Handicap : les élèves défavorisés plus souvent en dispositif spécialisé

"Les jeunes de milieu défavorisé ont des troubles plus pénalisants sur le plan scolaire", alerte un rapport de France Stratégie sur la mobilité sociale des jeunes en situation de handicap, publié le 22 mai 2025. Si les parcours scolaires diffèrent selon le type de handicap, ils varient aussi, à handicap égal, selon l’origine sociale. Le rapport note que les enfants de milieux modestes sont plus souvent orientés vers des dispositifs spécialisés. Toutefois, ces résultats concernent des jeunes nés avant la loi de 2005, et les auteurs espèrent désormais une amélioration des trajectoires scolaires.
"Une politique d’inclusion nécessite de meilleures données, particulièrement lacunaires dans le domaine du handicap, pour mesurer l’impact des politiques publiques", déclare Clément Beaune, haut-commissaire au plan.
Une double inégalité : origine sociale et handicap
"L’origine sociale défavorisée et le handicap se cumulent fortement dans les parcours de vie", observe Clément Beaune, dans le rapport Jeunes en situation de handicap : une mobilité sociale entravée. Ce document vise à éclairer les trajectoires scolaires et professionnelles de ces jeunes, en soulignant que les élèves handicapés issus de milieux favorisés réussissent mieux que leurs pairs défavorisés, comme c’est le cas chez les autres jeunes.
Des troubles plus lourds dans les milieux modestes
Les auteurs relient le plus faible niveau de diplôme des jeunes en situation de handicap à leur parcours scolaire antérieur. En moyenne, les enfants de milieux modestes ont plus de difficultés scolaires que ceux issus de familles favorisées. En parallèle, les enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire proviennent plus souvent de familles défavorisées (51 %) que l’ensemble des élèves du même âge (38 %).
Par ailleurs, les troubles les plus pénalisants pour l’apprentissage sont davantage présents chez les enfants des classes sociales les plus basses. Ainsi, 62 % des enfants nés en 2005 et ayant des troubles intellectuels ou cognitifs vivaient dans des familles défavorisées, alors qu’ils ne représentaient que 38 % de l’ensemble des élèves de la même année.
Les enfants issus de milieux modestes sont également surreprésentés parmi ceux présentant des troubles du psychisme.
Le type de handicap influe sur la scolarisation
Les auteurs précisent que tous les handicaps ne conduisent pas aux mêmes orientations scolaires. Par exemple, les élèves avec des troubles psychiques ou envahissants du comportement sont plus souvent dirigés vers des établissements spécialisés que ceux souffrant de troubles moteurs ou du langage.
À handicap égal, des parcours scolaires inégaux
Un autre constat marquant du rapport est que les élèves défavorisés réussissent moins bien que les élèves favorisés, même lorsqu’ils présentent le même type de handicap. À 10 ans, 20 % des enfants très favorisés atteignent le CM2 "à l’heure" contre seulement 5 % des enfants de milieu modeste.
Concernant les handicaps physiques, 67 % des enfants favorisés ne redoublent pas contre seulement 41 % de leurs pairs défavorisés. Ces écarts perdurent au collège : plus l’origine sociale est favorisée, plus les chances d’obtenir le DNB en série générale augmentent, même à trouble équivalent.
Une orientation plus fréquente vers le spécialisé pour les élèves modestes
Bien que la scolarisation des élèves en situation de handicap en milieu ordinaire se soit améliorée grâce à la loi du 11 février 2005, elle demeure socialement inégalitaire. Les parents favorisés ont davantage de ressources pour défendre une scolarisation en classe ordinaire. À six ans, 9 enfants très favorisés sur 10 sont en classe ordinaire, contre 8 sur 10 chez les défavorisés. À 14 ans, l’écart se creuse : 60 % des enfants favorisés y restent, contre 20 % chez les défavorisés.
À trouble équivalent, les enfants de familles modestes sont plus souvent en milieu spécialisé. Les enfants nés en 2005 présentant un trouble envahissant du développement étaient 17 % à être exclusivement scolarisés en ESMS dans les familles défavorisées, contre 9 % dans les familles très favorisées.
Le rapport souligne que les parents favorisés savent mieux défendre les intérêts de leurs enfants, une compétence qui agit comme un levier supplémentaire de réussite. En revanche, pour les élèves issus de milieux modestes, l’orientation vers le spécialisé constitue un désavantage supplémentaire, contribuant à leur sous-représentation dans les classes ordinaires.
Des progrès attendus grâce à la loi de 2005
Il est important de noter que ces résultats concernent des enfants nés dans les années 1980 et 1990, donc avant l’entrée en vigueur de la loi de 2005, qui a triplé la scolarisation en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap.
Les auteurs espèrent désormais une amélioration des trajectoires scolaires et sociales grâce à cette évolution. Pour mieux mesurer cet impact, ils appellent à une harmonisation des indicateurs de handicap, notamment autour de l’indicateur Gali (Global Activity Limitation Indicator), testé par le ministère de l’Éducation nationale depuis 2021.
Ces nouvelles données pourraient permettre de vérifier si les enfants handicapés favorisés et défavorisés fréquentent les mêmes types d’établissements (publics, privés, REP…), et ainsi mieux cerner l’ampleur des inégalités persistantes.

SOURCE : AEF INFO

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