Le harcèlement scolaire : une notion victime de son succès

Le harcèlement scolaire, devenu une priorité pour l’éducation nationale, a progressivement intégré le vocabulaire scolaire. Cependant, cette popularité accrue peut mener à des confusions, certaines familles utilisant ce terme pour des situations qui ne relèvent pas vraiment du harcèlement, compliquant ainsi le travail des équipes chargées de prévenir la violence à l'école.
Une prise de conscience collective
Il est largement admis qu'il vaut mieux aborder le sujet du harcèlement de manière proactive plutôt que de rester silencieux. Encourager les enfants à parler de leurs expériences est fondamental, car cela peut prévenir des situations graves.
Il y a une quinzaine d'années, la notion de harcèlement scolaire était presque inconnue du grand public. Selon les experts en éducation et les acteurs de terrain, on parlait alors davantage de violence scolaire, où la dynamique du « bouc émissaire » était souvent considérée comme un phénomène isolé, mal compris et minimisé, relégué au rang d'un simple conflit entre deux enfants, plutôt que d'être reconnu comme un problème collectif.
L’évolution législative
Depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, plusieurs suicides tragiques de jeunes victimes de harcèlement, comme ceux d’Evaëlle en 2019 et de Nicolas en 2023, ont attiré l’attention des médias et de la société sur les manquements de l’éducation nationale. En réponse, le harcèlement scolaire a été inscrit dans la loi en 2019 et est devenu un délit en 2022. Pour améliorer la gestion du harcèlement, l’éducation nationale a mis en place le programme Phare dans chaque collège.
Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale, a personnalisé son engagement dans cette lutte, notamment en annonçant, le 6 novembre, la veille de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, le lancement de sa propre association nommée Faire face.
Une question de société
Le harcèlement scolaire est indéniablement devenu un véritable enjeu sociétal, occupant une place importante dans les discussions politiques et médiatiques. Ce terme est désormais ancré dans le langage courant des familles et des élèves. Cependant, son utilisation excessive peut poser problème. Sur le terrain, les professionnels de l'éducation, notamment les conseillers principaux d'éducation (CPE), expriment leur frustration face à l'emploi de ce terme pour des cas de mal-être qui ne relèvent pas strictement du harcèlement. Cela complique leur mission de remédiation.
Témoignage d’un CPE
Cédric Bart, CPE dans un collège du Pas-de-Calais et secrétaire académique du syndicat SE-UNSA, raconte une situation révélatrice :
« Une mère est arrivée à la loge, très en colère, en demandant à être reçue. Elle affirmait que sa fille était harcelée et demandait à ce que les deux élèves soient entendues ensemble. » Conformément au protocole, Cédric a décidé de ne pas confronter les élèves directement et a pris le temps de les recevoir séparément. Il a fini par réaliser que le conflit entre les deux jeunes filles était un incident isolé. « Entre-temps, la mère avait écrit à l’inspection d’académie, ce qui a déclenché toute la procédure. J’y ai consacré quatre heures de travail », conclut-il.
Conclusion
Le harcèlement scolaire est une problématique complexe qui nécessite une approche nuancée. Il est essentiel d'encourager le dialogue et d'apporter une attention particulière aux cas signalés tout en évitant la confusion avec des situations qui ne s'apparentent pas réellement au harcèlement. La sensibilisation, l'éducation et une intervention appropriée sont des éléments clés pour combattre efficacement ce fléau dans le milieu scolaire.

SOURCE : LE MONDE

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