Les grandes écoles d’ingénieurs ont-elles vraiment besoin de se faire connaître ?

L’École Polytechnique et d’autres grandes écoles d’ingénieurs se posent une question importante : ont-elles réellement besoin de se faire connaître ? Bien que cela puisse sembler évident pour certaines, la question mérite réflexion. Dans cet article, Ekole explore comment le manque de visibilité de ces écoles peut affecter l’attractivité du métier d’ingénieur et comment une meilleure communication vers des publics cibles pourrait leur permettre de se démarquer, notamment pour leurs formations périphériques.

Une visibilité brouillée

Des dénominations changeantes

L’image des grandes écoles d’ingénieurs peut parfois prêter à confusion. Par exemple, l’École Polytechnique ne doit pas être confondue avec l’Institut Polytechnique, tandis que des écoles comme Centrale et Supélec ont fusionné pour devenir CentraleSupélec. De même, l’École Nationale des Ponts et Chaussées porte désormais le nom d’École des Ponts-ParisTech. SupOptique, quant à elle, est connue sous six appellations différentes, rendant l’identification de l’école complexe pour les publics non avertis.

Grandes écoles d’ingénieurs contre grandes écoles de commerce

Les grandes écoles d’ingénieurs jouissent-elles de la même notoriété que les écoles de commerce ? Une simple recherche sur Google Trends met en lumière un écart notable. En effet, HEC et l’ESSEC devancent largement l’École Polytechnique et CentraleSupélec en termes de recherches. Sur les cinq dernières années, l’indice de recherche pour “HEC” est de 66, contre seulement 4 pour “École Polytechnique” et 1 pour “CentraleSupélec”. Cette différence est également visible en termes de visites sur les sites web des écoles, où les écoles de commerce attirent un plus grand nombre de visiteurs que les écoles d’ingénieurs.

Communiquer vers des publics cibles et sur des programmes complémentaires

Communiquer vers le public féminin

Un autre axe de communication essentiel pour ces écoles est la question de la parité. Selon l’Observatoire des femmes ingénieures, les femmes représentent environ 22% des ingénieurs en France. Cependant, dans les très grandes écoles d’ingénieurs, la proportion de femmes est bien plus faible, notamment à l’École Polytechnique et CentraleSupélec où elles ne représentent respectivement que 20% et 19% des effectifs. Il devient donc crucial de communiquer davantage vers ce public pour encourager les filles à choisir ces carrières d’ingénieur.

Se faire connaître des parents

Les grandes écoles d’ingénieurs, souvent publiques et quasi gratuites, ont un avantage indéniable pour les parents des futurs étudiants. En effet, la gratuité des études, voire leur rémunération dans certaines écoles comme l’École Polytechnique, est un argument qu’il serait utile de mettre en avant pour attirer l’attention des parents, qui jouent un rôle clé dans le choix de l’établissement de leurs enfants.

Faire connaître les programmes complémentaires

Enfin, ces écoles ont tout intérêt à mieux faire connaître leurs programmes complémentaires, comme les bachelors ou les formations continues. Ces formations, moins médiatisées que les cursus traditionnels de grande école, bénéficieraient d’une visibilité accrue. Chrystelle Legrand, responsable du programme Bachelor de l’École Polytechnique, souligne que ce programme, bien que jeune, a besoin de se faire connaître pour toucher de nouveaux candidats.

En conclusion, même les plus grandes écoles d’ingénieurs doivent travailler leur visibilité pour attirer davantage de candidats et mieux se faire connaître de différents publics, que ce soit pour des programmes spécifiques, des publics sous-représentés ou des formations complémentaires. Une stratégie de communication ciblée est essentielle pour renforcer leur attractivité et répondre aux besoins du marché.