Greta-CFA de Lorraine : il faut "étudier les besoins de formation de façon plus large qu’avant" (F. Bromont, Draafpica)

Proposer aux entreprises un "point d’entrée unique pour identifier les besoins en recrutement et en formation", et y répondre en s’appuyant sur l’apprentissage, la formation initiale scolaire et la formation continue : tel est l’un des défis actuels des Greta-CFA de Lorraine, selon Frédéric Bromont, Draafpic (Délégué régional académique adjoint à la formation professionnelle initiale et continue) de Nancy-Metz depuis septembre 2024. Dans un entretien à AEF Info après le séminaire anniversaire des 50 ans des Greta-CFA à Metz, il évoque les leviers clés du développement du réseau, et revient notamment sur l’impact de l’intégration de l’apprentissage, qui représente désormais plus de 50 % du chiffre d’affaires des Greta-CFA/GIP FTLV. Une évolution qui a des implications sur l’organisation des équipes, avec l’objectif de "décloisonner au maximum".
50 ans de contributions à l’éducation et à l’emploi
AEF info : Le 4 octobre 2024, les Greta-CFA de Lorraine ont célébré leur 50e anniversaire. Quelles étapes marquantes ont été évoquées ?
Frédéric Bromont : Le parcours des Greta-CFA a traversé plusieurs étapes importantes, abordées par mes prédécesseurs, Hervé Marchi et Anne-Marie Messe. Un élément clé a été le renforcement de la structure académique, avec une réduction du nombre de structures de 15 à 12, puis à cinq aujourd’hui. Au fil des décennies, le réseau a consolidé son organisation, sa base financière, sans toutefois perdre sa force : un maillage territorial fin de l’offre de formation, en lien avec les établissements scolaires, comme les lycées professionnels, les collèges et les lycées généraux.
Un autre moment marquant a été la loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" de 2018, qui a ouvert deux chantiers majeurs : la certification qualité, avec la démarche "Eduform" de l’académie de Nancy-Metz, et l’intégration de l’apprentissage, déployée à partir de 2020, rendant les Greta-CFA responsables de toute l’offre d’apprentissage public.
Une transformation avec l’apprentissage
AEF info : Quelles ont été les conséquences concrètes de cette évolution ?
Frédéric Bromont : L’intégration de l’apprentissage a nécessité une restructuration de l’offre publique, visant à assurer sa cohérence avec les besoins des entreprises. L’objectif était d’élargir l’approche des besoins de formation et de recrutement : cela inclut la formation continue pour les demandeurs d’emploi et les métiers en tension, ainsi que l’apprentissage pour les jeunes. Ce changement a eu un impact spectaculaire.
L’apprentissage : un moteur de croissance
AEF info : En 2023, le réseau des Greta-CFA de Lorraine a enregistré un chiffre d’affaires global de 64 M€. Comment l’apprentissage a-t-il impacté cette évolution ?
Frédéric Bromont : Le développement de l’apprentissage a été une véritable "déferlante" au cours des quatre dernières années, doublant dès la première année le chiffre d’affaires des Greta-CFA, avec plus de 50 % de ce chiffre provenant désormais de l’apprentissage. Cependant, cela reste un point de vigilance. Bien que l’apprentissage soit devenu majeur, nous n’oublions pas que l’histoire des Greta-CFA repose sur la formation continue, destinée aux salariés et aux personnes en reconversion.
Des profils d’apprentis variés
AEF info : Quels profils d’apprentis accueillent les Greta-CFA ?
Frédéric Bromont : Les apprentis proviennent principalement des niveaux BTS et Bac pro, avec un nombre croissant de jeunes en post-bac. Cela reflète une évolution nationale visant à élever le niveau de qualification des jeunes. Autrefois centrée sur les niveaux CAP et Bac pro, la formation post-bac en apprentissage représente désormais plus de la moitié de notre chiffre d’affaires "apprentissage".
La commande publique et l’adaptation aux nouveaux besoins
AEF info : La commande publique continue-t-elle de dominer la formation continue ? Comment adapter l’offre aux besoins actuels ?
Frédéric Bromont : Environ 80 % de l’activité de formation continue des Greta-CFA lorrains concerne des donneurs d’ordres publics, notamment la Région et France Travail. Nous répondons à de nombreux appels d’offres, parfois en partenariat avec d’autres organismes de formation. Le numérique permet de personnaliser l’offre et de proposer des formations plus flexibles, notamment en multimodalité, ce qui a été accéléré par la pandémie.
Répondre aux besoins des entreprises
AEF info : Comment les Greta-CFA répondent-ils aux besoins des entreprises ?
Frédéric Bromont : Il est crucial d’écouter les entreprises et de répondre à leurs besoins spécifiques. En tant qu’organisme public, nous devons nous affirmer comme un prestataire de formation fiable. Le développement de l’apprentissage doit permettre à l’Éducation nationale de renforcer sa présence auprès des entreprises. Plutôt que de proposer des formations standardisées, nous cherchons à offrir des réponses précises aux demandes des employeurs, qu’il s’agisse de recrutement ou de montée en compétences.
L’évolution des équipes
AEF info : Cette évolution a-t-elle des conséquences sur le plan RH ?
Frédéric Bromont : La polyvalence est essentielle. Les équipes doivent acquérir des compétences tant dans la formation continue que dans l’apprentissage. L’objectif est de décloisonner les rôles afin que chaque équipe puisse répondre aux différents besoins des entreprises. Un guichet unique doit être mis en place pour faciliter l’accès à l’offre de formation.
Perspectives d’avenir
AEF info : Quels sont les défis à venir pour les Greta-CFA ?
Frédéric Bromont : Nous cherchons à renforcer l’identité du réseau des Greta-CFA lorrains, en particulier auprès des entreprises et des stagiaires. L’enjeu est de rendre le réseau plus lisible et de promouvoir une approche commune au niveau régional. Les Greta-CFA doivent continuer à jouer un rôle clé dans la politique de formation du rectorat.
En quelques chiffres (2023)
- Un réseau de cinq Greta-CFA et un GIP FTLV labellisé "Eduform"
- 70 lycées partenaires (dont 26 UFA accueillant des apprentis)
- 350 formations dans 18 secteurs d’activité
- 18 312 stagiaires en formation professionnelle (12 % salariés, 81 % demandeurs d’emploi, 7 % individuels)
- 4 393 apprentis
- Plus de deux millions d’heures de formation
- 54 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 38 M€ pour l’apprentissage et 16 M€ pour la formation continue
- 712 personnels permanents (348 enseignants, 292 administratifs, 72 conseillers en formation)

SOURCE : AEF INFO

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
