Formation des enseignants : vers une baisse de niveau ?

Des brouillons d’épreuves pour le concours de recrutement des professeurs des écoles ont récemment fuité, suscitant des inquiétudes quant à un éventuel nivellement par le bas.
Une réforme controversée
La refonte de la formation des enseignants voulue par Emmanuel Macron, prévue pour 2025, fait déjà couler beaucoup d'encre. En dépit des bouleversements politiques actuels, cette réforme avance avec des modifications majeures : concours ramené à bac +3 au lieu de bac +5, introduction d’un « master professionnalisant », et un engagement de quatre ans. Ces changements, perçus comme précipités et décidés sans concertation, provoquent des tensions. La présentation officielle du décret aux syndicats, le 11 juin, en est un exemple, car elle a eu lieu en l'absence de presque tous les syndicats, à l’exception du SE-Unsa.
Des QCM pour les « sujets 0 »
La fuite de projets d’énoncés du concours de recrutement de professeur des écoles (CRPE) a renforcé la crainte d’une baisse de niveau. Ces « sujets 0 », destinés à guider les formateurs, comportent des questions très simples, notamment en histoire-géographie et en mathématiques.
En mathématiques, certains enseignants dénoncent un niveau de seconde et l’absence de rédaction et de raisonnement, les épreuves étant réduites à des questionnaires à choix multiples et à des lectures de graphiques. Des exercices tels que « Ranger les nombres ci-dessus par ordre croissant » ou « Déterminer l'aire du carré » semblent trop élémentaires, au point qu’une professeure les a testés sur sa meilleure élève de sixième avec des résultats probants.
En histoire-géographie, les critiques sont similaires. Les exercices consistent à classer des événements historiques ou à cocher les acteurs majeurs de la Première Guerre mondiale, avec des réponses attendues en seulement cinq lignes. Un enseignant a exprimé sa colère sur le réseau social X, dénonçant une vision mécanique de l'apprentissage, sans évaluation critique ou raisonnement historique.
Une inquiétude persistante
Bien que ces exercices soient encore expérimentaux, ils confirment les craintes des professionnels de l’éducation face à la refonte de la formation des enseignants. Le déplacement du concours à bac +3 pourrait élargir le recrutement et atténuer la pénurie d’enseignants, mais ces sujets laissent certains perplexes. Marina, formatrice à l’Inspé de Nantes, résume cette inquiétude : « On ne sélectionnera plus des spécialistes de l'enseignement, mais des gens juste capables de tourner les pages d'un manuel scolaire. Mépris pour les profs, les élèves et leurs parents. »

SOURCE : LE POINT

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