Grandes écoles : les stéréotypes de genre persistent

Le 4e baromètre de la Conférence des grandes écoles, l’Association pour les managers de la diversité et Clermont School of business montre que les stéréotypes de genre sont toujours bien présents, et même plus marqués que lors de l’enquête précédente.

C’est le 4e baromètre publié par la Conférence des grandes écoles (CGE), l’Association française des managers de la diversité et Clermont School of business sur les stéréotypes de genre. Sans surprise, ils restent ancrés chez les étudiantes et étudiants des 247 établissements de la CGE, et semblent même se renforcer. La proportion de celles et ceux qui pensent que hommes et femmes possèdent les mêmes compétences professionnelles diminue : 82,4% en 2021, 79,2% en 2025.

« Il y a une érosion de la perception d’égalité entre les femmes et les hommes et une polarisation importante sur les questions de genre et d’égalité », remarque Tanguy Bizien, responsable des études à l’AFMD et co-auteur de l’enquête : « C’est le signal faible d’un phénomène en cours que nous ne parvenons pas encore à nommer. »

Des compétences genrées

« Quand on analyse les qualités et compétences attribuées aux femmes, aux hommes ou aux deux, les résultats montrent que les stéréotypes restent les mêmes », explique Pascale Borel, enseignante-chercheuse à Clermont School of Business et co-auteure de l’étude.

L’empathie, l’écoute, la sensibilité et la communication sont majoritairement associées aux femmes, tandis que les hommes sont perçus comme confiants, capables de gérer le stress, dotés de leadership et orientés vers l’action. « Ce sont des clichés souvent présents dans la société et le monde professionnel. »

L’étude révèle aussi que les femmes s’attribuent en moyenne 4,4 compétences et en attribuent 1,8 aux hommes, tandis que les hommes s’attribuent 2,1 compétences et en attribuent 3,7 aux femmes. Deux hypothèses : soit les femmes sont plus exigeantes envers elles-mêmes et les hommes envers les femmes, soit les clichés sont plus marqués à l’égard des femmes. « Ces comportements conduisent à l’autocensure des femmes », souligne Pascale Borel.

La société et les réseaux sociaux, suivis des médias, véhiculent ces stéréotypes. Dans les établissements, près de la moitié des étudiants en ont déjà entendu parler lors de cours obligatoires ou via des supports de communication.

Les futurs ingénieurs plus satisfaits de leur formation que les futurs managers

L’enquête aborde aussi les choix de formation. Les élèves ingénieurs sont motivés par les disciplines, tandis que les aspirants managers privilégient les débouchés professionnels. Tanguy Bizien explique : « De la première à la cinquième année, les élèves ingénieurs s’intéressent au contenu de leur formation, alors que ceux en école de management visent diplômes et réseau. Ils adoptent une stratégie différente. »

L’équilibre vie professionnelle et engagement des étudiants

« L’engagement écologique et sociétal reste secondaire dans le choix de formation », précise le chercheur. « Les aspirations se concentrent sur salaire et qualité de vie. Les employeurs doivent prendre en compte cet équilibre pour accueillir les jeunes diplômés, c’est un enjeu clé. »

Tous sont ambitieux, qu’ils soient en école de management ou d’ingénieurs. « Près de 30% des étudiants ambitieux ne souhaitent pas manager ni occuper de fonctions de direction », explique Pascale Borel, « mais plus l’ambition est forte, plus les stéréotypes attribués aux femmes, filles comme garçons, se renforcent ».

SOURCE : Leparisien