Ifremer : la data et l'IA au service du partage des données marines

L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) met à profit les nouvelles technologies, telles que le supercalculateur Datarmor et le jumeau numérique Mercator Ocean International, pour optimiser la collecte d'informations marines.

Contrairement à certaines idées reçues, la conchyliculture, qui concerne l'élevage de coquillages, ne séquestre pas le CO2, mais en émet. Cette conclusion est tirée d'une étude récente de l'Ifremer. De même, il y a quelques mois, l'Institut avait publié un rapport détaillé sur la problématique de la surpêche. Créé il y a quarante ans, l'Ifremer se consacre à la recherche océanique et aux activités qui y sont associées.

Avec une flotte composée de six submersibles et d'une dizaine de navires, Ifremer permet à 1 800 scientifiques de réaliser 120 campagnes de recherche chaque année. Doté d'un budget annuel de 260 millions d'euros, l'institut a pour mission de collecter et de partager des données marines. Cette démarche s'appuie désormais sur des technologies de pointe, visant à protéger et restaurer les océans tout en favorisant une gestion durable des ressources.

"Transformer une gouttelette en chiffre"

« Nous avons pour mission de collecter des informations, des côtes à la haute mer, depuis la surface jusqu'aux abysses, et de les rendre accessibles : notre métier consiste à transformer une gouttelette en chiffre », explique Benoît Morin, ingénieur en informatique spécialisé en intelligence artificielle et responsable de la plateforme Datarmor.

Ce centre de calcul haute performance, situé sur le site de l'Ifremer à Plouzané (Finistère), a été modernisé en 2023, bénéficiant de capacités de stockage importantes grâce à diverses technologies, y compris celles de NetApp, entreprise américaine spécialisée dans les infrastructures.

« Au cours des deux dernières années, nous avons produit autant de données qu'au cours de la dernière décennie, ce qui prouve que nos solutions de stockage, de sécurisation et de gestion doivent évoluer », indique Guillaume de Landtsheer, directeur général de NetApp en France.

Un milliard de dossiers dématérialisés

L'Ifremer a dématérialisé et conservé un milliard de dossiers sur sa plateforme Datarmor. Parmi les innovations technologiques notables, on trouve le projet "Digital Twin of the Ocean" de Mercator Ocean International (MOi), qui consiste en une simulation océanique via un jumeau numérique, alimenté par des observations in situ et par satellite.

« Grâce à cette réplique virtuelle, nous serons en mesure d'étudier les impacts des différents paramètres sur l'océan, tels que la température, la salinité, la force du vent et les activités humaines. L'intelligence artificielle intervient ici comme un interprète rapide et efficace des conséquences sur l'environnement », précise Benoît Morin, en soulignant que MOi a été désigné par la Commission européenne pour mettre en œuvre le Copernicus Marine Service, un service européen de surveillance des océans.

Un atlas des génomes marins

Parmi les autres projets utilisant les données, on peut citer l'ATLASea, un atlas des génomes marins, et Meiodyssea, qui vise à décrire jusqu'à 200 nouvelles espèces de méiofaune (organismes microscopiques). Ces initiatives résultent de collaborations avec des organisations nationales et internationales, telles que le Muséum national d'Histoire naturelle, le CEA et le CNRS pour l'ATLASea, ainsi que l'agence japonaise pour les géosciences marines et la technologie (JAMSTEC), le Natural Biodiversity Center des Pays-Bas et le Muséum d'Histoire naturelle de Senckenberg en Allemagne pour Meiodyssea.

Collaboration pour la recherche

« La science ne se réalise pas isolément dans un laboratoire, mais en partenariat avec des acteurs de la recherche et de la technologie », rappelle Benoît Morin. L'Ifremer, avec ses 24 implantations à travers le monde, contribue à produire un quart de la recherche française en sciences et technologies de la mer et a déposé 45 familles de brevets.

L’Ifremer, par ses initiatives et ses partenariats, continue de jouer un rôle clé dans la recherche océanographique et le développement durable des ressources marines.

SOURCE : LES ECHOS