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ÉDUCATION
22
October 2024

Étudiants : Pour mieux manger, pensez à explorer votre ville !

Entre les contraintes budgétaires, matérielles et géographiques, il n’est pas simple pour les étudiants de s’alimenter sainement. Comment changer la donne et prendre de bonnes habitudes ? Retour sur une enquête de terrain menée auprès de jeunes, de collectivités et d’acteurs du monde universitaire.

À chaque rentrée universitaire, de nombreux étudiants quittent le domicile familial pour se rapprocher de leur université ou de leur école. Cette séparation ne s’accompagne pas toujours d’une autonomie financière et se fait souvent de manière progressive, impliquant la gestion de leur alimentation de façon indépendante. L’enjeu est crucial, car il impacte à court terme leurs performances académiques et, à long terme, leur santé.

Dans un environnement où la malbouffe est omniprésente, comment réussir à manger sainement en tant qu’étudiant ? À partir d’entretiens réalisés auprès d’étudiants récemment indépendants, de professionnels du territoire et du CROUS, ainsi que d’observations sur le terrain dans une ville étudiante, voici quelques éléments de réponse.

Bien s’alimenter quand on est étudiant : Un chemin semé d'embûches

Les contraintes alimentaires des étudiants sont nombreuses. Les difficultés financières augmentent, poussant certains à réduire leurs dépenses alimentaires ou à recourir à l’aide alimentaire.

Des contraintes géographiques et temporelles viennent s’ajouter, les deux étant souvent interconnectées. En l'absence d’une offre adaptée à leurs besoins et à leur budget, les étudiants doivent chercher des magasins souvent éloignés. Les trajets pour atteindre le commerce alimentaire de leur choix peuvent être longs, nécessitant une organisation complexe (covoiturage, transports en commun). L’accès à des transports en commun efficaces est donc primordial, surtout pour ceux qui ne possèdent pas de véhicule.

De plus, les contraintes matérielles (petit frigo, cuisine rudimentaire, manque d'espace de stockage) incitent les étudiants à limiter leurs achats d’aliments frais et à multiplier la fréquence de leurs courses. Enfin, des contraintes cognitives se font également sentir. Certains étudiants avouent manquer de connaissances pour faire la différence entre un produit sain et un produit moins bénéfique.

Pour surmonter ces obstacles, il serait idéal de disposer d’une offre de produits sains à proximité. Malheureusement, les quartiers étudiants sont souvent envahis par des fast-foods et des commerces alimentaires de dépannage, laissant peu de place aux options saines. C’est ce qu’on appelle des "bourbiers alimentaires".

Les quartiers étudiants : Une allure de bourbier alimentaire

Notre étude a examiné l’offre alimentaire dans un rayon de 15 minutes à pied autour des domiciles des étudiants interviewés. Nous avons recensé les lieux existants et interrogé les étudiants pour évaluer leurs perceptions et comportements alimentaires.

Seuls les restaurants universitaires sont perçus comme offrant des repas équilibrés à un prix abordable. Cependant, les files d’attente qui se sont allongées avec l’instauration du repas à 1€ pour les boursiers compliquent leur accès.

La restauration hors domicile se compose principalement de fast-foods (burgers, kebabs, pizzas, sandwicheries, tacos, etc.) ou de quelques restaurants plus traditionnels qui ne conviennent pas au budget des étudiants. De plus, peu d’universités offrent des espaces où les étudiants peuvent apporter leurs repas faits maison. Ces conditions les poussent à se tourner vers les offres alimentaires peu saines qui prolifèrent autour des campus.

En ce qui concerne les courses, les étudiants associent souvent les petits magasins à des prix élevés. Bien que certaines perceptions soient fondées, d'autres peuvent être exagérées. Les observations montrent que les alternatives saines et abordables autour des campus ne sont pas faciles à identifier. Les petites enseignes et commerces spécialisés, comme les boucheries proches des résidences étudiantes, sont souvent évités, ou réservés à des courses très occasionnelles. Les "grosses courses" se font généralement de manière hebdomadaire ou mensuelle dans des enseignes plus éloignées (discounter ou hypermarché).

L’enquête révèle aussi une méconnaissance des circuits courts et des marchés de plein air. Bien qu’ils en connaissent les principes, les étudiants ne savent pas comment s’y rendre concrètement, alors qu’il existe plusieurs marchés dans les quartiers étudiés.

Ainsi, les étudiants désireux de manger sainement de manière autonome doivent faire l’effort d’explorer leur quartier.

Pour bien manger en étant autonome : Une solution : Explorer sa ville !

Notre étude a identifié quatre profils d'étudiants, déterminés par leur intérêt pour l'alimentation saine (et les savoirs qu'ils ont acquis) et leur intérêt pour la ville (et la connaissance qu'ils en ont développée concernant l'organisation, les transports et les offres disponibles). Chaque profil correspond à une stratégie d'approvisionnement alimentaire principale. Ces stratégies sont influencées par divers facteurs, le budget étant déterminant. Dans notre enquête, ceux qui dépendent principalement de l'aide alimentaire et des repas du CROUS cherchent à limiter leurs dépenses. Pour certains, cela est dû à une situation de précarité ; pour d'autres, il s'agit de restreindre leurs dépenses alimentaires pour se permettre d'autres plaisirs.

L’éloignement parental est un autre facteur important, car seuls les étudiants rentrant régulièrement au foyer familial bénéficient de l’approvisionnement parental. Les parents, en apportant les courses et en fournissant des contenants hermétiques pour la semaine, permettent à leurs enfants de bien s’alimenter, mais cela entrave leur autonomie alimentaire.

Il n’est donc pas aisé pour les étudiants récemment indépendants d'accéder à une alimentation saine. En dehors d'un approvisionnement familial régulier, ils doivent fournir des efforts pour acquérir à la fois des savoirs liés à l'alimentation et une connaissance de leur ville d'études.

Comment faire pour que les étudiants mangent mieux dans leur ville d’études ?

Les villes, qui tirent parti de la présence des étudiants sur leur territoire, doivent réfléchir et agir pour répondre à leurs besoins. Des diagnostics de l’offre alimentaire dans les quartiers étudiants permettraient de cibler des actions auprès des gérants de commerces alimentaires, comme des sensibilisations à l’alimentation saine, des formations en marketing pour mieux comprendre la cible étudiante, ainsi que des accompagnements pour promouvoir des choix sains (incitations financières, supports visuels).

Les circuits courts et les marchés de plein air devraient également faire l’objet d’une communication pour gagner en visibilité auprès des étudiants. Une journée d’accueil des nouveaux étudiants dans la ville pourrait être organisée pour partager les "bons plans pour manger sainement", avec éventuellement un soutien financier sous forme de réductions ou de bons d’achat.

Les parcours des étudiants dans les villes devraient également être étudiés pour identifier les lieux de passage principaux (arrêts de tram ou de bus, etc.) et y implanter des points de vente mobiles pour faciliter l’achat de fruits et légumes, de soupes, de jus frais ou de salades, en remplacement des en-cas peu sains. Par ailleurs, l’agrément des quartiers étudiants doit être repensé afin de faciliter et d’agrémenter les achats alimentaires lors de leurs déplacements quotidiens.

Nous conseillons aux étudiants d’explorer au plus vite leur quartier et leur ville pour identifier les options d’alimentation saine. Les sites web et applications des villes leur permettront de repérer les marchés, épiceries bio et événements locaux en lien avec l’alimentation saine. La page Instagram de la ville devrait également regorger d’informations utiles pour se familiariser avec l’offre alimentaire. Le bureau de la vie étudiante de l’université et les associations de transition écologique sont aussi des ressources précieuses pour les aider à adopter une alimentation saine et abordable.

Enfin, une fois devenus totalement autonomes, certains d'entre eux pourront jouer un rôle d’ambassadeur en partageant avec leurs camarades les bonnes adresses pour s’alimenter sainement. Après quelques mois d’entraînement, ils développeront des compétences essentielles telles que la gestion de budget, la prise de décision, le sens de l’organisation et une touche de créativité.

SOURCE : THE CONVERSATION

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