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ÉDUCATION
8
January 2025

IA : "Il faudra prioriser les usages et se poser la question de la valeur ajoutée" pour les universités (colloque de Comosup)

"Source d’inspiration" pour certains, "crainte" pour d’autres… "L’IA s’apprête à transformer toutes les fonctions supports des établissements", constate Valérie Gibert, présidente de l’ADGS et DGS de l’université de Strasbourg, lors d’une journée organisée sur l’IA et la communication universitaire par Comosup, en novembre 2024. Mais avant de se lancer, "il faudra se demander si son usage améliore considérablement le service public ou pas", ajoute-t-elle. Création de contenus, génération d’images, réponses automatisées… les services communication des universités s’interrogent sur l’impact de l’IA sur leurs métiers. "Qu’on soit pour ou contre, on ne peut pas ne pas traiter le sujet de l’IA", estime Valérie Gibert. "Le train est lancé, ne pas y aller serait suicidaire, mais il faut accompagner les acteurs. Nous avons besoin de parler avec l’ensemble des professions, car le sujet concerne tout le monde", explique-t-elle. "Le risque serait de ne rien faire ou de mal accompagner."

Des risques de fracture numérique à considérer

La directrice générale des services de Strasbourg met en garde contre le risque de fracture numérique existant chez les étudiants, mais aussi au sein des communautés, y compris parmi les chercheurs et enseignants-chercheurs. Ces derniers doivent "modifier leur façon de faire cours et leur modalité d’évaluation". Quant aux étudiants, "il faut apprendre à travailler avec ces sources, apprendre à les décrypter, etc."

Aller vers des modèles de langage souverains

Jean-François Caulier, vice-président stratégie et innovations numériques à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, explique : "Notre premier travail a été de faire prendre conscience aux enseignants-chercheurs que ChatGPT existe. Désormais, ceux qui s’en sont emparés nous demandent des licences. De mon point de vue, ce n’est pas conforme à nos cadres. C’est une boîte noire. On ne peut pas vérifier ce qu’ils font de nos données."

Il insiste sur l’importance d’élaborer "des modèles de langage souverains entraînés sur des données françaises". Un consortium avec les universités de Rennes, Reims, Lille et Centrale Rennes a déjà permis de mettre en place un serveur pour faire tourner des modèles en interne. "Se mettre à plusieurs a du sens, et la DGRI nous pousse à faire des consortiums sur tout le territoire", affirme-t-il.

Valérie Gibert abonde dans ce sens : "Notre plus-value au sein de l’ESR est de poser ces questions éthiques. Il faut des consortiums avec l’aide du MESR pour développer une IA souveraine."

L’ia : capable de tout, mais prioriser les besoins

À propos de l’ESR, Valérie Gibert anticipe "de fortes demandes" pour l’IA, qu’ "il faudra prioriser". Elle invite à analyser si chaque usage améliore "considérablement le service public". Elle souligne également les craintes liées à l’emploi, tout en ajoutant que "l’IA permettra de redonner du temps aux agents pour réinvestir l’humain."

Jean-François Caulier prône une analyse préalable des besoins, citant l’exemple d’une université privée en Colombie ayant mené une enquête approfondie avant d’intégrer un chatbot pour accompagner étudiants et enseignants-chercheurs.

Une source d’inspiration complémentaire pour la création

Les métiers liés à la création ressentent aussi des inquiétudes face à l’IA. Pour Marie Beaunay, graphiste au Cnam, après une prise en main "difficile pour l’ego", l’IA est devenue "une source d’inspiration incroyable". Elle préconise toutefois de valoriser "l’expertise humaine et les soft skills".

En revanche, Julien Le Bonheur, responsable communication scientifique à l’université de Rennes, est plus réservé. Selon lui, "l’IA n’est pas adaptée à la vulgarisation scientifique, créant parfois des contresens crédibles".

Des usages variés mais une formation nécessaire

L’université de Bordeaux a testé l’IA pour produire des pages de son futur intranet. Les participants au colloque soulignent l’importance d’une formation sur l’IA, notamment via des webinaires pour "apprendre à prompter".

Malgré ses promesses, l’IA soulève des questions éthiques, environnementales et sociales. Les universités doivent s’organiser pour en exploiter le potentiel tout en maintenant un cadre adapté et humain.

SOURCE : AEF INFO

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