Blog
ÉDUCATION
1
October 2024

Handicap : l’inclusion progresse dans les études supérieures, mais le chemin reste encore long

Le nombre d’étudiants en situation de handicap a doublé en six ans, mais pour beaucoup, se former reste un véritable parcours du combattant.

Le problème de ce futur ingénieur, c’est Newton. Pas Isaac, le génie britannique et sa fameuse pomme, mais Newton, le chien-guide de Rémi, étudiant en troisième année à l’Efrei Paris. « Il a clairement influencé mon choix d’école », explique Rémi. Bien que toutes les écoles soient obligées par la loi d’accepter les chiens-guides, il ajoute : « En pratique, si c’est pour sentir que mon chien dérange ou recevoir des remarques tous les jours, ce n’est pas la peine. »

À douze ans, Rémi perd progressivement la vue à cause d’une maladie génétique. Il devient aveugle de l’œil droit, puis de l’œil gauche en quelques jours, durant les vacances de la Toussaint. Il lui reste une très petite capacité visuelle, « juste de quoi lire deux caractères à la fois sur un écran avec un zoom immense, mais c’est épuisant. » Juridiquement, Rémi est considéré comme aveugle.

De retour en classe, il rencontre l’équipe pédagogique de son collège. « Je pensais qu’ils allaient me proposer des solutions pour m’adapter. En réalité, c’était pour me faire signer des papiers d’inscription dans un établissement spécialisé. J’ai refusé poliment », raconte-t-il.

« Comment être sûr que tu ne vas pas tricher ? »

Rémi voulait avant tout rester avec ses amis, qui l’aidaient à se déplacer et prenaient des notes que sa mère et sa sœur lui lisaient ensuite. En parallèle, il devait rapidement s’adapter, apprenant à utiliser une canne, des logiciels de synthèse vocale et à écrire sur tablette.

Au lycée, il envisage d’abord une carrière d’ingénieur du son, passionné par les sciences et doté d’une ouïe fine. « En y réfléchissant, je me suis rendu compte que mon handicap guidait cette décision. Mais il était hors de question que mon handicap dicte mon orientation. Ce que j’aimais vraiment, c’était l’informatique. » Choisir une école est difficile pour tous, mais Rémi devait également tenir compte de son chien et de son handicap. « Les écoles mettaient souvent en avant leur ascenseur, ce qui me faisait sourire, car je n’ai aucun problème pour monter les escaliers, ni Newton d’ailleurs. » Ce qui l’inquiétait davantage, c’était les questions sur les examens : « Comment être sûr que tu ne vas pas tricher avec ton matériel ? » L’incompréhension face aux différents handicaps reste une des principales difficultés dans l’enseignement supérieur.

Un manque de formation et de spécialistes

« Il manque cruellement de formation et de spécialistes dans ce domaine. Même certains référents handicap dans les établissements sont peu informés », regrette Christian Grapin, directeur de Tremplin Études-Handicap-Entreprises, une association qui aide les jeunes handicapés dans leur parcours de formation et vers l’emploi.

Néanmoins, des progrès ont été réalisés. Depuis la loi de 2005, le nombre d’étudiants en situation de handicap est passé de moins de 5 000 à plus de 59 000, doublant même ces six dernières années. Cependant, il faut noter que certains handicaps, auparavant non reconnus, comme les troubles de l’apprentissage et les handicaps psychiques, font désormais partie des statistiques.

Des moyens financiers et humains insuffisants

Malgré ces avancées, des obstacles persistent. « L’histoire scolaire des jeunes en situation de handicap est marquée par une baisse progressive de leur intégration », observe Christian Grapin. En France, seuls 9 % des jeunes en situation de handicap accèdent aux études supérieures, contre 22,3 % pour l’ensemble des étudiants inscrits en master.

Le débat se focalise souvent sur l’accessibilité des bâtiments, mais les spécialistes alertent sur un manque de moyens humains et financiers. « La clé de la réussite est un accompagnement individuel sur plusieurs années, avec des équipes formées et des budgets adaptés », insiste Christian Grapin.

À chaque étape du parcours éducatif, de nouveaux défis surgissent, notamment administratifs, pour garantir de bonnes conditions d’études (matériel adapté, prise de notes, aménagement des plannings). « Il faut avancer progressivement, avec persévérance. J’ai vu de nombreux jeunes que nous avons accompagnés jusqu’au master 2, alors que cela semblait impensable pour eux et leurs familles. L’Éducation nationale leur fermait la porte de l’avenir », déplore Christian Grapin.

Un futur prometteur malgré les obstacles

Rémi, quant à lui, ne se laisse pas décourager par ces difficultés, même s’il comprend ceux qui abandonnent l’école. « Chaque situation est unique et difficile », admet-il. Actuellement en échange universitaire à Montréal pour quatre mois, il profite pleinement de cette expérience, tout comme Newton.

SOURCE : LE PARISIEN

En savoir plus sur nos solutions pour les établissements scolaires
La plaquette pour animer la communauté de votre établissement
Partager ce contenu

Nos réalisations

Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.

C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle
ÉDUCATION
5
September 2025

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

ChatGPT s’invite au lycée : un professeur intègre l’IA dans ses cours pour former ses élèves et repenser la pédagogie de demain.
Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
ÉDUCATION
5
September 2025

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets

Le bachelor agro arrive en 2026 avec six mentions et de nouvelles règles pour l’enseignement agricole. Focus sur son organisation et ses enjeux.
Une entreprise sur six a intégré le mécénat de compétences
ÉDUCATION
5
September 2025

Une entreprise sur six a intégré le mécénat de compétences

16 % des entreprises misent sur le mécénat de compétences. Découvrez ses impacts sur l’engagement, la marque employeur et les carrières.