Ia : l’alliance entre Mistral AI, Edtech France et des universités projette de répondre à des besoins partagés dans l’ESR

L’alliance annoncée entre Edtech France, plusieurs universités et l’entreprise Mistral AI, dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA, réunit pour l’instant 14 établissements d’enseignement supérieur publics, principalement des universités. Si le plan et le calendrier restent à préciser, l’objectif est clair : rassembler un maximum d’établissements afin d’exprimer des besoins collectifs, permettant à Mistral AI et plusieurs edtech d’y répondre de manière "industrielle", avant d’envisager une contractualisation.
Un partenariat pour identifier et répondre aux besoins en IA
L’alliance, annoncée le 5 février 2025 en amont du Sommet pour l’action sur l’IA de Paris, vise à réunir Edtech France, Mistral AI et plusieurs universités pour identifier et exprimer collectivement des besoins liés à l’usage de l’IA. Mistral AI s’appuiera sur son offre existante destinée aux entreprises (Le Chat entreprise) pour l’adapter aux enjeux éducatifs et proposer une infrastructure facilitant l’intégration des edtech au sein des établissements de l’ESR public.
Les membres de l’alliance
Cette alliance s’adresse principalement aux établissements de l’ESR public, notamment les universités. Elle ne devrait pas s’élargir à d’autres types d’établissements, sauf de manière marginale.
Au moment du Sommet pour l’action sur l’IA, 11 établissements étaient membres : les universités de Rennes, Haute-Alsace, Nîmes, Paris-Est Créteil, Bordeaux-Montaigne, Montpellier, Toulouse Jean Jaurès, Picardie Jules-Verne, Sorbonne Université, ainsi que le Cnam et l’École des Mines de Paris. Depuis, les universités de Tours, Lorraine et Paris-Saclay ont rejoint l’initiative.
Des échanges ont également lieu avec l’Amue, bien que l’opérateur d’État ne soit pas un partenaire officiel. L’objectif est d’assurer une complémentarité avec les solutions SI comme Pégase (PC Scol), tout en se concentrant sur le développement et le déploiement d’outils edtech basés sur l’IA.
Quatre groupes de travail pour structurer les actions
L’alliance prévoit la mise en place de quatre groupes de travail autour des thèmes suivants :
- les enjeux de sécurité des données ;
- la pédagogie et l’augmentation du geste enseignant par l’IA ;
- les enjeux de SI ;
- la définition d’un modèle économique bénéfique aux établissements et à Mistral AI.
Centraliser les besoins pour une réponse industrielle
Selon Orianne Ledroit, déléguée générale d’Edtech France, "le niveau de maturité sur les besoins et opportunités en termes d’IA est très disparate au sein de l’écosystème ESR". L’alliance permettra donc de présenter l’offre de Mistral AI à un large panel d’établissements tout en harmonisant les besoins, tant pédagogiques qu’administratifs.
L’expression collective des besoins facilitera un travail "industriel" de la part de Mistral AI et des edtech, en contraste avec les échanges bilatéraux actuels entre établissements et entreprises. Ce mode de fonctionnement, qui a émergé dans le cadre de l’AMI DemoES, a donné des résultats positifs mais repose sur un financement ponctuel, jugé insuffisant pour assurer un modèle économique pérenne.
Lucie Jacquet-Malo souligne également que certaines universités paient "plusieurs solutions assez identiques", ce qui rend nécessaire une harmonisation, sans pour autant imposer une offre unique.
Encadrer l’usage de l’IA dans les universités
L’intégration à l’alliance est gratuite, mais les solutions technologiques qui en découleront seront payantes et donneront lieu à des échanges individuels entre Mistral AI et chaque université. "Les universités ne veulent pas subir la transformation liée à l’IA générative. Elles savent que des étudiants et enseignants utilisent déjà Le Chat quotidiennement pour la recherche et la création de contenus", explique Cédric O, co-fondateur et conseiller de Mistral AI.
Mistral AI propose ainsi une plateforme permettant aux établissements de contrôler les accès aux outils. De plus, l’entreprise peut développer des solutions basées sur des corpus de données spécifiques, limitant ainsi les risques d’hallucinations.
Une souveraineté des données à préciser
Pour les établissements ayant les moyens financiers et techniques, un déploiement interne des solutions de Mistral AI est envisageable. Pour les autres, les flux de données transiteront par des serveurs hébergés dans l’Union européenne, bien que l’entreprise n’ait pas précisé le nom de son hébergeur. L’une des garanties offertes est que les informations saisies ne seront pas utilisées pour entraîner les modèles de langage de Mistral AI.
Cette alliance constitue le premier partenariat officiel entre Mistral AI et l’enseignement supérieur français, bien que l’entreprise soit déjà implantée dans la recherche avec un cluster IA. D’autres discussions sont en cours afin d’élargir cette collaboration.
Premières solutions prévues pour septembre 2025
Si les contours de l’alliance restent à affiner, un engagement a été pris pour mettre en place des premiers outils fonctionnels dans certaines universités partenaires dès septembre 2025. "L’objectif est d’agir rapidement car les besoins sont identifiés et nos entreprises françaises doivent avancer pour ne pas être dépassées par la concurrence internationale", insiste Orianne Ledroit.
Elle souligne également la nécessité d’une implication du MENESR, que ce soit en termes de financement ou de soutien. "Il y a un décalage entre les discours politiques qui prônent le soutien à l’innovation et la réalité du terrain. Même si cette alliance ne rentre pas dans les canons traditionnels de la politique publique, elle peut fonctionner. Il faut nous laisser la possibilité d’expérimenter", conclut-elle.

SOURCE : AEFINFO

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