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ÉDUCATION
20
August 2025

Formations, fusions, disparitions : les grandes écoles face aux turbulences démographiques

Les écoles ont multiplié leurs offres, mais la demande étudiante, atone et en baisse, risque de percuter de plein fouet leur modèle économique.

« Mais où sont les étudiants ? Voilà ce qu’on entend sur le marché », confiait fin juin José Milano, à la tête d’Omnes Education, un des poids lourds de l’enseignement supérieur privé lucratif. Alors qu’un repli des effectifs est attendu d’ici à la fin de la décennie, les grandes écoles ont multiplié les bachelors ces dernières années.

« On a un effet ciseaux entre une relative atonie démographique et une offre pléthorique », confie Jean Charroin, à la tête de l’Essca, école de management post-bac. « Les écoles vont être confrontées à un phénomène de pénurie qu’elles entretiennent elles-mêmes. »

Si l’on ajoute le tour de vis gouvernemental sur l’apprentissage et les nombreux investissements à venir — dans les campus, dans l’IA, dans des systèmes d’information coûteux, dans les services aux étudiants… —, c’est tout le modèle économique des grandes écoles qui risque d’être « percuté », s’accordent à dire leurs dirigeants.

Stress tests

« Dans 18 ans, il y aura 20 à 25 % de flux entrants d’étudiants sur le marché en moins », soulignait récemment Sébastien Vivier-Lirimont, directeur associé du cabinet spécialisé Headway, devant la Conférence des grandes écoles. Le nombre d’offres sur Parcoursup est, lui, passé de 12 000 à 24 000, dont 9 000 en apprentissage, entre 2020 et 2024.

Face à cet effet ciseaux entre offre et demande, Jean Charroin a lancé des stress tests et cartographié les risques. « On sait qu’on peut rester viable, même si nos effectifs s’effondraient de 20 % », assure-t-il. L’école a limité l’alternance à hauteur de 12 %, là où d’autres dépendent beaucoup plus des aides publiques.

Disparitions et fusions à venir

Des responsables d’établissements s’attendent à des disparitions et à des fusions d’écoles dans les 12 à 18 mois. Ils mettent en garde contre les « effets dramatiques » de fermetures qui laisseraient des étudiants sur le carreau.

« Dès lors que le marché va faire l’objet de turbulences, la sécurisation du parcours de l’étudiant est une nécessité », plaide José Milano.

Il réclame un « mécanisme assurantiel », comme en Allemagne, qui obligerait tout établissement à provisionner des fonds au cas où il mettrait la clé sous la porte. Depuis juin, la commission qui contrôle la qualité des formations des écoles de management (CEFDG) leur demande d’ailleurs des éléments attestant de leur « soutenabilité financière ».

L’international, une hypothèse forte ?

Dans ce contexte, les établissements cherchent des relais de croissance. L’Essca mise sur l’international et sur des campus de petite taille où « tout est à portée de main ». L’Iéseg augmente le nombre de places en bachelor.

L’ESCP veut faire de Dubaï une base de développement de la formation continue, se lance dans des « programmes conjoints » avec son partenaire chinois (CEIBS) et a noué des accords avec des écoles d’ingénieurs indiennes « pour attirer des étudiants [qu’elle n’avait pas] dans [son] radar », selon son directeur général, Léon Laulusa. L’école prévoit aussi la création de deux nouvelles structures pour intéresser davantage d’étudiants internationaux et se diversifier.

L’enseignement supérieur privé lucratif mise également sur l’international. Omnes Education mobilise ainsi 650 agents dans le monde, pour s’implanter et racheter des écoles. Le groupe, qui assure avoir « un portefeuille équilibré » limitant les risques, veut passer de 25 à 50 % d’étudiants internationaux d’ici à trois ans, avec « des services supplémentaires pour faire des campus des lieux de vie », « une sophistication des modèles pédagogiques » et « une offre technologique autour de l’IA, pour coller davantage aux besoins des entreprises ».

La directrice générale de l’Iéseg, Caroline Roussel, reste prudente. « Je ne dis pas qu’il ne faut pas recruter des étudiants internationaux, mais le déclin démographique n’est pas que français », souligne-t-elle. « Quand on voit certains établissements en Corée qui, face à la baisse démographique, envisagent de recruter des étudiants en France et en Europe, je pense qu’on va avoir un problème. »

L’international est « peut-être une hypothèse forte », conclut Sébastien Vivier-Lirimont, en rappelant que le Canada est passé en deux ans de plus de 500 000 visas d’études approuvés à seulement 200 000.

SOURCE : LES ECHOS

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