, où 63 % des proviseurs sont des hommes. Cela soulève des interrogations quant aux perspectives de carrière pour les femmes dans cette profession.
2. Des revendications salariales persistantes
Les chefs d’établissement figurent parmi les fonctionnaires de l’État les mieux rémunérés, mais cela ne suffit pas à compenser la lourdeur de la charge de travail. Si des évolutions récentes témoignent d’un intérêt pour cette question, les revendications salariales restent fortes. En effet, la catégorie d'établissement piloté reste un levier important de reconnaissance institutionnelle et financière, mais elle peut également freiner l'évolution de carrière et créer des déséquilibres entre le profil des chefs et les postes qu'ils occupent.
3. Autonomie vs obéissance
L'un des dilemmes auxquels les chefs d’établissement sont confrontés est l'équilibre à trouver entre l'autonomie et l'obéissance hiérarchique. Ce rôle exige de gérer les établissements en fonction de la réalité quotidienne tout en appliquant les directives centralisées du ministère. Cette dichotomie est renforcée par l’ancienneté des textes régissant la fonction, qui ne reflètent plus forcément les attentes actuelles, ni la complexité de leur mission.
Le rôle de pilote de proximité
1. Repositionner le chef d'établissement au cœur des réformes
Les chefs d’établissement ne sont pas simplement des gestionnaires, mais des acteurs clés dans la mise en œuvre des politiques éducatives. Cependant, il est essentiel de retrouver une relation de confiance entre les autorités éducatives et ces cadres. Cette confiance doit se traduire par un renforcement de leur rôle de pilotes de proximité, avec une capacité accrue à s'adapter aux évolutions des établissements scolaires et des attentes des usagers.
2. Formation initiale et continue
La formation initiale des chefs d'établissement est globalement appréciée, mais elle reste insuffisante pour assurer une transition fluide entre les postes d’adjoints et de chefs d’établissement. Quant à la formation continue, elle est souvent perçue comme une "variable d'ajustement" dans leur emploi du temps. Il devient donc urgent d'améliorer l’accompagnement individuel et de rendre les formations continues plus accessibles pour en faire de véritables leviers de progression professionnelle.

Environnement de travail et gestion de carrière
1. Manque de transparence dans les mutations
Le système actuel de gestion et de mutation est critiqué pour son manque de transparence. Les chefs d’établissement souhaiteraient une gestion plus claire des opportunités de carrière et des critères de mutation, ce qui faciliterait la mobilité et la progression au sein de la profession.
2. Dialogue social et hiérarchie
Le dialogue social est jugé satisfaisant, que ce soit au niveau national ou académique, via les groupes spécifiques mis en place. Cependant, les chefs d'établissement expriment un besoin d'améliorer les échanges avec leur hiérarchie directe (les IA-DASEN), ainsi que de rendre plus réguliers et pertinents les entretiens d’évaluation. De plus, les dialogues de gestion d’établissement, lorsqu’ils existent, sont perçus positivement et contribuent à une meilleure reconnaissance de leurs efforts.
Recommandations et perspectives d'avenir
Face à ces défis, le rapport de l'IGÉSR formule plusieurs recommandations pour moderniser le métier de chef d’établissement et le rendre plus attractif. Parmi celles-ci, on trouve l'idée de donner aux chefs d’établissement une plus grande autonomie décisionnelle tout en renforçant le soutien institutionnel. Il est également suggéré d’améliorer la gestion des carrières, en facilitant la mobilité professionnelle et en instaurant une transparence accrue dans les procédures de mutation.
En définitive, être chef d’établissement dans le second degré aujourd’hui demande une adaptation constante face aux nombreuses réformes, à la pression hiérarchique, mais aussi aux attentes croissantes des élèves, parents et enseignants. La réussite de l’école passe indéniablement par un soutien accru à ces acteurs de terrain.
Les chefs d’établissement font face à plusieurs défis majeurs, notamment le manque d'attractivité du métier, des revendications salariales persistantes, un équilibre difficile entre autonomie et obéissance hiérarchique, ainsi qu'une gestion des carrières perçue comme opaque. Ils doivent également gérer des réformes éducatives complexes tout en répondant aux attentes des élèves, parents et personnels.
Le rapport de l'IGÉSR recommande d'accorder plus d'autonomie aux chefs d’établissement, tout en renforçant leur soutien institutionnel. Il est également suggéré d'améliorer la gestion des carrières, avec plus de transparence dans les mutations et une meilleure reconnaissance des parcours individuels. Enfin, la formation continue des chefs d’établissement doit être élargie pour leur permettre de progresser à la fois professionnellement et personnellement.

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